En général, lorsqu’on se rend compte que quelque chose ne marche pas, deux
attitudes sont possibles : la première consiste à analyser le problème et tenter
d’y apporter une solution. La seconde consiste à s’entêter, en partant du
principe que si ça ne fonctionne pas, c’est parce qu’on n’a pas suffisamment
essayé. En matière d’écologie politique appliquée, c’est bien évidemment
cette seconde attitude qui est choisie avec obstination.
Il y a quelques années, écrire quelques lignes sur l’échec évident des
mesures de lutte contre le réchauffement puis le changement climatique
revenait à ouvrir tout grand les vannes aux sarcasmes voire aux insultes de
toute l’habituelle brochette de trolls, suivis par les inévitables moutons
bêlants, généralement très mal informés mais persuadés d’avoir tout compris
parce qu’ils l’ont vu à la télé, qui débarquaient plein de bonne
volonté évangélisatrice pour expliquer que remettre en cause l’idée que
l’Homme influe (dans les grandes largeurs) sur le climat revenait à nier les
évidences, à voir une Terre plate et se faire le jeu de tous ces lobbies
pétroliers ultra-puissants.
La donne aura bien sûr changé avec la remise en question fondamentale de
plusieurs piliers essentiels sur lesquels se basaient les affirmations des
joyeux réchauffistes et autres climatologue alarmophiles. Au bout de 17
années, la Terre refuse de se réchauffer alors que les concentrations de CO2
continuent de n’en faire qu’à leur tête, ce qui invalide d’un coup les
modèles numériques, des plus sophistiqués au plus simples qui, tous, furent
incapables de prédire autre chose que de l’air chaud (alors qu’il fut,
finalement, froid).
Et l’arrivée de la crise économique aura aussi apporté son lot de remise
en cause : comment imposer des énergies abominablement coûteuses lorsqu’on
n’a plus de sou ? Comment justifier des contraintes invraisemblables sur
les bâtiments qui font monter leur prix en flèche alors qu’on se plaint,
parallèlement de la bulle immobilière ? Comment faire vendre des voitures
en les tabassant de malus écologiques et autres taxes idiotes et
contre-productives ?
La question économique est d’ailleurs si prégnante dans ces histoires
écologiques mal boutiquées que les services de l’État eux-mêmes commencent à
trouver la soupe amère : en effet, au premier octobre prochain, joie et
bonheur, une nouvelle taxe entre en vigueur (ça tombe bien, en France,
l’effet positif des taxes sur la consommation, la production et l’état
général du pouvoir d’achat n’est plus à démontrer). Cette taxe, bien évidemment
rebaptisée « éco » pour faire passer le suppositoire à ailette dans
sa gangue de mauvaise foi socialiste éco-consciente, va s’abattre sur les
600.000 poids lourds que compte le territoire français. Normalement, cette
taxe aurait dû entrer en vigueur le 20 juillet dernier. Seulement voilà :
entre le nombre de véhicules concernés, la complexité des formulaires débiles
à remplir, les négociations entre chargeurs et routiers pour savoir qui, au
final, devra payer cette nouvelle ponction, et l’habituel foutoir dans lequel
se passe toute nouvelle imposition en France, l’usine-à-gaz issue de Grenelle
a capoté.
Et joie et bonheur, tout le monde est en donc retard pour s’enregistrer.
Les routiers, comprenant que l’écologie devient le nouveau cache-misère d’une
gabelle honteuse qui ne dit pas son nom, montrent les dents, renâclent à
l’enregistrement, et vont jusqu’à détruire des portiques en Bretagne pour bien marquer leur
ferme opposition à cette lubie dont les finalités écologiques sont aussi rikikis que sont grosses les ficelles que Bercy manipule
pour tenter d’éviter la faillite du pays. Eh oui : à 100 millions d’euros par
mois de perception estimée, on comprend que cette taxe revêt un enjeu certain
lorsqu’on sait que le pays est, financièrement parlant, aux abois. Au
passage, on comprendra assez facilement l’ire des routiers déboulonneurs de portiques étatiques lorsqu’on sait qu’un
bien produit à l’étranger et importé en France paiera cette taxe une fois,
lors de son transport sur le territoire, là où par exemple, le poulet local,
élevé à un endroit et déplacé à un autre pour l’abattage, paiera cette taxe
une première fois lors de ce déplacement puis une autre pour sa mise en
condition pour la vente, puis une autre lorsqu’il sera amené aux points de
distributions. Difficile de rivaliser ensuite avec l’importation dans ces
conditions. Fusiller la production locale en lui collant un boulet aux pieds
n’aura jamais été aussi facile.
(Aparté) Pendant ce temps, à l’Élysée, nous découvrons Flamby
Au Pays Des Ors Républicains. Cette animation crapoteuse vous est vendue offerte par le Service De Communication
de l’Élysée Que Vous Payez Avec Vos Sous. Ne riez pas.
(Fin de l’aparté)
On l’aura compris : l’excuse écologique passe de plus en plus mal. Devant
cette grogne montante, le gouvernement, les administrations et, de façon
générale, ceux qui ont tenté, ces dernières années, d’instiller cette
atmosphère pesante de peur et de culpabilité pour faire lourdement pencher
l’opinion en faveur de leurs petits agendas personnels pourraient changer
leurs angles d’attaques. On pourrait croire que la réaction épidermique
croissante des populations devant les mauvaises idées écologiques motiverait
les thuriféraires du Tout À l’État Écologique à changer leur fusil d’épaule,
ou, au moins, à la jouer en sourdine.
Ben non.
C’est ainsi qu’on découvre, toujours aussi amusé, que la presse relaie
gentiment les ridicules atermoiements du GIEC qui vient de faire fuiter (de
façon fort commode) certains passages de son prochain rapport, dont la teneur
est — on en est encore tout étonné — que la situation empire ! Encore une fois ! On va tous
mourir, mais encore plus fort ! C’est terrible : on va être plus mort que
mort ! Fonte généralisée des glaces terrestres (zut, on n’arrive pas à le constater), la multiplication des
vagues de chaleurs (zut, on aimerait bien mais décidément, c’est pas ça), des difficultés alimentaires croissantes
(ah et flûte encore, ça n’en prend pas le chemin) ainsi que des changements
massifs dans la vie végétale et animales (comme par exemple, une Terre qui reverdit à toute vitesse ?) ! Vraiment, la
catastrophe est imminente ! Repentez-vous écolo ! Achetez écolo ! Votez écolo
et expiez votre faute !
C’est ainsi qu’on découvre, un peu consterné, que le 10 septembre prochain se tiendra une conférence de presse
du Conseil Économique, Social et Environnemental, cette grosse choucroute
institutionnelle molle qui est à la République ce que le sanatorium est à la
policlinique. Thème de la conférence ? « Comment financer la
transition écologique et énergétique ? », ce qui annonce la couleur
dès le titre et permet de mieux comprendre les petits paragraphes qui
suivent, mécaniques : dans une avalanche de bêtises pseudo-scientifiques, on
apprend qu’on doit absolument limiter la hausse de températures à 2°C pour
éviter que les espèces vivantes terrestres se réduisent de 25 à 50 % selon
les régions. 25% ? En taille ? en nombre ? en poids ? Sur la base de quel
nombre d’espèces, sachant qu’il est globalement inconnu ? Quelles régions ?
Tout un tas de palpitants mystères qui, soyez-en sûrs, ne seront
absolument pas abordés dans cette conférence. Et puis, lutter contre
la hausse des températures, c’est plutôt bien engagé : elles n’ont plus
progressé depuis 17 ans, sans qu’on sache vraiment pourquoi (tout comme on ne
sait pas vraiment pourquoi elles ont augmenté en premier lieu).
Bien évidemment, le CESE nous informe : « il y a urgence à agir
avant que la situation ne devienne irréversible. » Ben oui.
D’ailleurs, si la situation était déjà irréversible, par définition, il n’y
aurait alors aucune urgence. Comme cela fait plusieurs dizaines d’années
qu’il y a urgence à agir, j’en déduis ou bien que l’urgence n’est pas si grande, ou bien que l’action menée jusqu’à
présent fut d’une médiocrité sans nom. Et en parlant d’action, le CESE nous
propose la même chose que ce qui fut fait avant, mais en plus fort, plus
loin, plus haut :
Face à ce problème totalement nouveau, des politiques publiques,
anticipatrices et visionnaires, doivent être développées et des financements
à la hauteur des enjeux doivent être mis en place.
Oui. Totalement nouveau…
Je vous laisse tirer votre propre conclusion sur l’efficacité du résultat
qu’on peut déjà attendre puisqu’on s’obstine à faire la même chose que ce
qu’on a fait, en plus fort. Il y a de fortes chances qu’on obtienne donc le
même échec, en plus retentissant.
Et puisqu’on parle de Gros Fail qui fait rire, je terminerai là-dessus :
pendant que le CESE se pignole avec des mouvements experts sur sa prochaine
conférence de presse, des gens, courageux, agissent, eux. Ils savent que le pôle
fond. Ils savent qu’on va tous mourir noyés et brûlés. Alors ils vont sur
place, au pôle Nord, et … et restent coincés par les glaces, demandent de l’aide
et se font désincarcérer par un brise-glace. Nucléaire.