Depuis la crise financière, le
gouvernement du Royaume-Uni et la Banque d’Angleterre ont fait des pieds et des
mains pour refinancer l’un des plus gros centres financiers du monde, un
territoire au pouvoir extraordinaire et qui ne rend aucun compte, la City de
Londres, un quartier aussi connu sous le nom de Square Mile - ou devrais-je
dire refinancer ses institutions et leur capacité de distribuer des bonus, et
d’autres banques extérieures à cette zone.
Rien de plus classique
aujourd’hui. Ingrédient clé : la Banque d’Angleterre a imprimé d’énormes
quantités de monnaie, réduit les taux d’intérêt et relancé l’inflation, qui a
atteint 5% en 2011. Mais quelqu’un a dû payer : les épargnants et les
travailleurs. Cette politique a détruit les salaires et le pouvoir d’achat
des individus qui composent le reste du pays.
Ce graphique, que nous devons
à FactSet, représente le salaire
horaire moyen (ligne bleue, en pourcents, ajusté sur l’année) qui est resté
constamment sous l’IPC (ligne jaune, en pourcents, sur un an). C’est ce que
l’on appelle la paupérisation par l’inflation.
Voici plus bas comment s’en
sont sorti les Américains suite au refinancement de banques, de sociétés
d’assurance et de corporations, dont l’empire financier de Warren Buffet, par
la Fed. Et je ne parle pas ici que de mesures temporaires mais aussi de
solution de long terme – voire infinies – que sont le QE et les taux
d’intérêt zéro.
Ce graphique de FactSet nous en présente le résultat : la hausse du
salaire horaire moyen (ligne bleue, sur un an, en pourcents) se trouve autour
de 2% depuis 2009. Ce n’est que lorsque l’IPC est de moins de 2% que les
travailleurs s’en sortent mieux. Le reste du temps, ils ne s’en tirent que
plus mal.
Voici ce qui s’est
passé : les travailleurs ont pu profiter de la hausse des salaires réels
pendant les trois quarts de la déflation de 2009 – qui a très probablement
été responsable de la hausse des dépenses des consommateurs. Mais elle n’a
pas duré. En 2011 et 2012, l’inflation a encore une fois tout emporté.
Ce n’est qu’en période d’inflation
faible ou de déflation que les travailleurs américains enregistrent une
hausse de salaire - il se trouve qu’un mélange d’inflation te de déflation
soit bon pour eux !
Mais il y a un autre groupe
qui pâtit : les épargnants. Ces investisseurs conservateurs ne veulent
pas perdre, sur les marchés financiers, 30 ou 40% du peu d’argent qu’ils ont
pu mettre de côté pendant 10, 20 ou 30 ans de leur vie. Contrairement aux
plus jeunes, ils n’auront pas la possibilité de regagner cet argent une
deuxième fois.
Avec les taux d’intérêt
offerts par leurs comptes en banque et leurs comptes de dépôt du marché
monétaire qui ne valent presque plus rien, leurs revenus tirés de ces actifs
ont eux-aussi été réduits à presque rien, et ils ont dû se serrer la ceinture
et diminuer leurs dépenses.
A ces pauvres gens, ces
investisseurs conservateurs, l’analyste de marché du Lyndsey Group, Peter Boockvar, a écrit la lettre « Dear
Saver, May You RIP ». Voici comment elle se
termine :
J’aimerai tant pouvoir vous
offrir des conseils quant à votre épargne, mais je ne peux vous conseiller
d’acheter des actions qui n’ont fait que grimper depuis 2000 jusqu’à vous
savez quoi, et je ne peux non plus vous recommander d’obligations de long
terme dont les rendements sentent aussi l’inflation. Puisque la Fed prétend
aujourd’hui que les dollars que vous avez dans votre poche valent de trop par
rapport à l’argent qui se trouve dans les poches des gens à l’étranger et se
lance de nouveau dans une guerre des devises, peut-être devriez-vous acheter
un peu d’or, mais même lui ne rapporte rien. Vous êtes l’agneau sacrifié par
cette grande expérience conduite par des individus non-élus dans un bâtiment
du nom d’Eccles qui semble n’avoir que peu d’espoir en le devenir de
l’économie des Etats-Unis et sa capacité à s’en sortir seule comme elle a pu
le faire pendant 238 ans. Les emprunteurs et la dette sont leurs seuls amis.
Epargnants responsables, vous qui avez travaillé dur toute votre vie, reposez
en paix.
Ironiquement, les grands
perdants désignés des politiques des banques centrales – les salariés et les
épargnants – représentent la vaste majorité des ménages. Il est difficile de
voir une économie croître si une majorité de ses participants se retrouvent
pillés de jour en jour.
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