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Dans son discours de politique générale devant le Parlement grec, le
premier ministre Alexis Tsipras a affirmé dimanche soir que « la
décision inébranlable du gouvernement est d’honorer toutes ses promesses [de
campagne] ». Faisant valoir que « aussi longtemps que nos partenaires
insisteront sur l’austérité, le problème de la dette se perpétuera », et
que la Grèce peut être le « catalyseur » d’une solution européenne,
il a ensuite énuméré les dispositions que le gouvernement entendait prendre,
conformément au programme de Syriza.
De premiers faibles signes d’évolution ont été depuis enregistrés. Le
premier ministre portugais Pedro Passos Coelho a infléchi son discours, pour
réclamer que les solutions qui pourraient être trouvées pour la Grèce soient
« valables pour tous », après avoir précédemment tenu des propos
intransigeants. Le ministre français Michel Sapin a de son côté appelé à
« assurer un financement » à la Grèce, sans en préciser le montant
et à condition que cela soit fait « dans le respect des règles
européennes », mais sans les préciser…. Martin Schulz, le président du
Parlement européen, a estimé pour sa part que le gouvernement grec pourrait
être dispensé d’une négociation avec la Troïka.
Le premier round des négociations se tiendra mercredi prochain, lors de la
réunion extraordinaire de l’Eurogroupe, où Christine Lagarde et Mario Draghi
ont annoncé leur présence, où Yanis Varoufakis sera bien isolé. Entretemps,
Alexis Tsipras se sera rendu aujourd’hui à Vienne rencontrer son homologue,
le chancelier social-démocrate Wiener Faymann, à son invitation et les
principaux ministres européens des finances se seront retrouvés à Istamboul,
à l’occasion d’un G20 finances, où ils pourront essayer de dégager une
position commune.
C’est en pure perte que le gouvernement grec a jusqu’à maintenant proposé
aux dirigeants européens de prendre le temps de la négociation en lui
accordant un prêt-relais. Ceux-ci ont préféré brusquer les évènements avec
l’intention de laisser à la Grèce juste le nez hors de l’eau. Une fois rejeté
le plan alternatif grec – qui avait le mérite de la cohérence et du réalisme
et représentait déjà un compromis en évitant tout effacement de dette – un
coup d’arrêt devait être donné par les autorités européennes afin de
reprendre l’initiative, pour négocier sur leurs propres bases et ne surtout
pas avoir à se renier.
Un risque soumis à la vigilance de la BCE n’en est pas moins pris, au cas
où la Grèce ferait malencontreusement défaut. Les conséquences d’une sortie
grecque de la zone euro, impossible à évaluer par avance, peuvent faire débat
mais pas les 240 milliards d’euros qui lui ont été prêtés et qui
deviendraient alors à fonds perdus… A se demander qui joue vraiment avec
l’argent des contribuables, puisque c’est l’argument massue qui est employé
pour justifier la raideur employée et rejeter la solution grecque de
réaménagement de celle-ci, alors que celle-ci au contraire le préserve.
Le montage suggéré par Yanis Varoufakis a été évacué d’emblée, pour
n’envisager que des aménagements cosmétiques du calendrier de remboursement
et des taux de la dette grecque, qui ne la rendront pas davantage soutenable.
La hauteur des falaises de remboursement qui devront être un jour ou l’autre
franchies sera réduite, mais elles n’en resteront pas moins infranchissables
: pour ne s’en tenir qu’à l’avis du FMI, 120% du PIB est le seuil que la
dette ne doit pas dépasser, calculé au doigt mouillé, ce qui restera le cas
avec un tel dispositif. Rendre perpétuelle une partie de la dette ne serait
pas faire injure à l’histoire et aux mathématiques, alors que par ailleurs ce
type d’émission est courant pour les grandes entreprises… Une restructuration
a minima de la dette impliquera par contre de dégager un excédent primaire
budgétaire hors de portée et ne laissera aucune marge de manœuvre au
gouvernement pour atténuer la crise sociale et pratiquer une politique de
relance.
Le discours d’Alexis Tsipras était attendu, afin de prendre connaissance
des mesures gouvernementales qu’il allait finalement annoncer, en vue d’une
délicate négociation portant sur la composition d’un cocktail de mesures
associant aux recettes sans surprise des dirigeants européens des
dispositions du programme gouvernemental grec, mais lesquelles ? Un ensemble
de dispositions prioritaires destinées à faire face à la crise humanitaire
ont été comme prévu annoncées sans attendre, afin de fournir de la
nourriture, un abri, de l’électricité et des soins médicaux aux familles les
plus éprouvées. Puis un catalogue de mesures reprenant celles du programme de
Syriza a été repris et posé sur la table.
Mais qu’en sera-t-il préservé au fil de négociations qui s’annoncent
pleines d’embûches, si elles sont engagées ce mercredi ? Quels moyens
financiers seront-ils laissés au gouvernement grec pour les financer ? Dans
l’immédiat, entamer la discussion va être le principal enjeu de la réunion de
l’Eurogroupe, qui va se tenir dans un contexte très tendu. Va y contribuer la
déclaration d’Alexis Tsipras, selon laquelle le gouvernement a « une
obligation historique et morale » à réclamer à l’Allemagne des
réparations de guerre, qu’il chiffre à la moitié du montant de la dette
grecque…
La Bourse d’Athènes décroche, la popularité du gouvernement est au zénith.
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