En tant qu’investisseur,
votre plus gros souci ne devrait pas être de savoir quelles actions acheter,
mais ce qui se passera quand la bulle sur les obligations aura éclaté.
Pendant plus de trente
ans, les pays occidentaux ont tenté de contourner le déclin de la qualité de
vie en émettant de la dette. Pour faire simple, disons que les nations
souveraines ont dépensé bien plus que ce que leur permettaient leurs recettes
fiscales, et qu’elles ont décidé d’émettre de la dette (ou d’emprunter de l’argent)
pour financer leurs divers programmes sociaux.
Cette situation nous
était autrefois présentée comme un problème temporaire. Mais comme les
politiciens nous l’ont prouvé à maintes reprises, un excès de dépenses n’est
jamais temporaire. Aujourd’hui, 47% des ménages américains bénéficient d’une
forme ou d’une autre d’aides sociales émises par le gouvernement. Une telle
situation n’est pas temporaire… elle est endémique.
Toutes ces dépenses sont
financées grâce à de la monnaie empruntée, d’où la bulle sur les obligations,
la plus grosse bulle de l’histoire financière : un monstre de 100
trillions de dollars qui gonfle désormais de plusieurs trillions de dollars
tous les quelques mois.
Et je n’écris pas ça
pour donner de l’effet à ce que j’écris. Les Etats-Unis ont à eux-seuls émis
plus d’un trillion de dollars de nouvelle dette au cours de ces huit
dernières semaines.
Pourquoi ? Parce qu’ils
ne disposent pas de l’argent nécessaire au remboursement de leur dette passée
qu’ils doivent aujourd’hui rembourser… alors ils émettent de la nouvelle
dette pour obtenir l’argent nécessaire au remboursement de leur dette la plus
ancienne.
Voilà qui a tous les
airs d’une combine à la Ponzi… mais les Etats-Unis ne sont pas les seuls à en
faire ainsi. A l’échelle globale, la bulle sur la dette souveraine représente
plus de 100 trillions de dollars. Toutes les grandes nations du monde enregistrent
un ratio dette/PIB de plus de 100%, qui n’inclue que la dette présente sur
leurs bilans… et ne prend pas en compte les passifs non capitalisés que sont
par exemple Medicare et la sécurité sociale.
C’est
pourquoi la Fed et toutes les autres banques centrales du monde sont
terrifiées à l’idée de voir grimper les taux d’intérêt : parce que tout
ce qui ressemble de près ou de loin à une normalisation des taux d’intérêt est
synonyme de banqueroute pour de nombreux pays.
Souvenez-vous que
lorsque les taux d’intérêts fluctuent, ils ont tendance à le faire
rapidement. Prenons l’exemple de l’Italie. Le pays était considéré un pilier
de l’Union européenne depuis l’adoption de l’euro en 1999. Pour cette raison,
les marchés étaient satisfaits de prêter à l’Italie à taux stables avec un
taux de rendement des obligations italiennes sur dix ans de moins de 5%
pendant près d’une décennie.
Et puis en quelques
semaines, les rendements des obligations italiennes ont flambé pour passer
au-dessus des 7% : le niveau tant redouté auquel un pays est considéré
insolvable et en route vers le défaut. Il a fallu que la Banque centrale
européenne établisse des mécanismes de prêt extraordinaires (Opérations de
prêts à plus long terme 1 et 2, de l’ordre de plusieurs centaines de
milliards d’euros… pour une économie de deux trillions d’euros) pour pouvoir
sauver l’Italie d’un effondrement systémique potentiel.
L’Italie est passée d’un
pilier de l’Europe à une nation insolvable en seulement quelques semaines…
parce que ses taux d’intérêt ont atteint 2% de plus que leur niveau habituel.
Et l’Italie n’est pas
seule dans cette situation. Les nations occidentales en général sont dans un
état similaire. C’est pourquoi le quantitative easing a été un outil
monétaire si populaire auprès des banques centrales (depuis 2008, elles ont
dépensé plus de 11 trillions de dollars pour acheter des actifs,
habituellement des obligations souveraines). Le QE n’a jamais eu pour
objectif de créer des emplois et de générer la croissance… il n’a jamais été
rien de plus qu’une tentative désespérée des banques centrales d’établir un
palier sous le marché des actions pour que les taux ne grimpent pas.
C’est aussi pourquoi les
banques centrales ont maintenu les taux d’intérêts à ou sous zéro. Elles ne
peuvent pas se permettre de laisser les taux grimper. Aux Etats-Unis, chaque
pourcentage de hausse des taux d’intérêt est synonyme de 150 à 175 milliards
de dollars de paiements d’intérêts supplémentaires par an.
Oubliez les actions,
oubliez les systèmes d’évaluation, le vrai problème est ce qui se passera
quand la bulle sur les obligations aura éclaté. Quand cela se produira, ce ne
seront pas des banques qui feront faillite, mais des nations entières.
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