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La Pravda, un titre propagandiste sous contrôle de l’Etat. Un prototype de la presse dont personne ne veut!
La défiance est toujours plus grande vis-à-vis de deux groupes d’acteurs de la vie politique et publique: les sondeurs et les journalistes mainstream.
Si nous pouvons tourner le dos aux sondeurs et les ignorer, le gouffre béant qui grandit de jour en jour entre les journalistes des principaux médias et le public est autrement plus gênant.
Bien sûr que nous parlons souvent ici des médias comme outil au service de la démocratie et qu’un peuple mal informé ne peut exercer ses droits démocratiques dans des conditions convenables. A contrario, un peuple bien informé est un danger pour une oligarchie qui s’est appropriée le pouvoir indûment.
C’est pourquoi, les régimes totalitaires ont toujours muselé et contrôlé la presse. La Turquie offre un exemple édifiant de la mise sous tutelle d’une presse qui prétendait à un minimum de libertés.
En Occident, la presse est toujours plus bridée par le parti d’investisseurs dont les intérêts sont ailleurs que dans le métier du journalisme. Et ces oligarques des temps modernes investissent des sommes folles dans des titres, véritables gouffres financiers. Pourquoi? Mais pour tout simplement continuer à bénéficier des avantages et de la complaisance du système.
Et voilà, nos journalistes hier populaires qui se retrouvent piégés entre leur métier d’informer et la menace implicite ou explicite s’ils devaient aller à l’encontre des intérêts de ceux qui paient leurs salaires.
Ainsi, lors d’échéances électorales ou référendaires, nous assistons toujours plus à des partis pris lourds pour un candidat ou un autre, pour ou contre un sujet de votation, pour amplifier des informations bénignes (pour ne pas dire inintéressantes) ou pour taire des situations graves (la persécution des Chrétiens d’Orient en est un exemple parmi bien d’autres).
Le journaliste grand public qui devrait se contenter d’analyser le plus objectivement possible les situations et le restituer sans y mettre ses émotions, préférences, ou tout autre élément subjectif, devient ridicule quand il est démenti par une vidéo ou une information sourcée qui fait le tour du net. Et alors on perd la dernière estime quand on découvre dans certains pays les accointances entre les stars des médias, le monde politique et celui de la haute finance.
C’est pour cela que les finances des médias sont plombées.
Reste Internet dont le succès ne se dément pas et qui fonctionne en contrepoids d’une certaine presse devenue trop complaisante avec ce qui est appelé toujours plus l’élite. Et même s’il y a à boire et à manger sur le net, celui-ci détrônera toujours plus les médias mainstream. C’est fatal! D’ailleurs, avec un peu d’expérience on finit par repérer des sites professionnels où les informations sont sourcées clairement. Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas et ces sites peuvent finir par drainer bien plus de visiteurs que la presse officielle.
Cette tendance ne pourra que progresser si nos médias préférés continuent à inviter comme guest stars des « experts » dont les pronostics sont constamment faux et que les gens ne supportent plus de voir, de lire ou d’entendre. Cet entre-soi est devenu littéralement insupportable pour bon nombre des citoyens.
Bref, la presse devra se réinventer et retrouver son sens de l’analyse, de l’investigation et des interviews sans concession faute de quoi, elle va disparaître et ses propriétaires ne manqueront pas d’engager ceux qui se seront fait un nom sur le net.
Je vous invite à découvrir cette vidéo de C Gave et un extrait de l’interview de Brice Couturier qui revient sur la claque que l’électeur américain a donné aux médias officiels.
Liliane Held-Khawam
VIDEO Charles Gave:
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Dans un entretien fleuve, Brice Couturier, revient sur l’élection de Donald Trump. Pour lui, la majorité des gens a de plus en plus tendance à voter contre ce que leur recommande «le prêchi-prêcha médiatique».
Brice Couturier est un journaliste, producteur de radio et écrivain français.
PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE DEVECCHIO @AlexDevecchio
La victoire de Donald Trump a surpris l’écrasante majorité des «experts» et des médias ainsi que la classe dirigeante. Comment expliquez-vous une telle cécité?
Quelle claque! Plus de 200 journaux américains avaient soutenu Hillary Clinton. Tous ceux qui comptent, des plus élitistes, comme le New York Times, le Washington Post ou le Wall Street Journal, jusqu’aux plus populaires, tels que USA Today, théoriquement non-partisan, voire même le Daily News. En face, 6 seulement soutenaient le candidat qui allait, finalement, l’emporter. Des titres de très peu d’importance, d’ailleurs. Ce que cela prouve? Que le monde des médias américains, pourtant soumis, bien davantage que chez nous, à la loi du marché et aux suffrages de l’opinion, est déconnecté des aspirations de la majorité de la population. Entre les élites supposées et les classes moyennes et populaires, ce n’est plus un fossé, c’est un abîme qui s’est creusé. Pourquoi? Parce que, d’une manière générale, dans nos démocraties, le monde que décrit la sphère politico-médiatique n’est pas celui dans lequel ont l’impression de vivre la majorité des gens. Alors, forcément, ça les énerve. Et ils ont de plus en plus tendance à voter contre ce que leur recommande le prêchi-prêcha médiatique.
Vous êtes de ceux que cela réjouit?
On aurait envie de battre des mains devant cette déconvenue méritée… si le résultat n’était pas l’arrivée à la tête de la plus puissante démocratie libérale du monde d’un personnage aussi manifestement inapte à la fonction présidentielle. Alors, on peut féliciter le New York Times d’avoir publié une tribune dans laquelle ce grand quotidien reconnaissait s’être planté, avoir méconnu la réalité sociale du pays, être passé à côté d’un évènement de portée historique. On attend encore le même genre de confession de la part des médias français. Pensez que certains en sont encore à mettre en cause le «plafond de verre» qui empêcherait une femme de devenir présidente des Etats-Unis! Comme si un pays qui a été capable d’élire à deux reprises un président noir – alors que ceux-ci ne représentent que 12 % de la population -, ne pourrait pas élire une femme – alors qu’elles sont plus nombreuses à voter que les hommes.
Que n’a-t-on pas entendu sur ces « petits blancs », forcément racistes ; sur ces ploucs non diplômés de l’Université …
Dans les colonnes de FigaroVox, vous déclariez «le parti des médias et l’intelligentsia méprisent la réalité.». Ont-ils méprisé Donald Trump et ses électeurs?
Ah oui! Que n’a-t-on pas entendu sur ces «petits blancs», forcément racistes ; sur ces ploucs non diplômés de l’Université, et incapables, de ce fait, de s’élever à l’altitude proprement himalayesque où évoluent les grands esprits qui peuplent les départements des «post-colonial studies»! Y compris, chez nous, en France, où l’antiaméricanisme des élites s’alimente, depuis toujours, à un mépris culturel du «red-neck», amateur de country-music, du crétin des Appalaches, plus ou moins dégénéré. Hillary Clinton a commis une fameuse gaffe, en déclarant que les électeurs de Trump étaient deplorable (lamentables, pitoyables). C’est cette arrogance qui a été ressentie comme insupportable. Même chose, ici, en France. L’élite ignore tout du pays profond. Comment le connaîtrait-elle? Pensez que les médias nous ont présenté les Nuits Debout comme l’amorce d’un mouvement social de fond qui s’apprêtait à révolutionner le pays! Tandis que les spécialistes en sciences sociales nous vantent «l’intersectionnalité des luttes», ou le «féminisme islamiste»! On est bien avancés. Ceux qui essaient de comprendre ce qui se passe, comme Christophe Guilluy, se font traiter de suppôts du Front national! Laurent Davezies, Eric Dupin, ou encore Jean-Pierre Le Goff, pour ne prendre que ces trois-là, ne sont pas lus par les politiques. Ils auraient pourtant beaucoup à y apprendre.
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