Comme
Sutton en 1976, imaginer « une guerre de l’or » présuppose trois
éléments : une éventuelle victoire, un vainqueur et un vaincu. Il est
d’ores et déjà évident (et douloureux) que les citoyens américains sont les
perdants : la classe moyenne a été éradiquée et ceux qui détiennent du
papier monnaie perdent graduellement leur pouvoir d’achat.
La
question est maintenant de savoir qui sera le vainqueur? Et quelles sont les
intentions du vainqueur sur le vaincu?
La
réalité de la politique du dollar fort
L’assertion de base du GATA (Gold Anti-Trust Committee) pendant ces 9 dernières années a été qu’un
Cartel de l’or a été constitué et a eu pour mission de manipuler le cours de
l’or à la baisse. Le cartel est composé du gouvernement US (la FED et le
Trésor), de banques centrales diverses et de banques bullion
(comme Goldman Sachs et JP Morgan Chase).
Les motifs supposés de cette cabale sont de donner
un soutien au dollar, de maintenir les taux d‘intérêts plus bas qu’ils ne le
seraient naturellement et de trafiquer le baromètre de la santé des marchés
financiers, c'est-à-dire le cours de
l’or. En effet, si le cours de l’or venait à monter significativement, cela
engendrerait des discussions sur une
inflation forte à venir, un dollar en baisse ou la prévision de crises
potentielles, tous éléments négatifs pour Wall Street et le gouvernement.
«Tuer le
messager » devient alors l’objectif clef du
Cartel de l’or.
La suppression du cours de l’or constituait le noyau
central de la politique du Dollar Fort de Robert Rubin. Quelles autres
mesures ont prises par les USA pour rendre cette politique efficace ? La
concertation ? La manigance ?
Tout cela a commencé avec Robert Rubin.
Avant d’être PDG de Goldman Sachs et puis
Secrétaire du Trésor, Robert Rubin a travaillé à Londres pour Goldman
Sachs. L’une de ses attributions était de contrôler les opérations de
négoce sur l’or. Nous le savons parce que Brian Hinchcliff , le PDG de Kirkland Lake Gold et fidèle supporter du GATA, a
travaillé à Londres à l’époque pour Goldman Sachs et son supérieur
hiérarchique direct était Robert Rubin.
C’était il y a longtemps et les taux d’intérêts aux USA
étaient très élevés, disons entre 6 et 12%. Rubin a fait emprunter à Goldman
Sachs de l’or auprès des banques centrales dans le but de financer les opérations de base de la
banque. Ces opérations d’emprunt d’or ont été réalisées à un taux d’intérêt
de 1%. Goldman Sachs bénéficiait d’argent presque gratuit, revendait l’or sur
le marché ce qui contribuait à faire baisser le cours de l’or, et replaçait
l’argent à 8°% dans en le prêtant au gouvernement américain. Une opération extrèmement profitable, du moins tant que le cours de
l’or n’augmentait pas de manière durable sur une longue période.
Et bientôt d’autres institutions financières importantes
ont réalisé que ce que GS faisait et
ont fait de même. Rubin continua à mener ce type d’opérations en tant
que PDG de Goldman Sachs et développa tout ceci à un niveau supérieur
lorsqu’il devint secrétaire du Trésor US. C’est ainsi que la manipulation du
cours de l’or est devenu la pierre d’angle de sa « politique du dollar
fort » si largement acclamée. Reg Howe du GATA a repris cette notion
dans un article écrit en coopération avec Lawrence Summers
en 1988 et intitulé « le paradoxe de Gibson et l’Etalon-or ».
Summers, professeur à Harvard à l’époque, a succédé à Rubin comme
Secrétaire au Trésor US. La conclusion de l’analyse de Summers
est que « les cours de l’or sur un marché libre devraient se mouvoir le
long d’une fonction inversement proportionnelle aux taux d’intérêts. »
Contrôlez l’or et
cela vous aidera à contrôler les taux d’intérêts.
Les banques bullion telles que Goldman
et Morgan sont devenues les intermédiaires du Cartel de l’Or, agissant
sur le marché de l’or à découvert et bombardant le marché de manière
coordonnée obéissant au doigt et à
l’œil au gouvernement US, et empochant une bonne somme d’argent dans
l’affaire… comme vous avez pu le constater ces dernières années.
Ted Butler a rapporté en 2008 que 3 banques US avaient des
positions à découvert sur 7 787 contrats (pour 778 700 onces) d’or en juillet
et qu’étonnamment, les mêmes trois banques possédaient des positions courtes
sur 86 398 contrats (8 639 800 onces) en août, soit onze fois plus. L’or a
alors baissé de plus de 150 $ l’once et cela aurait été fait sur l’ordre
du Secrétaire d’Etat Paulson (note: Paulson est un
ex PDG de Goldman Sachs), comme il l’avait fait en mai 2006 (propos rapportés
par un sénateur US de l’Etat de
Washington). Les deux fois, différentes banques bullion
ont gagné énormément d’argent en très peu de temps et avec l’aide du
gouvernement US qui aurait facilité leurs positions à découvert en déversant
des quantités considérables et clandestines d’or de la Banque Centrale sur le
marché physique.
C’était l’action concertée et concentrée de certaines
BANQUES BULLION que le GATA a découverte et qui at lieu depuis presque une décennie
maintenant.
Cette alimentation clandestine du marché par la banque
centrale grâce à son or était le maillon manquant dans l’hypothèse faite par
le GATA de la manipulation du cours de l’or. Trois consultants du GATA, Reg
Howe, Frank Veneroso et James Turk
sont arrivés à la même conclusion il y a des années, à savoir que les banques
centrales doivent avoir bien moins d’or qu’elles ne prétendent en avoir, tout
en utilisant des méthodologies sophistiquées.
L’analyse du GATA est qu’elles détiennent moins de la
moitié des quantités annoncées dans leurs coffres, la différence étant ce
qu’elles ont déversé sur le marché physique pour étouffer le cours de l’or.
Comme la demande d’or physique excède la production des mines et l’offre d’or
recyclé de près de 1000 tonnes par an, cet or des banques centrales est vital
pour prévenir une explosion des cours.
Le GATA n’est pas le seul à reconnaître que les banques
centrales ne comptabilisent pas leurs réserves d’or correctement. Le GATA a
révélé un article du FMI qui corrobore ses propres suspicions : L’or des
banques centrales a été comptabilisé deux fois et que les banques centrales
ne comptabilisent pas correctement l’or qui n’est plus en leur possession.
Le cours de l’or est-il manipulé? Vous n’avez pas à lire
tous les articles et toutes les preuves innombrables que le GATA a apportés
pour apprécier l’ampleur de ce qui se passe. C’est du domaine public…
En commençant par le témoignage d’Alan Greenspan devant le
Congrès en 1998 :
« Les banques centrales sont prêtes à
donner en leasing de l’or en quantités croissantes si le cours de l’or venait
à monter »… ce qui est exactement ce qu’elles ont fait !
La Banque de Réserve d’Australie a confessé le schéma de
suppression du cours de l’or dans son rapport annuel de 2003. « Les
devises étrangères de réserves et l’or » nous dit le rapport d’activités
de la RBA « sont détenues en priorité pour soutenir l’intervention sur
les marchés d’échange étrangers ».
Mais l’admission la plus directe de ce
schéma de manipulation du cours de l’or des banques centrales occidentale a
été faite par le directeur du département économique et monétaire de la
Banque Suisse des Règlements Internationaux, la BIS, William S. White, dans
un discours à la conférence organisée par cette dernière à Bâle en Suisse en
juin 2005. « Il existe cinq raisons principales de la coopération
bancaire internationale, a annoncé White, et l’une d’elle est « la
procuration de crédit internationaux et les efforts concertés pour influencer
les cours des actifs –en particulier l’or et les devises- dans les
circonstances dans lesquelles on pense que cela pourrait être utile. »
Barrick Gold, la plus grande compagnie minière du monde, a
confessé dans un tribunal de District US à la Nouvelle-Orléans le 28 février
2003 le modèle de suppression US du cours de l’or. A cette date, Barrick a soumis une demande au tribunal pour éviter un
procès anti-trust contre Barrick et sa banque bullion, JP Morgan, qui étaient accusés par Blanchard
& Co. de manipulation sur le marché de l’or.
La demande de Barrick indique
qu’en empruntant de l’or des banques centrales et en le vendant, la compagnie
était devenue un agent des banques centrales sur le marché et que, en tant
qu’agent des banques centrales, Barrick devait
obtenir la même immunité souveraine et être exempte de poursuites.
Est-ce que le cours de l’or est manipulé aujourd’hui?
L’ex-président de la Réserve Fédérale Paul Volcker
a écrit ceci dans ses mémoires:
« L’intervention coordonnée des ventes d’or pour
éviter une hausse violente du cours de l’or (dans les années 1970) n’a pas eu
lieu. Cela a été une erreur. »…
Robert Rubin
et son gang ont pris le contrôle des opérations… et ils sont de plus en plus
nombreux à s’y rallier dans le monde financier.
Cet objectif Orwellien de stabilité financière, partagé par beaucoup,
a débuté avec les manipulations sérieuses du cours de l’or sous Robert Rubin
nous a finalement conduits dans ce chaos dans lequel nous sommes aujourd’hui.
Ceci est incompatible avec des marchés et une société
libre et doit imperativement cesser.
Discours prononcé par Bill Murphy a prononcé pour l’ouverture
de la Conférence sur les
Investissements en Actifs Réels qui a eu lieu à Las Vegas .
Bill Murphy
Lemetropolecafe.com
Bill
Murphy est le président du GATA
(Gold Anti-Trust Committee) et fondateur du Metropole Café (www.LeMetropoleCafe.com),
un site internet dédié à l’analyse des marchés financiers avec une attention
particulière aux métaux précieux. Abonnez vous gratuitement à ses chroniques pendant 15 jours en cliquant ici
Bill
Murphy est contributeur à 24hGold.com. Les vues présentées sont les siennes
et peuvent évoluer sans qu’il soit nécessaire de faire une mise à jour. Les articles présentés ne constituent en
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