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La République du soupçon (2)

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Published : April 25th, 2013
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Pour redonner aux Français confiance dans leurs dirigeants suite aux révélations sur l’affaire Cahuzac, le gouvernement s’est engagé dans une opération transparence en annonçant la publication des déclarations de patrimoine de ses membres. Un grand déballage qui, nous l’avons vu, ne contribue en rien à « moraliser » la vie politique.



Pourquoi la transparence ?


Le choix de la transparence est pourtant loin d’être absurde. Au vrai, du point de vue de nos dirigeants, elle est même très avantageuse, puisqu’elle modifie les critères d’évaluation de l’action politique, faisant primer l’honnêteté présumée sur l’efficacité des mesures adoptées. Le grand déballage devient une course à la popularité : les participants récupèrent en points de pourcentages ce qu’ils y perdent en vie privée.


Prudence toutefois ! Car en jouant à fond le jeu de la transparence, la classe politique aggraverait la perversion du lien social par les relations de type créancier-débiteur. En tout état de cause, l’exigence de transparence est motivée moins par le souci de la chose publique que par le besoin de demander des comptes et, dans certains cas, de désigner des coupables.


En effet, indemnité de fonction oblige, il est tentant pour le citoyen-contribuable de considérer l’élu comme son obligé, a fortiori quand le pays est en crise et que l’on souhaite compenser le sentiment d’impuissance suscité par l’incertitude de l’avenir. Choisir la transparence aujourd’hui, c’est légitimer un mécanisme potentiellement destructeur pour la société.



Une revendication légitime, mais pervertie


Mais gardons-nous de trop accabler le pouvoir socialiste! Jean-François Copé a beau jeu de s’indigner, lui qui, en 2011, réclamait des contreparties au versement du Revenu de solidarité active (RSA). Une proposition en apparence frappée au coin du bon sens, mais qui en vérité consacrait, non moins que l’opération transparence du gouvernement actuel, la relation créancier-débiteur évoquée plus haut.


Comme je l’expliquais dans un article précédent, la contrepartie exigée alors (entre 5 et 7 heures de service social par semaine rémunérées au SMIC) était de toute évidence destinée non pas à compenser les aides versées, mais à préserver cette « culture du travail » dont Nicolas Sarkozy avait fait son thème de campagne en 2007. À travers ce projet, le gouvernement UMP confortait le citoyen-contribuable dans l’idée qu’il pouvait exiger quelque chose du chômeur assisté, au motif que l’un paie des impôts et que l’autre reçoit des aides. Naturellement, il est hors de question pour les chômeurs assistés de contester un dispositif censé ne mécontenter que les parasites.


Dans un cas comme dans l’autre, une revendication légitime est détournée de sa finalité. Le contrôle du gouverné sur le gouvernant pourrait traduire le souci légitime de surveiller l’utilisation de l’argent public afin de prévenir fraudes, gabegies et autres dépenses hasardeuses. Or l’opération transparence du gouvernement est utilisée pour compenser le sentiment d’impuissance des Français en leur livrant des informations jusque-là confidentielles. Des informations dont la publication séduit le « Peuple » mais n’empêchera pas de nouvelles « affaires » Cahuzac.


Dans le cas du RSA, la lutte contre l’aléa moral pourrait résulter d’une remise en cause de la politique sociale de l’État, qui fait du chômage volontaire un optimum pour certaines personnes. Or, en pratique, le projet de contrepartie au RSA n’aboutit qu’à faire des uns les patrons des autres grâce aux heures de « service social ». Des heures de travail qui flattent l’amour-propre du contribuable mais ne règlent en rien le problème du chômage et de l’assistanat.


Autant dire que l’ancien ministre UMP Bruno Lemaire se trompe quand il reproche à François Hollande de créer une « République du soupçon ». Car le soupçon imprégnait déjà la société française. Il est pour ainsi dire inévitable dès lors que la justice redistributive – qui fonde l’État-providence – prend le pas sur la justice commutative, qui repose sur l’échange. Tôt ou tard en effet, ceux dont on utilise les richesses réclament le droit d’obtenir quelque chose en échange.


En cela, l’opération transparence de nos hommes politiques ne rompt pas avec les habitudes des Français, bien au contraire : elle braque le projecteur sur les effets secondaires du dogme redistributif, qui sacrifie la vie privée au bien commun. Reste à en tirer les bons enseignements.

 

 

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dogme redistributif, qui sacrifie la vie privée au bien commun.

Hélàs !
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PLOECKS HORS DE MA VUE - 4/25/2013 at 6:38 AM GMT
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