Si monétiser
la dette signifie créer de la monnaie pour rembourser les déficits du
gouvernement, alors la Fed est coupable.
Les règles sont
très simples. Le gouvernement fédéral émet des obligations porteuses
d’intérêts que la Fed rachète. La Fed paie ces obligations en entrant des
chiffres représentant des dollars dans un ordinateur. Grâce à Ron Paul,
beaucoup savent désormais que ces chiffres ne sont en rien des emprunts
contractés auprès du public. La Fed n’est pas un intermédiaire financier,
mais une usine à billets. Alors que les usines des entrepreneurs produisent
pour le bénéfice des masses, la Fed crée des dollars en faveur de ceux ayant
reçu les faveurs des politiciens, et au détriment du peuple. En ce sens, la
Fed est anticapitaliste et s’oppose au concept même d’un marché libre. Les 12
membres du FOMC (le Comité de Politique Monétaire) décident des quantités de
monnaie qui doivent être créées, et les produisent, à partir de rien. L’idée
d’impression monétaire est une métaphore, bien qu’elle soit exacte. Il est en
effet bien plus simple pour la Fed d’entrer des chiffres dans une base de
données que d’imprimer de la monnaie.
Certains
pourront dire que ceci n’est pas équivalent à de l’impression monétaire, dans
la mesure où la monnaie fiduciaire n’est pas un actif porteur d’intérêts. En
achetant des obligations du gouvernement, la Fed collecte des intérêts auprès
du Trésor, ce qui génère une grande partie des profits de la banque centrale.
Il aurait été plus simple pour le gouvernement de faire passer un ordre de
service à son usine de monnaie pour qu’elle imprime les quantités de dollars
demandées et pouvoir contourner les paiements d’intérêts.
Imprimer de la
monnaie pour rembourser ses dettes place un gouvernement légitime devant le
risque de ne plus être perçu comme tel. Même les enfants de huit ans savent
qu’un contrefacteur est un escroc qui imprime des billets dans l’objectif de
les dépenser. Il est heureusement encore possible aujourd’hui que quelques
enfants survivent aux méfaits de l’école publique et atteignent l’âge adulte
avec la certitude que leur empereur est nu comme un ver, et que cela pourrait
finir par entraîner une révolution. La plupart des adultes ne se soucient que
très peu de la provenance de la monnaie si tant est qu’elle continue de leur
acheter des biens au centre commercial ; et les économistes, ayant pour
habitude de ne pas mordre les doigts de ceux qui
les nourrissent, laissent courir l’idée que la FED est indépendante.
Si tricher est le but du
jeu, alors il est nécessaire de disposer d’un moyen de création monétaire qui
laisse le public indifférent. C’est pour ça qu’ont été créées les banques
centrales. La Fed reçoit des intérêts des obligations gouvernementales
qu’elle détient, mais en reverse la majeure partie au Trésor. Après le
paiement des frais relatifs à son fonctionnement, elle paie à ses banques
actionnaires un dividende de 6% sur les actions qu’elles possèdent ce qui en
2010 a représenté la somme de 1,5 milliards de dollars. Selon la loi, les
banques membres doivent investir un minimum de 3% de leur capital sur la
banque fédérale de leur région à un prix fixe de 100 dollars par action (voir
ici).
Le solde du
bénéfice généré par la FED est versé au Trésor Américain à la fin de chaque
année fiscale. En 2010, ces intérêts s’élevaient à 79,3 milliards de dollars
(voir le
rapport annuel de 2010, pg. 130, Tableau 4 pour plus de détails). En
versant au Trésor les revenus qui lui restent déduction faite de ses frais de
fonctionnement et des dividendes versés à ses actionnaires, la Fed garantit
au gouvernement des emprunts à taux zéro.
Comme nous
avons pu le voir, le gouvernement, en émettant des obligations, obtient de la
monnaie à partir de rien, puis la dépense. De la même manière que d’anciens
rois le faisaient en faisant tourner la planche à billets lorsque leurs
recettes fiscales ne leur suffisaient pas, le gouvernement d’aujourd’hui crée
de la monnaie par le biais du système bancaire central.
Pourquoi les
banquiers acceptent-ils cet arrangement ?
Les banques
commerciales tirent leurs profits de la protection fournie par le cartel
bancaire encadré par les banques centrales. Le système bancaire de réserve
fractionnaire est une invention récente et bien qu’il puisse s’avérer très profitable
pour les banquiers, il peut également être sujet à des désastres lorsque les
banques grandissent un peu trop, ce qu’elles font inéluctablement. Aussi
confortable que puisse paraître cet arrangement, la plupart des banquiers ne
semblent pas se rendre compte que leurs politiques inflationnistes les
mèneront un jour où l’autre vers leur propre fin. La monnaie finira par
perdre tant de valeur que les gens refuseront de continuer à l’utiliser.
La seule
solution pour éviter le désastre à venir serait de séparer la monnaie (et les
banques) des gouvernements.
|