La révolte des esclaves de la dette a commencé

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Published : April 19th, 2016
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Category : Crisis Watch

Ah, oui, la Génération du millénaire.

Si nous pouvions pousser les consommateurs à emprunter plus pour dépenser de l’argent qu’ils n’ont pas sur des choses dont ils n’ont pas besoin pour gonfler le PIB et les profits des corporations, tout irait beaucoup mieux. C’est ainsi que pensent les économistes d’aujourd’hui.

Puisque 68,5% du PIB américain est lié aux dépenses de consommation personnelle, l’encouragement des dépenses de consommation est perçu comme crucial. Parce que 75% des salaires stagnent et n’augmentent plus suffisamment pour faire face à l’inflation, la seule manière d’encourager les consommateurs à dépenser plus est de les encourager à emprunter davantage et à dépenser immédiatement leur nouvel argent.

La réduction des taux d’intérêt jusqu’à zéro pourcent était supposée venir en aide à ce noble objectif (bien que, chose inexplicable, les consommateurs ne perçoivent que ces taux zéro sur leur épargne, et non sur leur dette). Cet objectif de gonflement du PIB au travers de la dette des consommateurs, bien qu’il ait fonctionné des décennies durant, ne fonctionne plus aujourd’hui :

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Cette stratégie en est arrivée à ses limites. Et ce qui en reste n’est rien d’autre que de la dette.

Beaucoup de dette. Pour beaucoup de monde : 61% des Américains se disent endettés, selon un rapport publié récemment par Gallup, qui montre à quel point la dette impacte les habitudes des consommateurs et diminue les dépenses. Comme l’explique Gallup, « ne rien acheter est mauvais pour l’économie ». Mais c’est là exactement ce que beaucoup de consommateurs endettés se retrouvent obligés de faire.

Les habitudes des consommateurs sont largement influencées par les fléaux de l’économie américaine, et par le fait de « ne pas disposer de suffisamment d’argent pour vivre confortablement », comme l’explique le rapport, ce qui ne surprendra personne. Mais les consommateurs endettés – même ceux qui « ont suffisamment d’argent pour vivre confortablement » - jouent un rôle très important dans le marasme économique.

Ces gens ont « beaucoup plus de chances » de s’engager dans des activités de réduction de coûts que ceux qui n’ont pas contracté de dette :

  • 46% d’entre eux repoussent à plus tard des dépenses significatives telles que l’achat d’appareils électroménagers, leurs vacances ou la rénovation de leur domicile.
  • 31% d’entre eux attendent plus longtemps pour s’acheter une nouvelle voiture.
  • 20% d’entre eux sont forcés de vendre une partie de leurs possessions pour joindre les deux bouts.
  • 63% d’entre eux s’engagent dans au moins une des dix activités de réduction de dépenses citées par le sondage.

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Qui sont ces gens qui réduisent leurs dépenses ? La Génération du millénaire et la Génération X, selon le rapport de Gallup (voir la deuxième partie du rapport). Dans le cadre du sondage, ils se sont vus demander s’ils prenaient part à certaines activités de réduction de leurs dépenses. Voici les deux plus importantes, par génération :

  • Dépense majeure reportée à plus tard (autre que l’achat d’une nouvelle voiture) : Génération du millénaire 48%, Génération X 51%, Baby-boomers 36%.
  • Achat d’un nouveau véhicule reporté à plus tard : Génération du millénaire 39%, Génération X 21%, Baby-boomers 21%.

Mais le PIB doit continuer de gonfler. Alors même les 35% qui déclarent qu’ils n’ont « pas assez d’argent pour vivre confortablement » tentent de combler leurs manques de revenus grâce à la dette. Dans l’ensemble, leurs factures de carte de crédit sont 36% plus élevées – il s’agit là de l’une des formes de dette les plus coûteuses – que celles de ceux qui déclarent avoir suffisamment d’argent pour vivre confortablement. Voici ce que nous en dit Gallup dans un autre rapport :

La différence est particulièrement importante parmi la Génération du millénaire : ceux qui disent ne pas avoir suffisamment d’argent pour vivre confortablement ont une dette de carte de crédit trois fois plus importante que ceux qui disent avoir assez d’argent.

Leurs dettes automobile et personnelle sont aussi plus importantes :

La Génération du millénaire est la seule génération parmi laquelle ceux qui disent ne pas disposer de suffisamment d’argent portent 8% de plus de la dette totale de consommation que ceux qui disent avoir suffisamment d’argent.

Ayant atteint la vie adulte à l’époque des taux d’intérêt à zéro pourcent de la Fed, la Génération du millénaire complémente ses revenus en empruntant plus que ses semblables des générations passées, et de la manière la plus coûteuse.

L’usage de cartes de crédit ou de prêts personnels pour acheter des biens à la consommation ne revient qu’à emprunter à l’avenir pour consommer aujourd’hui. Cette dette devra un jour être remboursée, avec de l’argent qui aurait autrement pu être dépensé pour l’achat de biens de consommation.

Parce que la Génération du millénaire est jeune et n’en est qu’au début de la vie active, elle n’emprunte pas seulement au futur en accumulant de la dette, mais aussi au présent.

La Génération du millénaire attend de plus en plus longtemps pour se marier, pour avoir des enfants, pour poursuivre son éducation et établir son indépendance (certains vivent de nouveau chez leurs proches). C’est un problème qui est aggravé par la dette étudiante. La dette moyenne des enfants du nouveau millénaire est de 29.000 dollars – mais une fois leur dette étudiante incluse, elle atteint plus de 40.000 dollars.

La dette des consommateurs est à double-tranchant. D’une part, elle alimente l’économie en offrant aux consommateurs davantage de pouvoir d’achat. Mais de l’autre, elle est un fardeau qui limite les choix des individus dans le futur, comme par exemple l’achat d’un domicile ou d’une voiture. Et pour ceux qui ont une dette étudiante, elle peut devenir un fardeau trop lourd à porter.

Le fardeau de la dette a été créé par le passé pour stimuler le PIB, et pèse aujourd’hui sur les dépenses des consommateurs et sur le PIB. Voilà qui explique pourquoi les dépenses des consommateurs sont en déclin, malgré une hausse de la population aux Etats-Unis – de l’ordre de 16 millions de personnes depuis la crise financière – et malgré le record à la baisse des taux d’intérêt, qui rendent le coût de la dette moins onéreux. C’est un autre prix à payer aujourd’hui pour les politiques imposées par la Fed en 2008.

Les impacts en sont visibles partout. Les ventes des entreprises américaines sont retombées au niveau de 2012. Les stocks ont gonflé pour atteindre les mêmes proportions qu’avant la crise. Et les sociétés commencent à y répondre en réduisant leurs coûts et en limitant leurs effectifs. Lisez ceci : Why This Economy Is Now Running Aground



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