Ah,
oui, la Génération du millénaire.
Si nous pouvions pousser les
consommateurs à emprunter plus pour dépenser de l’argent qu’ils n’ont pas sur
des choses dont ils n’ont pas besoin pour gonfler le PIB et les profits des
corporations, tout irait beaucoup mieux. C’est ainsi que pensent les
économistes d’aujourd’hui.
Puisque 68,5% du PIB américain
est lié aux dépenses de consommation personnelle, l’encouragement des
dépenses de consommation est perçu comme crucial. Parce que 75% des salaires
stagnent et n’augmentent plus suffisamment pour faire face à l’inflation, la
seule manière d’encourager les consommateurs à dépenser plus est de les
encourager à emprunter davantage et à dépenser immédiatement leur nouvel
argent.
La réduction des taux d’intérêt
jusqu’à zéro pourcent était supposée venir en aide à ce noble objectif (bien
que, chose inexplicable, les consommateurs ne perçoivent que ces taux zéro
sur leur épargne, et non sur leur dette). Cet objectif de gonflement du PIB
au travers de la dette des consommateurs, bien qu’il ait fonctionné des
décennies durant, ne fonctionne plus aujourd’hui :
Cette stratégie en est arrivée à
ses limites. Et ce qui en reste n’est rien d’autre que de la dette.
Beaucoup de dette. Pour beaucoup
de monde : 61% des Américains se disent endettés, selon un rapport
publié récemment par Gallup,
qui montre à quel point la dette impacte les habitudes des consommateurs et
diminue les dépenses. Comme l’explique Gallup, « ne rien acheter est
mauvais pour l’économie ». Mais c’est là exactement ce que beaucoup de
consommateurs endettés se retrouvent obligés de faire.
Les habitudes des consommateurs
sont largement influencées par les fléaux de l’économie américaine, et par le
fait de « ne pas disposer de suffisamment d’argent pour vivre
confortablement », comme l’explique le rapport, ce qui ne surprendra
personne. Mais les consommateurs endettés – même ceux qui « ont
suffisamment d’argent pour vivre confortablement » - jouent un rôle très
important dans le marasme économique.
Ces gens ont « beaucoup
plus de chances » de s’engager dans des activités de réduction de coûts que
ceux qui n’ont pas contracté de dette :
- 46% d’entre eux
repoussent à plus tard des dépenses significatives telles que l’achat d’appareils
électroménagers, leurs vacances ou la rénovation de leur domicile.
- 31% d’entre
eux attendent plus longtemps pour s’acheter une nouvelle voiture.
- 20% d’entre
eux sont forcés de vendre une partie de leurs possessions pour joindre
les deux bouts.
- 63% d’entre
eux s’engagent dans au moins une des dix activités de réduction de
dépenses citées par le sondage.
Qui sont ces gens qui réduisent
leurs dépenses ? La Génération du millénaire et la Génération X, selon
le rapport de Gallup (voir la deuxième
partie du rapport). Dans le cadre du sondage, ils se sont vus demander s’ils
prenaient part à certaines activités de réduction de leurs dépenses. Voici
les deux plus importantes, par génération :
- Dépense
majeure reportée à plus tard (autre que l’achat d’une nouvelle voiture) :
Génération du millénaire 48%, Génération X 51%, Baby-boomers 36%.
- Achat d’un
nouveau véhicule reporté à plus tard : Génération du millénaire
39%, Génération X 21%, Baby-boomers 21%.
Mais le PIB doit continuer de
gonfler. Alors même les 35% qui déclarent qu’ils n’ont « pas assez d’argent
pour vivre confortablement » tentent de combler leurs manques de revenus
grâce à la dette. Dans l’ensemble, leurs factures de carte de crédit sont 36%
plus élevées – il s’agit là de l’une des formes de dette les plus coûteuses –
que celles de ceux qui déclarent avoir suffisamment d’argent pour vivre
confortablement. Voici ce que nous en dit Gallup dans
un autre rapport :
La différence est
particulièrement importante parmi la Génération du millénaire : ceux qui
disent ne pas avoir suffisamment d’argent pour vivre confortablement ont une
dette de carte de crédit trois fois plus importante que ceux qui disent avoir
assez d’argent.
Leurs dettes automobile et
personnelle sont aussi plus importantes :
La Génération du millénaire est
la seule génération parmi laquelle ceux qui disent ne pas disposer de
suffisamment d’argent portent 8% de plus de la dette totale de consommation
que ceux qui disent avoir suffisamment d’argent.
Ayant atteint la vie adulte à l’époque
des taux d’intérêt à zéro pourcent de la Fed, la Génération du millénaire complémente
ses revenus en empruntant plus que ses semblables des générations passées, et
de la manière la plus coûteuse.
L’usage de cartes de crédit ou
de prêts personnels pour acheter des biens à la consommation ne revient qu’à
emprunter à l’avenir pour consommer aujourd’hui. Cette dette devra un jour
être remboursée, avec de l’argent qui aurait autrement pu être dépensé pour l’achat
de biens de consommation.
Parce que la Génération du
millénaire est jeune et n’en est qu’au début de la vie active, elle n’emprunte
pas seulement au futur en accumulant de la dette, mais aussi au présent.
La Génération du millénaire
attend de plus en plus longtemps pour se marier, pour avoir des enfants, pour
poursuivre son éducation et établir son indépendance (certains vivent de
nouveau chez leurs proches). C’est un problème qui est aggravé par la dette
étudiante. La dette moyenne des enfants du nouveau millénaire est de 29.000
dollars – mais une fois leur dette étudiante incluse, elle atteint plus de
40.000 dollars.
La dette des consommateurs est à
double-tranchant. D’une part, elle alimente l’économie en offrant aux
consommateurs davantage de pouvoir d’achat. Mais de l’autre, elle est un
fardeau qui limite les choix des individus dans le futur, comme par exemple l’achat
d’un domicile ou d’une voiture. Et pour ceux qui ont une dette étudiante,
elle peut devenir un fardeau trop lourd à porter.
Le fardeau de la dette a été
créé par le passé pour stimuler le PIB, et pèse aujourd’hui sur les dépenses
des consommateurs et sur le PIB. Voilà qui explique pourquoi les dépenses des
consommateurs sont en déclin, malgré une hausse de la population aux
Etats-Unis – de l’ordre de 16 millions de personnes depuis la crise
financière – et malgré le record à la baisse des taux d’intérêt, qui rendent
le coût de la dette moins onéreux. C’est un autre prix à payer aujourd’hui
pour les politiques imposées par la Fed en 2008.
Les impacts en sont visibles
partout. Les ventes des entreprises américaines sont retombées au niveau de
2012. Les stocks ont gonflé pour atteindre les mêmes proportions qu’avant la
crise. Et les sociétés commencent à y répondre en réduisant leurs coûts et en
limitant leurs effectifs. Lisez ceci : Why
This Economy Is Now Running Aground