Une révolution silencieuse et feutrée a eu lieu. Le mot est fort? Il l’est
si vous bénéficiez encore d’une certaine sécurité. Mais il ne l’est pas si
vous appartenez à la catégorie des retraités, des working poors, des
intérimaires, des bénéficiaires d’un contrat de travail de zéro heure, des
chômeurs actuels ou potentiels qui ne risquent pas de retrouver un emploi à
plus ou moins brève échéance.
le Larousse définit la révolution de différentes manières. Nous en
retiendrons 2:
- « Changement brusque et violent dans la structure
politique et sociale d’un État, qui se produit quand un groupe se
révolte contre les autorités en place et prend le pouvoir. »
- Changement brusque, d’ordre économique, moral, culturel,
qui se produit dans une société
Premier volet de la révolution: la révolution politique et sociale
Transmission de la souveraineté au marché unique et à ses
représentants
A un moment de l’histoire des Etats européens, il a été décidé qu’un
marché unique intérieur devait être créé. Ce marché a été reconnu comme étant
l’objectif ultime de la restructuration des Etats. Ceux-ci sont devenus
autant de sous-ensembles de ce marché.
En se définissant autour et en fonction du marché unique, les Etats
membres de l’Union européenne ont renoncé à la démocratie. Ils ont de fait
transférer la souveraineté du peuple propre à la démocratie au marché unique
et à ses représentants.
Les besoins du marché unique: la liberté absolue
C’est dans ce contexte qu’il a été décidé que ce marché devait bénéficier
de quatre libertés ou 4L:
1.
La libre circulation des biens
2.
La libre circulation des personnes dont les personnes morales
qui ne sont rien d’autre que des entreprises
3.
La libre circulation des services
4.
La libre circulation des capitaux
Les barrières douanières pour toute sorte de produits sont abolies.
Les normes sont souvent définies par les entreprises elles-mêmes qui
cherchent à défendre leurs objectifs directement dans les parlements
nationaux ou européen.
Les normes techniques sont standardisées. Une gouvernance par les normes
est instaurée. Les pays à hauts standards telle que fut la Suisse ont dû
revoir leurs exigences à la baisse. Moins les normes sont élevées et plus les
coûts de production et de qualité baissent.
Une réduction des normes des acquis sociaux est exigée. Il faut dire
que ces mêmes firmes n’hésitent pas à pratiquer sous des cieux plus éloignés
des méthodes de gestion du personnel auxquelles ils n’auraient même pas pensé
il y a encore quelques années.
Des exigences de révision de l’imposition ont fait émerger des havres
fiscaux au sein même du marché unique. Dans le genre paradisiaque, le
Luxembourg bat tous les records agissant comme un aimant sur les firmes
transnationales.
Le rouleau compresseur des firmes transnationales et leur puissance de feu
financière et politique laissent sur le carreau les entreprises locales en
peine de financement.
Les marchés publics, source première de financement des entreprises
locales ont été forcés à s’ouvrir à des multinationales qui n’hésitent pas à
casser les prix grâce à des salariés à bas coûts.
les services publics ont été repris à bon compte par des firmes
mondialisées qui ont mis un terme en Suisse à la notion de fonctionnariat.
Même le secteur bancaire a été divisée entre les stars appelées too big to
fail et le reste du secteur ignoré et qui très certainement ne survivra pas à
la cartellisation mondialiste qui est d’ores et déjà en place.
Les 4L du marché, ses normes et ses exigences ont bouleversé violemment
les pays concernés, leurs structures, leurs gouvernances, les statuts des
populations,…
L’exigence de liberté absolue par le marché s’est heurtée de plein fouet
aux libertés fondamentales des habitants.
Etats en mutations en sous-ensembles du marché unique
Les Etats ont dû muter de l’état A à l’état B. Ils ont en
clair dû passer du statut de pays à un statut de sous-marché commercial
fondu dans le marché unique. Cet élément est indispensable à la compréhension
de ce qui se passe actuellement. Vous n’êtes plus un
citoyen-électeur-contribuable-souverain. Vous êtes soit un facteur de production-consommation,
soit un facteur de coût-consommation. Et dans les deux cas vous êtes frappés
du sigle du code-barre définissant une marchandise.
Quand un individu appartient à un espace-Etat souverain, il est citoyen,
quand il appartient à un Etat démocratique, le citoyen est souverain. Mais
quand le même individu appartient à un marché commercial souverain, il
devient une marchandise. C’est cru mais utile et cela facilite la
compréhension de ce qui suit.
C’est dans cet état d’esprit que le bien commun a été remplacé par le bien
marchand que s’est implantée l’Union européenne. Celle-ci n’a aucune autre
prétention affichée que de promouvoir le marché économique unique. Ses
représentants sont très cohérents en admettant les lobbyistes de la planète
dans les bureaux et dans les méandres de prises de décision. Nul besoin de
développer autour de cet état de fait qui est aujourd’hui connu de tous.
Le concept même de « l’intérêt public » tend à disparaître pour
être remplacé par l’intérêt général ».
Le deuxième volet de la révolution est économique, moral et culturel
Une révolution morale et éthique s’est développée simultanément. Tout
d’abord, on peut parler des mensonges répétées qui présentaient les problèmes
sous l’angle d’exigences et d’impératifs internationaux.
les révolutions qui sont décrites là, le pouvoir politique et la
renonciation à sa propre souveraineté sont autant de facettes d’un réel
projet de remodelage de la planète. On ne peut sortir tous ces engagements
d’un chapeau.
Le financement d’établissements privés avec l’argent d’autrui est un grand
scandale qui ne peut en aucun cas se justifier moralement. Impossible. Le
sentiment de vol est d’autant plus fort qu’aucune contrainte n’a été imposée
aux responsables de ces crimes financiers.
Un autre problème gravissime qui se déploie sous nos yeux est la
suppression de la vie privée de tout un chacun au profit d’une gigantesque
base d e données détenue par des privées qui en usent et abusent pour mieux
vous cerner en tant que consommateur.
Une législation digne des pires états totalitaires est votée qui met tout
individu en surveillance permanente. En revanche des cartes blanches sont
signées aux différents lobbies qui accèdent à l’ensemble de vos données en
parfaite violation des droits et des libertés fondamentales.
Une révolution a eu lieu un peu partout dans le monde. Les pays qui ne
l’ont pas acceptée ont subi la guerre.
Les Etats européens se sont soumis au dictat du marché unique autour de
l’Union européenne. ils ont été dessaisis du pouvoir politique, économique,
financier, social et éthique.
Le résultat est violent. Une violence discrète, intime, à la fois
individuelle et collective. Elle s’appelle: déflation, chômage, récession,
paupérisation et inquiétudes.
Certains tentent d’y répondre en s’en prenant au pouvoir en place. Le
problème c’est que dans le cas de la France ou de la Belgique les
gouvernements respectifs -tout comme le grec ou l’Italien- n’ont strictement
aucun pouvoir.
Si on prend la loi El Khomri, elle vient de bien plus loin. le site de
l’UE regorge de directives concernant le droit du travail et qui doivent être
mises en place tôt ou tard.
Pour être efficace, la réponse à cette révolution doit être de la
même nature. Collective, globale, transnationale et pas uniquement nationale
et locale.
Liliane held-Khawam
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