Nous voilà mi-avril et c’est déjà le week-end pascal. Bien sûr, on pourrait revenir sur l’actuelle campagne présidentielle, période d’autant plus trouble qu’on ne voit vraiment pas l’horizon politique français s’éclaircir. Mais l’occasion est belle de s’attarder plutôt sur une nouvelle nettement meilleure que ces perspectives électorales peu reluisantes : malgré tout, les gens s’enrichissent.
Certes oui, on ne parle pas d’une vague de gagnants au Loto, et encore moins d’une véritable ruée vers un or mythologique où des hordes de pauvres seraient transformées en riches nababs : plus modestement, il s’agit surtout de constater que, contrairement à l’image trop souvent véhiculée, la classe moyenne continue d’accéder tous les jours à un peu plus de richesses, de facilités, de techniques et d’augmenter son niveau de vie.
C’est en effet ce qui ressort de plusieurs études réalisées au niveau mondial et qui montrent toutes une belle amélioration du niveau de vie de la classe moyenne dans la plupart des pays du monde, dans une belle cohérence d’ailleurs corroborée par les observations simples qu’on peut mener tous les jours en faisant un peu de tourisme.
Ainsi, une étude des parités de pouvoir d’achat menée sur le terrain par la Banque Mondiale en 2011 livre des résultats sans ambiguïté : les classes moyennes d’Afrique et d’Asie sont bien plus riches que prévues lors de la précédente enquête, en 2005. Ainsi, une amélioration notoire des modes et des données de calcul du PIB a permis de mieux mesurer les progrès réalisés par un nombre croissant de pays dans le monde. Ces nouvelles études ont ainsi montré, notamment concernant les prix et la croissance, que la classe moyenne mondiale, jusqu’alors estimée à 3.2 milliards d’individus en 2016, pourrait être considérablement plus étendue d’au moins 500 millions de personnes supplémentaires. Tout semble montrer que les ménages asiatiques sont nettement plus riches relativement parlant que ce qui avait été précédemment calculé.
Au niveau mondial, on observe en fait la plus rapide expansion de cette classe moyenne jamais observée dans l’histoire de l’Humanité qui a pourtant connu pas mal de phases d’expansion : il est estimé que 160 millions de personnes rejoignent ainsi cette classe moyenne tous les ans, pour au moins les 5 prochaines années à venir.
De façon encore plus étonnante, dans quelques années selon ces projections établies récemment, c’est une majorité de l’Humanité qui sera dans la classe moyenne ou riche… Ce qui sera la première fois dans toute son Histoire.
Or, cette excellente nouvelle, si elle parvient parfois aux oreilles de quelques journalistes, sur quelques plateaux télés désertés à des heures de toute petite écoute, n’est bien malheureusement pas parvenue aux oreilles françaises, pour deux raisons.
D’une part, parce que cette information est fort contre-intuitive pour les dernières générations de Français qui ont ce sentiment, persistant, que leur niveau de vie baisse et qu’ils sont moins bien lotis que les générations précédentes.
Pourtant, une récente étude fort peu détaillée dans la presse (là encore, période électorale oblige) vient battre en brèche cette idée : selon deux chercheurs universitaires, Hyppolyte d’Albis et Ikpidi Badji, depuis le début du siècle précédent, chaque génération a ainsi bénéficié d’un niveau de vie supérieur à la génération précédente. L’INSEE a d’ailleurs publié leurs recherches qui montrent qu’entre 1901 et 1979,
» aucune n’a été désavantagée par rapport à ses aînées : les générations nées plus tard ont un niveau de vie au moins aussi élevé que celui de celles nées avant elles «
Reconnaissons sans mal, cependant, que les chercheurs n’ont pas encore mené les recherches sur les générations à partir des années 70, et on se doute déjà que la tendance, nette pour les années précédentes, risque fort de s’inverser, notamment avec un creusement des inégalités au sein même des générations, expliquant ce sentiment répandu que les générations plus âgées ont profité d’un niveau de vie plus élevés que les plus jeunes.
Il semblerait bien que la France (et avec elle, certains autres pays développés) ait observé un net ralentissement dans l’enrichissement de sa classe-moyenne ces dernières années, et qu’en conséquence, tout message qui nous parviendrait du reste du monde, montrant exactement le contraire, soit devenu inaudible. Difficile en effet pour nos politiciens de vendre du bonheur et un avenir qui chante quand les 40 dernières années ont surtout démontré qu’ils n’en avaient pas le moindre échantillon sur eux.
D’autre part, cette information est méconnue parce qu’une telle nouvelle vient heurter les sensibilités politiques de beaucoup, et c’est bien plus gênant : toutes ces populations qui sortent de la pauvreté, cela doit, forcément, se faire au détriment de quelque chose. Et si ce n’est d’autres populations, c’est forcément au détriment de sentiments nobles comme le partage, la solidarité et les petits bisous ou, encore plus sûrement, au détriment de la nature.
Or, ce n’est pas ce qu’on observe : la sortie de pauvreté de ces populations n’est absolument pas accompagnée par un désastre écologique (au point qu’il faille en inventer, au niveau mondial, pour continuer à agiter des grigris alarmistes) ni par un effondrement des sociétés concernées dans un individualisme débridé. Au contraire, même : à la plus grande stupéfaction de toutes les petits collectivistes, chaque expérience communiste menée ces 100 dernières années a été un fiasco sanglant, et chaque libéralisation, chaque développement du marché libre et du capitalisme aura enclenché une incroyable explosion de la richesse et de la croissance de ces classes moyennes.
Or, en France, c’est bien un affront qu’une telle nouvelle.
C’est un affront que ces milliards de personnes soient sorties de la misère et du dénuement par l’application de recettes libérales et capitalistes, et non par les belles idées humanistes du communiste sifflotant. C’est un affront qu’on puisse seulement l’évoquer, tout comme il est un affront que ce libéralisme et ce capitalisme soit même évoqué dans une campagne présidentielle. Bilan : non seulement, on n’en parle pas, mais on évite même le sujet.
Il n’en est alors que plus tragique (ou comique, selon le point de vue) que les Français, en s’approchant tous les jours un peu plus des tentations frontistes ou mélenchonistes, montrent vouloir de ces recettes collectivistes qui ont menés à la ruine et la misère tous les pays qui les ont appliquées, tous, systématiquement, sans exception. C’en est toujours plus tragique qu’ils rejettent avec de plus en plus de force ces procédés qui ont créé ces légions de classes moyennes au ventre plein, y compris en France pendant les Trentes Glorieuses.