Cela avait été fermement décidé : le village olympique ne devait pas avoir de climatisation. Après tout, la France est un pays tempéré, et la lutte contre le méchant réchauffement climatique passe bien par quelques menus sacrifices.
Cette décision fut quelque peu amendée alors que la cérémonie d’ouverture des Jeux approchait : il ne fallait pas décourager les athlètes étrangers, bizarrement tous habitués à disposer de l’air conditionné.
Nous sommes en France et tout se termine par des chansons… Ou des problèmes de climatisation puisque malgré le changement de braquet des organisateurs et l’installation plus ou moins furtive de climatiseurs dans des habitations pas trop prévues pour, des récriminations se sont fait entendre : il est rapidement apparu que ce qui avait été installé est insuffisant et que même avec les rares périodes de chaleur que la capitale supporte actuellement, l’isolation mise en place dans le village olympique ne permet pas de conserver les chambres suffisamment fraîches.
Les critiques ont fusé, permettant au passage d’apprendre qu’outre l’absence de climatisation, la restauration au sein du Village a semblé incapable – au moins les premiers jours – de fournir des repas de qualité et de quantité suffisantes ce qui, pour la France, est une contre-performance véritablement olympique.
Au-delà du côté “fait divers” de ces rebondissements climatisés dans le village olympique, le fait qu’on ait choisi, dès le départ, de ne pas installer d’air conditionné dans les appartements des athlètes n’est pas un hasard : il s’agit en réalité d’une véritable philosophie assez typiquement franco-française de climophobie avancée.
Eh oui : de la même façon qu’il a fallu attendre plusieurs décennies pour que les climatisations se démocratisent dans les voitures françaises (alors qu’elles étaient déjà de série dans les voitures étrangères depuis des années), beaucoup de Français ont été éduqués avec la croyance fermement ancrée au corps qu’on peut et qu’on doit se passer de toute climatisation chez soi, cette dernière étant jadis vue comme une source de bruit, puis aussi de consommation effrénée d’énergie, puis aussi de rhumes, puis aussi de pollution, puis aussi coupable de favoriser le réchauffement climatique.
Ce petit crincrin pénible qui insiste, depuis des lustres, sur les aspects négatifs (voire rédhibitoires) de la climatisation n’est pas nouveau et dégouline du haut vers le bas, des décideurs, des “experts” de plateau télé et des politiciens vers le peuple qui semble n’avoir toujours pas compris qu’on se paye sa fiole à pas cher : en effet, ces mêmes politiciens sont les premiers à psalmodier “pollution” et “CO2” lorsqu’on évoque la climatisation, et, dans le même temps, à débiter des âneries – agenda climato-réchauffiste oblige – sur le fait que la chaleur tue (alors que le bilan – entre les morts dus à la chaleur et ceux évités par l’augmentation des températures – est largement favorable aux hausses de températures).
En fait, si la chaleur peut tuer, c’est surtout lorsqu’on combat l’installation de climatisation et c’est particulièrement vrai en France où la lutte idéologique contre la climatisation aboutit à un sous-équipement chronique du pays, puisqu’on estime que seul 1 ménage sur 10 est équipé, contre 1 sur 5 dans le reste de l’Europe. Sans surprise et comme le montrent les données mondiales disponibles, la France affiche des statistiques inquiétantes de décès dus aux fortes chaleurs, qui pourraient être évités avec un peu de climatisation.
En réalité, les particuliers français auraient tout intérêt à s’équiper notamment en pompes à chaleur réversibles qui permettraient de chauffer le foyer en hiver et de le rafraîchir en été. Et dans un pays où l’électricité est très majoritairement bas carbone (92% nucléaire), cette consommation électrique liée aux climatiseurs n’influera pas sur un hypothétique rejet de CO2. Du reste, c’est le chauffage en hiver qui représente les pics de consommation les plus élevés. La surproduction observée en été pourrait être avantageusement utilisée pour climatiser les particuliers sans modifier la facture carbone française. En outre, selon le “consensus scientifique” actuel (le GIEC, ici), la climatisation serait le moyen d’adaptation irremplaçable et inévitable au changement climatique…
Malheureusement, utiliser l’énergie à notre disposition, c’est sombrer dans le luxe et l’agréable, ce qui est en contradiction avec l’absolue nécessité de faire pénitence pour sauver Gaïa. Dans ce cadre, la souffrance liée à la chaleur est indispensable pour accréditer les thèses anxiogènes des réchauffistes ; mettre des climatisations chez soi, dans les administrations, les salles de classes ou les transports en commun, c’est risquer d’améliorer la vie des individus pendant les périodes de chaleur et de leur montrer que non, un éventuel réchauffement n’est pas un problème catastrophique du tout, qu’on sait gérer et qu’on peut surmonter à peu de frais.
Or, admettre qu’un réchauffement pourrait être surmontable voire bénéfique, c’est impensable, c’est scandaleux, c’est même un blasphème contre Mère-Nature et il suffit de voir les réactions ulcérées des gaïatollahs et des politiciens pour mesurer l’ampleur de l’outrage.
Non, clairement, il vaut mieux ne rien adapter, ne rien changer, voire interdire les climatisations quitte à repousser, comme en 2019, les épreuves du Brevet des Collèges, faute de climatisation basique dans l’écrasante majorité des établissements scolaires français. Il vaut mieux fantasmer sur des solutions alternatives (qui n’existent pas ou sont très inefficaces), même dans les hôpitaux, plutôt qu’imaginer un déploiement de la climatisation blasphématoire.
Du reste, il est bien plus facile de lutter contre le froid que le chaud : une meilleure isolation permet des gains très substantiels d’efficacité des systèmes de chauffages modernes. En revanche, on ne peut pas combattre le froid exclusivement par isolation, et tout au plus pourra-t-on retarder le réchauffement d’une pièce en période de canicule. Si l’on veut effectivement la refroidir, il faut une climatisation.
Et ça tombe bien : on sait maintenant faire des climatisations efficaces, peu gourmandes et dont l’impact sur la mortalité liée à la chaleur serait quasi-immédiat. Ce qui permettra de se concentrer sur le froid, qui tue – lui – huit fois plus que la chaleur.
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