J’ai
travaillé à Wall Street tout au long de ma vie, et l’une
des choses que j’y ai apprises est qu’un très grand nombre
d’investisseurs, tels que les fonds de pensions, ne
s’éloignent que très rarement du reste du troupeau. Ils
ont la responsabilité de gérer de trop importantes
quantités de monnaie ne leur appartenant pas pour pouvoir sortir du
lot – si leur investissement tourne mal, ils ont alors au moins la
possibilité de montrer du doigt tous ceux qui ont commis les
mêmes erreurs qu’eux.
Pour
cette raison, ces fonds de pension ont souvent des difficultés quant
à percevoir les changements cruciaux sur les marchés –
tels qu’une devise se dirigeant inévitablement vers
l’effondrement, par exemple. Alors que bon nombre d’entre nous
achètent des métaux précieux afin de se protéger
contre l’effondrement du dollar, l’or et l’argent sont
durant des années demeurés de vrais tabous à Wall
Street. Les gestionnaires de fonds sont persuadés que l’or est
une ‘relique barbare’ – et se cantonnent aux obligations du
gouvernement. Et c’est ce que tout le monde fait.
Mais
aujourd’hui, il semblerait que le troupeau change peu à peu de
direction.
LA DEVISE QUI NE PEUT ETRE
IMPRIMEE
Dans
un article dont très peu ont entendu parler, le fond de dotation de
l’Université du Texas, deuxième plus important fond de
dotation après celui d’Harvard, investissait
l’équivalent en or de plus d’un demi-milliard de dollars
le mois dernier, après avoir déjà investi plus
d’un demi-milliard de dollar sur l’or il y a quelques mois.
Le
fond de dotation de l’Université possède donc
désormais 6643 barres d’or (soit 664300 onces d’or), dont
la valeur a déjà augmenté de 40 millions de dollars
depuis le mois d’avril lorsque ces barres étaient livrées
à son coffre de la HSBC de New York. C’est là loin
d’être un mauvais début.
Kyle
Bass, gestionnaire de fonds de renom de chez Hayman
Capital et membre de la direction de l’Université du Texas,
avait mis l’Université au courant de ces transactions. Il avait
déclaré que ‘Les banques centrales impriment plus de
monnaie qu’elles ne seront jamais capables d’obtenir. Quel est donc
la valeur de la monnaie en termes d’achat de biens et de
services ? J’aperçois simplement l’or comme
étant une autre devise qui soit simplement impossible à
imprimer à tour de bras’.
Il
semblerait que l’Université soit d’accord avec le fait que
reposer sur une montagne de devises papier est un acte de foi ne convenant
pas à une institution prudente et éclairée.
UN REVEIL INSTITUTIONNEL
Cet
achat a sans aucun doute attiré les regards.
Maintenant
qu’un majeur fond de dotation a fait le premier pas, d’autres
gestionnaires de fonds auront le courage de suivre ce mouvement. Ce sont,
après tout, des personnes intelligentes qui sont conscientes que,
malgré le fait que leurs fonds présentent des gains nominaux,
leur pouvoir d’achat diminue en réalité fortement. Je
suis certain que bon nombre d’entre eux ont acheté des
métaux précieux en tant qu’investissements privés,
mais qu’ils sont désormais en mesure de le faire
professionnellement.
Il
est certain que la plus importante part de cette répudiation par
l’Université du Texas de Ben Bernanke
et de sa planche à billets est que le fond de dotation de
l’Université ait réclamé la livraison de son
métal PHYSIQUE. Bien que ce soit assez commun en Europe, c’est
là une décision sans précédent de la part d’une
institution Américaine.
La
livraison de métal physique implique au moins deux choses
intéressantes. La première est que l‘Université du
Texas perçoive l’or
comme étant une stratégie de préservation de capital,
contrairement à la spéculation sur le court terme. La
deuxième est que l’Université du Texas est en quelque sorte
inquiète de la stabilité générale des
marchés financiers, d’où sa volonté
d’acquérir de l’or plutôt que des devises papier,
des contrats à terme sur l’or ou d’autres
d’instruments ayant d’importants risques de contrepartie.
D’IMPORTANTES RAMIFICATIONS
Je
recommande depuis longtemps aux investisseurs d’investir 5 à 10%
de leur épargne sur les métaux précieux physiques. Le
milliard de dollar que l’Université du Texas a investi sur
l’or représente 5% de son capital de 20 milliards de dollars. Il
se pourrait bien qu’elle ne s’arrête pas là.
Si
d’autres fonds de dotation décident de se débarrasser de
leurs dollars pour investir sur l’or, qu’en sera-t-il du prix de
l’or ? Si ces fonds colossaux commencent tous à investir 5%
de leur capital sur l’or, quelle consèquence
cela aura-t-il sur la demande en or ? La réponse est
évidente.
UN PETIT PAS POUR LES
INSTITUTIONS, UN PAS DE GEANT POUR L’OR
Si
les fonds de dotation des Universités des Etats-Unis augmentaient leur
investissement sur l’or depuis la moyenne actuelle de 1% de leur
capital jusqu’à 5%, cela représenterait 400 tonnes
métriques d’or au prix actuel. C’est la significativement
plus que la production d’or annuelle de la Chine, premier producteur
d’or mondial.
En
plus de cela, les fonds privés des Etats-Unis, possédant des
actifs à hauteur de 600 milliards de dollars, réclameraient la
livraison de 600 tonnes métriques d’or s’ils cherchaient
également à diversifier 5% de leurs actifs sur l’or –
soit près de deux fois la production annuelle de la Chine.
Une
fois encore, nous ne parlons ici que des fonds de dotation et des fondations
institutionnelles des Etats-Unis, mais la demande existe également en
dehors des frontières nord-américaines – et nous ne
pouvons pas non plus omettre les fonds souverains.
Le
plus important fond souverain du monde est celui d’Abu Dhabi, qui
à lui seul possède l’équivalent de 600 milliards
de dollars d’actifs. Les deuxième et troisième plus
importants sont ceux de la Norvège et d’Arabie Saoudite, qui
à eux deux totalisent pour un milliard de dollars d’actifs.
PRENDRE DE L’AVANCE SUR LE
RESTE DU TROUPEAU
La
situation est simple : le total de fonds pouvant être investi
autour du globe est immense en comparaison à la taille du
marché de l’or. Il n’est pas difficile de percevoir quelles
conséquences un simple changement depuis une diversification vers
l’or de 1% jusqu’à 5% de chaque portefeuille
d’investissement aurait sur le prix de l’or, et c’est
pourquoi la décision prise par l’Université du Texas est
si importante – elle est l’indicateur qu’un changement est
en route.
L’or
demeure en grande partie négligé par les plus gros joueurs,
mais il est clair que le monde prenne peu à peu conscience du terrible
avenir du dollar. Après tout, dans le même temps que les
gestionnaires de fond ne désirent pas sortir du lot, ils ne
désirent pas non plus suivre le troupeau vers une falaise.
L’Université
du Texas, avec ses réserves d’or physique d’une valeur de
plus d’un milliard de dollars, compte parmi les institutions qui ont su
apercevoir la falaise. La demande de livraison physique de son or en est la
preuve.
L’investisseur
moyen devrait reconnaître qu’il ne lui reste pas beaucoup de
temps pour acheter des métaux précieux avant qu’une
hausse substantielle de la demande de fasse flamber le prix de l’or.
Seul un faible changement en termes de portefeuille d’investissement
par les plus grandes institutions suffirait à en faire flamber le
prix.
Je
pense que nous sommes à l’orée d’une ruée
vers l’or. Le prix de l’or est sur le point d’atteindre de
vrais records, avant même que les investisseurs au détail aient
eu le temps d’y prendre part. Bien que vous ayez manqué la
hausse des prix de cette dernière décennie, vous avez toujours
une chance d’acheter de l’or avant la débandade.
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