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La Sécurité sociale et la question du maintien des droits

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Published : October 25th, 2013
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Dans un précédent article, nous avions insisté sur certaines défaillances de notre système de protection sociale. Nous avions effleuré l’idée selon laquelle les charges sociales pèsent sur l’emploi. Nous avions aussi indiqué que ce système que les Français aiment tant était de plus en plus inefficace.


En revanche, nous nous étions un peu moins penchés sur les bénéficiaires de l’« assurance sociale ».


En préambule, il convient de rappeler qu’en 1999, était votée la loi instaurant la CMU (couverture maladie universelle) qui sera, ensuite, mise en œuvre en 2000. Dans un pays qui se prétend être à la pointe de la protection sociale de ses citoyens, le simple fait de devoir créer aussi tardivement un tel dispositif pouvait s’analyser comme un désaveu.


Pour autant, cela signifie-t-il que seuls les salariés disposent d’une protection sociale ? La réponse est bien plus complexe que ce qu’il n’y paraît de prime abord. Le nombre de personnes couvertes demeure relativement important et ne se limite pas aux travailleurs. Le système, tel qu’il est conçu, indépendamment de la création de la couverture maladie universelle, laisse place aux abus et débouche sur un effet inverse à celui attendu comme nous allons le voir ci-dessous, notamment en termes d’emploi.


En effet, le remboursement des frais médicaux est conditionné de la façon suivante : il faut avoir cotisé, sur une période de référence, soit sur un certain montant, soit sur une durée minimum.


Ainsi, il faut :

-          pendant un mois ou trente jours consécutifs : avoir travaillé au moins 60 heures, ou avoir cotisé sur un salaire d’au moins 60 fois le SMIC horaire (soit 553,2 €) ;

-          pendant trois mois : avoir travaillé au minimum 120 heures, ou avoir cotisé sur un salaire minimum de 120 fois le SMIC horaire (soit 553,2 €) ;

-          pendant un an : avoir travaillé au minimum 1200 heures ou avoir cotisé sur un salaire d’au moins 2030 fois le SMIC horaire (soit 18716,6 €).


Les congés payés sont inclus dans le calcul des heures travaillées de même que le chômage partiel, par exemple.


Reste à se poser la question des droits sociaux de salariés perdant leur emploi. Ces derniers jouissent d’une disposition transitoire favorable : le maintien des droits. La question du maintien des droits à l’assurance sociale mérite attention au vu des enjeux qu’elle implique. La problématique est la suivante : qui est susceptible d’en bénéficier ?


Le maintien des droits est souvent transitoire et vise à offrir une sécurité temporaire à ses « anciens » bénéficiaires.


Il s’applique donc :

-          Au salarié au chômage qui n’est pas indemnisé par Pôle Emploi. En l’espèce, la durée est d’un an à compter de la rupture du contrat de travail.

-          Au salarié au chômage qui n’est plus indemnisé par Pôle Emploi. Dans ce cas, il n’y a aucune limitation de durée et le départ du maintien des droits débute à compter de la fin du versement de l’allocation-chômage.

-          Au salarié pendant un congé sabbatique, un congé sans solde, un congé pour création d’entreprise. Comme pour le premier cas, la durée est d’un an à compter de la cessation de l’activité salariée.

-          À l’étudiant qui a terminé ou interrompu ses études. Ses droits sont maintenus à compter de la fin de sa dernière année universitaire et sa durée dépend de sa situation ultérieure (début d’une activité salariée, chômage, âge, etc.).

-          À la personne ayant-droit d’un assuré social lorsqu’elle ne remplit plus les conditions pour être ayant-droit (divorce, rupture de la vie maritale ou du PACS, enfant de plus de 16 ans ne poursuivant pas ses études, etc.). Là encore, le point de départ du délai se situe au moment où les conditions ne sont plus remplies. Quant à la durée du maintien des droits, elle est, en principe, d’un an.

-          À la personne ayant-droit d’un assuré social décédé. La durée est, en principe, d’un an à compter du décès dudit assuré.

-          À la personne titulaire d’une pension, rente ou allocation, lorsqu’une telle pension, rente ou allocation est supprimée. Le point de départ du maintien des droits se situe au moment de la suppression.

-          Au salarié au chômage qui perçoit une indemnisation du Pôle Emploi et ce, jusqu’à la fin du versement de l’indemnisation.


Que se passe-t-il à l’expiration du maintien des droits ? Ces personnes bénéficient alors de la CMU (Couverture Maladie Universelle).


Que conclure de ce petit topo ? Tout d’abord, le fait que la CMU est une innovation bien moins révolutionnaire que ce qu’on a pu prétendre dans le passé. Le système du « maintien des droits » permet d’élargir considérablement – certes, pas à l’infini – le nombre de personnes bénéficiant de l’assurance sociale. Et il ouvre la voie à toutes les dérives : un salarié qui n’aura, par exemple, travaillé qu’un mois, sera couvert pendant une période de douze mois.


Ce système fait l’objet d’une auto-admiration en France, en ce qu’il est universellement protecteur. Personne ne serait laissé sur le carreau. Il répondrait ainsi aux impératifs de justice sociale.


Mais, en réalité, son coût exorbitant est indéniablement une des causes du chômage en France. Le Professeur Patrice François, qu’on ne saurait « suspecter » d’« ultra-libéralisme », explique lui-même que le coût du travail, induit par le coût élevé de la protection sociale, est source de délocalisations, lesquelles détruisent des emplois en France.


De la même manière, le système social français est non seulement coûteux mais on pourrait ajouter que son efficacité est moindre, en témoignent les déremboursements constants que subissent les assurés sociaux.


Malheureusement, le vent de réformes structurelles n’est pas encore arrivé.

 

 

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Ronny Ktorza, diplômé de l'IEP d'Aix-en-Provence et d'HEC, est avocat depuis janvier 2011
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Le délai d'un an n'est qu'un constat, un adaptation de la théorie à la réalité.
En effet, la machine est lourde et lente et elle a besoin d'environ un an pour radier un assuré.
Raccourcir le délai légal ne changera pas le délai réel.
Il faut changer la réalité pour qu'un éventuel nouveau délai légal soit crédible et appliquable.

(Et si au cours des 12 mois l'assuré retrouve une situation génératrice de droits, l'administration n'a plus besoin de le radier. Plus ce délai s'allonge et moins elle a de travail à fournir).
On peut lire, sur ce site, toute une série de grosses bêtises. Enfermés dans leurs dogmes, les contributeurs ne voient qu'une partie du problème.
>Et il ouvre la voie à toutes les dérives : un salarié qui n’aura, par exemple, travaillé qu’un mois, sera couvert pendant une période de douze mois.

La question est la santé publique, pas uniquement la santé des individus.
Et en matière de santé, la prévention coute moins cher que les traitements. En bon néolibéral, une analyse couts -bénéficies ne doit pas vous effrayer. Pour vous mettre sur la voie : la vaccination contre la polio est un problème de santé publique et ne pas vacciner les pauvres implique que tous, riches et pauvres, soient menacés. Faites donc une analyse économique sérieuse ... sans vous vanter de pouvoir offrir à vos enfants les précieux vaccins.
Quand votre pingrerie fait que un pourcentage de tuberculeux se promène sans dépistage et sans traitement dans les métros de Paris ... il ne vous reste plus qu'à vous offrir systématiquement le taxi, ce qui, individuellement, fini par vous couter plus cher que la sécurité sociale / CMU.

> son coût exorbitant est indéniablement une des causes du chômage en France.

Alors là !
La bêtise néo libérale à ouvert les frontières de l'Europe, permis l'entrée des marchandises produits grâce à un dumping social, permis les délocalisations.
Le résultat d'une absence de protectionnisme aux frontières de l'Europe, connerie que ni les USA, ni la Chine ne s'appliquent à eux -mêmes, fait que les emplois ont disparu en Europe de l'Ouest. Disparus. Croyez vous vraiment que 5 000 000 d'emplois vacants existent en France ? Et des emplois, il en faut pour tout le monde : les manuels (plombiers, bucherons, balayeurs, ...) qui font votre confort, les "intellectuels" qui permettent votre activité, les jeunes inexpérimentés, les gens proches de la retraite, ... La société ne doit pas exclure et elle en a les moyens.
Ou bien on peut aussi exclure vos proches, agés de plus de 60 ans, faire perdre leurs énergies à vos enfants, stagiaires corvéables jusqu'à 30 ans?

L'idéologie néo libérale qui transpire de votre article va amener (parce que je vois bien que les sociétés y vont joyeusement) une tension sociale qui va exploser. Bientot.
Dommage, ici aussi, une analyse neutre des couts-bénéfices vous enseignerait les alternatives. Ouvrir les yeux vous aveuglerait moins que votre myopie actuelle.

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On touche à la connerie de faire peser le coût de la santé et de la maladie sur le travail (essentiellement salarié).

Mais bon sang de bois quel rapport, si ce n'est celui de l'habitude ou de la facilité?
Effectivement, il n'y a pas de raison que le seul travail supporte les coûts de la santé (ou des maladies, selon que l'on envisage ou pas la prévention).
L'assiette de financement de la santé (mais on peut mettre les secteurs sociaux et notamment l'éducation) pourraient être financés, en plus, , par exemple, par une taxation sur les transactions financières ou sur les dividendes ou sur les plus-value des stock-options ...
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Je rappelle que la SMU n'est pas une création mais est une simple transformation du nom de ce qui existait déjà : l'AMG
soit " l'assistance médicale gratuite "appellation jugée trop dégradante.
Par ailleurs les cotisations pour la SMU n'incombent pas aux affiliés de la SS mais à l'Etat et concernent donc nos impôts.

Le vrai problème est que la SS est un véritable monopole, ne jouant pas- malgré divers rappel de l'UE- le jeu de la libre concurrence.
Mais la SS permet à l'Etat une mine de renseignements au niveau fiscal. En particulier la transmission à l'Etat des sommes déclarées des revenus par l'affilié
avec étude de concordance.
La perte du monopole de la SS n'est pas pour demain...

JP Guyot
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Est-ce que les sociétés privées font mieux que les États ?
Est-ce que la marge bénéficiaire des sociétés privées est moindre que la différence supposée d'efficience ?
Puisque sur le chiffre d'affaire brut, on peut estimer que ce qui est servi aux bénéficiaires est ce chiffre d'affaire moins les couts de fonctionnement. Cout de fonctionnement qui comprend des dividendes dans un cas, pas dans l'autre.

Maintenant, si on parle de déficit ... alors on ouvre la question aux taux et à l'assiette, aux dépenses sociales que sont les exonérations diverses et généreuses (exercice : donner les noms des principaux bénéficiaires des dispenses sociales).
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@guyot

vos affirmations sont fausses :

en réalité, le "monopole" de notre si magnifique, si "équitable" et "si performante" Sécurité Sociale n' existe plus depuis déjà plus de 15 ans ( car absolument non conforme aux directives européennes ( dans ses dispositions relatives à la libre circulation des personnes, des travailleurs, des entreprises et des capitaux ) pourtant transposées et ratifiées dans le droit français ), et ce d' autant plus que ses différentes branches ne sont pas régies par un système légal ( qui s' appliquerait derechef et uniformément à tous les Français ) mais par un système d'assurances pluri-catégorielles par branches professionnelles et dont les organismes ou filiales ( régies par le code de la mutualité et non par le Code de la sécurité sociale ) est soumis aux lois de la concurrence par les assureurs privés européens habilités et pour la couverture du risque au premier €uro... en fait, il ne s' agit plus d' un problème d' interprétation du droit depuis belle lurette ( d' ailleurs évidemment et honteusement nié par des T.A.S.S. "juges et parties" et complètement à la botte complète du Système ) mais d' un problème éminemment politique... notre chère "Sécu" mise en place par les communistes en 1945 est l' emblème et le fondement même de notre France collectiviste... admettre sa ( légitime ) perte de monopole par nos soit-disant élites gouvernementales serait remettre en cause la structure même de tout l' Etat providence collectiviste français ce qui, au mépris du droit et des évidences est bien sûr et idéologiquement, totalement insupportable pour nos dirigeants U.M.P.S. et autres apparatchiks de tous poils...

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@guyot vos affirmations sont fausses : en réalité, le "monopole" de notre si magnifique, si "équitable" et "si performante" Sécurité Sociale n' existe plus depuis déjà plus de 15 ans ( car absolument non conforme aux directives européennes ( dans ses  Read more
fredbob - 10/28/2013 at 9:27 AM GMT
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