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Le dollar
américain a chuté par rapport aux principales monnaies des
autres pays industrialisés au cours des dernières semaines, atteignant
même son plus bas point en trois ans vis-à-vis du yen. Est-ce la
fin des illusions pour une monnaie surévaluée?
On sait que le dollar
constitue la principale réserve mondiale, c'est-à-dire qu'il
sert de référence aux autres monnaies, qui jouent un rôle
moins important dans l'échange international. Si la confiance des
investisseurs étrangers envers le dollar américain diminue, le
statut de celui-ci pourrait être remis en question, ce qui, à
son tour, conduirait à une dévaluation profonde et
générale des actifs américains, voire des actifs
mondiaux. C'est que la monnaie est à la base de l'économie et
lorsque sa valeur est remise en question, ce sont tous les actifs qui sont
affectés.
Les diverses monnaies du monde ne tirent plus leur valeur de l'or et de
l'argent métallique, pour lesquels elles se substituaient autrefois,
mais de la confiance exigée des individus par sanction
gouvernementale. On ne parle plus aujourd'hui que de papier-monnaie ou
monnaie fiduciaire, c'est-à-dire une monnaie qui n'a aucune valeur
physique autre que le papier sur laquelle elle est imprimée, mais
à laquelle l'État confère « cours
légal ».
Le problème, c'est que la confiance ne se transmet pas par voie
légale. La valeur économique d'une monnaie ne provient pas de
sa légalité, mais de son rattachement à un bien tangible
et désiré par plusieurs. Parce qu'ils sont
désirés pour leur valeur intrinsèque, leur
transportabilité, leur durabilité et leur divisibilité
en pièces homogènes, l'or et l'argent métallique ont
traditionnellement servi de monnaie.
De l'argent à
la tonne
Parce que les
Américains ont été de grands créateurs de
richesses, ils en ont fait profiter les étrangers qui ont
accumulé des sommes importantes de billets verts. Dans le même
temps, cependant, le gouvernement américain, à l'instar des
autres gouvernements du monde, imprimait de la monnaie à la tonne sans
se soucier d'appuyer cette masse monétaire croissante sur une
contrepartie métallique. Aussi longtemps que la demande pour le dollar
reste forte à l'étranger, les Américains peuvent se
permettre d'importer beaucoup plus de biens et services qu'ils n'en exportent
(en « exportant » des dollars), et à des prix
avantageux pour eux. Mais cette inflation a eu pour effet de créer toutes
sortes de distorsions dans l'économie américaine, notamment les
bulles financières.
Les dirigeants gouvernementaux de par le monde attribuent au dollar
américain une plus grande valeur à cause de la domination des
États-Unis sur les plans politique et économique. Pourtant, la
valeur du dollar diminue de la même manière que la monnaie des
autres pays, soit à mesure qu'il y a création de monnaie et de
crédit sans contrepartie réelle. Et lorsque la puissance d'un
pays tient davantage à la politique qu'à l'économie, ce
n'est qu'une question de temps avant que celle-ci dépérisse.
Le gouvernement américain n'est pas plus coupable parce qu'il imprime
et crée davantage de crédit que les autres gouvernements. Au
contraire, je dirais que les dirigeants de ces pays sont stupides d'attribuer
une plus grande valeur au dollar américain alors qu'il se
déprécie comme leurs propres monnaies.
Les investisseurs
étrangers, y compris des gouvernements, financent une portion
importante de la dette américaine. Lorsqu'ils jugeront qu'il y a mieux
à faire de leur argent que de l'investir aux États-Unis, cela
sonnera le glas du dollar américain comme référence et
réserve mondiales. La dette du gouvernement américain de
près de 7 billions (sept mille milliards) de dollars et les programmes
sociaux à court de financement pour un montant de 44 billions de
dollar rendent cette conclusion inéluctable.
Suite à l'abandon de la réserve américaine il n'est pas
du tout sûr que les gouvernements du monde choisissent l'or ou l'argent
métallique pour la remplacer, mais ces derniers pourraient
néanmoins profiter de la situation pour s'apprécier en valeur.
Le mouvement à la hausse de ces métaux depuis peu de temps
pourrait se prolonger sur des années si un tel scénario se
concrétisait.
Référence
métallique
Si les politiciens
avaient vraiment à coeur notre bien, ils adopteraient dans les plus
brefs délais une référence métallique,
préférablement l'or, car la dette publique accumulée
dans la plupart des démocraties occidentales est, en
général, proportionnelle à celle du gouvernement
américain. La seule différence est que celle-ci est plus
médiatisée. Plus les politiciens attendent pour ce faire, plus
nous en paierons la note. Il est dans l'intérêt de tous
d'adopter une monnaie qui maintient sa valeur.
Les politiciens et banquiers qui profitent du système actuel peuvent
bien tenter de nous charmer et nous implorer de garder confiance en la
monnaie actuelle, car celle-ci n'a effectivement de valeur que dans la mesure
où nous lui accordons notre confiance. Malheureusement, il s'agit
d'une confiance mal placée puisqu'elle est à l'origine des
cycles économiques qui nous appauvrissent et qu'elle permet le
financement des aventures militaires comme celle en Irak.
La fin de la suprématie du dollar américain aura probablement
un effet domino sur une majorité des pays du monde. Cela ne se fera
pas sans heurt et c'est pourquoi la mise en place d'un moyen d'échange
honnête, qui s'exerce en parallèle à la monnaie actuelle,
est souhaitable dès maintenant pour adoucir la transition.
André Dorais
André
Dorais a étudié en philosophie et en finance et vit à
Montréal.
Les vues présentées par l’auteur sont
les siennes et peuvent évoluer sans qu’il soit nécessaire
de faire une mise à jour.
Les articles présentés ne constituent en rien une
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