« Cette
élection a été perdue il y a cinq ou six ans, et pas cette année. Ils n’ont
pas commencé à penser aux petits individus avant le début des campagnes
présidentielles.
La monnaie a été
appropriée pour ceux d’en haut, dans l’espoir qu’elle ruisselle jusqu’à ceux
dans le besoin. Mr Hoover était un ingénieur. Il savait que l’eau ruisselle
vers le vas. Commencez par arroser le haut, et vous la verrez bientôt
atteindre les zones les plus arides d’en bas.
Mais il ne
savait pas que la monnaie ruisselle vers le haut. Donnez-la à ceux d’en bas,
et ceux d’en haut finiront par en disposer sous peu de temps. Mais elle sera
au moins passée entre les mains des plus pauvres.
Ils ont sauvé
les grosses banques, mais les plus petites sont parties en fumée. »
Will Rogers, 5 décembre 1932
J’ai dit hier que je perçois l’or et l’argent comme étant plafonnés pour une
raison. Mais c’est difficile à dire, avec une Fed non linéaire.
Certaines choses commencent aujourd’hui à devenir plus
claires. La Fed a besoin de faire grimper les taux pour refroidir l’économie.
Elle veut faire grimper les taux pour ses propres fins politiques. Afin de
pouvoir les abaisser à nouveau lorsque la bulle sur les actifs papiers finira
par exploser.
Nombreux sont ceux qui ne comprennent pas tout ça. Qui ne
savent pas les leçons que nous a apprises l’Histoire. Mais les « experts »
devraient en être conscients. Et ils le sont. Ils ne le disent peut-être pas,
ils ne l’admettent peut-être pas, ils se laissent peut-être convaincre, ils
parviennent peut-être à ignorer les doutes qui les rongent, mais ils savent
exactement ce qu’ils font, ce qu’ils défendent, et ce qu’ils rendent possible
par leur seul silence.
Pourquoi continuent-ils de poursuivre les mêmes politiques
défaillantes, ou de les défendre grâce à des prévisions inexactes et de
fausses déclarations ? Pourquoi les riches prospèrent-ils alors que le
pays dans son ensemble stagne, et ce des années durant ?
Pourquoi les politiciens font-ils tout leur possible pour
conserver les choses comme elles sont, alors qu’ils savent très bien
eux-mêmes que le système ne convient pas à ceux qu’ils se sont engagés à
servir ?
C’est là que se trouve la trappe de la crédibilité. Les
politiciens tentent de maintenir la situation comme elle est parce que, du
moins pour ce qui est d’eux-mêmes et de leurs amis, les temps sont plutôt
bons, voire même profitables. L’innovation présente un risque, et le consensus
des insiders offre une forme de sécurité. Les insiders ne disent pas de mal
de leurs semblables, de leurs connexions et de leur maudite camaraderie.
Ils sont coincés entre le Charybde et Scylla de la fierté et
du profit.
Ils ne gagnent pour l’heure pas grand-chose, mais dans le
sens large, ils sacrifient tout, parole et honneur, pour la vanité et l’illusion
de pouvoir. Ils se pensent exceptionnels, mais la triste vérité, c’est que
leur histoire est aussi datée que Babylone, et aussi diabolique que le péché.
BILL
MOYERS: Et vous
dîtes que cette oligarchie consiste en six grosses banques. Quelles sont ces
banques ?
JAMES
KWAK: Elles
sont Goldman Sachs, Morgan Stanley, JPMorgan Chase,
Citigroup, Bank of America, et Wells Fargo.
BILL
MOYERS: Vous
écrivez qu’elles contrôlent 60% de notre PIB ?
JAMES
KWAK: Leurs actifs
sont équivalents à 60% de notre PIB. Pour remettre les choses dans leur
contexte, au milieu des années 1990, les actifs de ces six banques et leurs prédécesseurs,
puisqu’il y a eu beaucoup de fusions, représentaient moins de 20% du PIB.
BILL
MOYERS: Quelle est
la menace représentée par une oligarchie de cette taille et de cette échelle ?
SIMON
JOHNSON: Elle peut
distordre le système, Bill. Elle peut changer les règles du jeu en sa faveur.
Et malheureusement, dans la finance moderne, lorsque les règles vont en votre
faveur, vous prenez de gros risques. Et vous faites parfois tout s’écrouler,
parce que ce n’est pas votre problème. Quand tout s’écroule, c’est le
contribuable ou le gouvernement qui doit se charger de réparer les dégâts.
BILL
MOYERS: Donc vous
ne rigolez pas quand vous dîtes qu’il s’agit d’une oligarchie.