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La crise
irlandaise, qui sévissait déjà depuis quelques
années, a atteint son paroxysme en novembre 2010, date à
laquelle le pays accepta
de recourir au Fonds européen de stabilisation financière mis
conjointement en place par l’Union européenne et le FMI.
Comment ce
pays, si souvent loué par les libéraux pour ses réformes
audacieuses, a-t-il pu sombrer dans une crise économique sans
précédent, marquée par une profonde
récession ?
Philipp Bagus, jeune
économiste de l’Université madrilène Rey Juan
Carlos, s’était fendu, l’an passé, d’un intéressant
article à ce sujet. En résumé, le faible taux
d’imposition sur les sociétés pratiqué par ce pays
(12,5%) attira de nombreuses banques et les bas taux de la BCE permirent
à ces dernières de se refinancer plus facilement
qu’auparavant et donc de prendre beaucoup plus de risques. Cela
déboucha naturellement sur une importante expansion de crédit,
puis sur une bulle immobilière semblable
(dans ses causes et effets mais non dans ses chiffres) à celle qui a frappé
les États-Unis. Les banques irlandaises subirent de plein fouet cette
crise mais le gouvernement vint à leur rescousse, injectant 50
milliards d’euros dans le système bancaire.
On retrouve
ainsi une constante inhérente aux réactions étatiques
à la crise : la socialisation des pertes privées, au
bénéfice des puissantes banques et au détriment des
contribuables – y compris les plus petits. On comprend mieux pourquoi
la population irlandaise grondait contre ce plan inique, d’autant
qu’il implique une hausse de la TVA de 21% - soit un taux
déjà très élevé – à 23%.
L’Union
européenne et le FMI ont également octroyé des
prêts d’un montant de 85 milliards d’euros à
l’Irlande : un tel geste n’est toutefois pas
dénué d’arrière-pensées puisque,
derrière, la question de la centralisation européenne revient
sur le tapis, les autorités de Bruxelles espérant sans doute
une harmonisation fiscale au sein de l’Union européenne. Or, on
sait que la situation fiscale irlandaise agace profondément les
eurocrates, qui n’ont jamais laissé tomber l’idée
d’un impôt sur les sociétés convergent au sein des
27 membres de l’UE, bien que les autorités irlandaises
continuent de résister
aux pressions en la matière.
Philipp Bagus craint
que la crise irlandaise permette la concrétisation de ce dessein de
grande union politique européenne. On peut tout de même en
douter, tant ces multiples plans déplaisent à des populations
toujours plus lasses de devoir, non seulement, contribuer aux erreurs de
leurs propres dirigeants mais, en plus, au nom de la solidarité, de
subventionner les dérives budgétaires des autres États
de l’Union.
Peut-on tout
de même être résolument optimiste pour l’avenir de
l’Irlande ? Certes, le pays vient de reprendre le chemin de la croissance
et l’OCDE fait preuve d’optimisme.
Mais les banques demeurent sous perfusion et une faillite de celles-ci
risquerait d’entraîner de nouveau une intervention gouvernementale
pour aider lesdites banques, replongeant le pays dans une situation toujours
plus critique sur le plan des finances publiques. De plus, la gestion des
prêts immobiliers y demeure délicate, l’économiste
irlando-russe Constantin Gurdgiev ayant noté
une augmentation significative des emprunts immobiliers à risque ou en
situation de défaut au second trimestre 2011. Nous resterons donc
relativement prudents avant de parier sur un nouveau « miracle
irlandais ».
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