Dans
le monde réel, il y a l’offre monétaire, et il y a la demande en monnaie. Il
n’existe pas de « vitesse de circulation »de la monnaie. La « vitesse
de circulation de la monnaie » n’existe que dans l’univers académique et
n’est pas un concept utile, que ce soit en termes économiques ou en matière
de spéculation sur les marchés financiers.
Comme
c’est le cas pour tous les autres prix, le prix de la monnaie est déterminé
par l’offre et la demande. L’offre et la demande sont toujours égales, et le
prix se trouve ajusté pour maintenir le niveau d’équilibre. Une offre accrue
génère bien souvent une baisse de prix, mais ce n’est pas nécessairement le
cas. La réaction du prix est déterminée par la demande. Par exemple, si
l’offre grimpe et que la demande grimpe davantage, alors pour que soit
maintenu l’équilibre entre l’offre et la demande, le prix doit grimper malgré
la hausse de l’offre.
Pour
ce qui est du prix, la différence majeure entre la monnaie et tout le reste
est que la monnaie n’a pas un seul prix. Parce que la monnaie se trouve d’un
côté d’une grande majorité des transactions économiques, il existe de
nombreux (peut-être même des millions de) prix de la monnaie à n’importe quel
moment. Dans le cadre d’une transaction, le prix d’une unité de monnaie peut
être une pomme de terre, alors que dans le cadre d’une autre transaction
effectuée au même instant, il peut être 1/30.000e d’une voiture.
C’est la raison pour laquelle toutes les tentatives de déterminer un seul
prix – au travers de l’IPC ou de l’IPP – pour représenter le prix de la
monnaie, sont, au mieux, malavisées.
Si
la vitesse de circulation de la monnaie n’existe pas dans le monde réel,
pourquoi tant d’économistes et analystes ne cessent de la mentionner ?
La
réponse à cette question est que la vitesse de circulation de la monnaie
s’intègre dans l’équation très populaire de l’échange, qui peut s’exprimer
ainsi :
M*V
= P*Q
Où
M est la masse monétaire, V la vitesse de circulation de la monnaie, Q la
quantité totale de transactions au sein de l’économie, et P le prix moyen par
transaction. Cette équation est une tautologie, dans le sens où elle ne dit
rien d’autre que « la valeur monétaire totale de toutes les transactions
au sein de l’économie est égale à la valeur monétaire totale de toutes les
transactions dans l’économie ». Elle est très simpliste, et V est tout
simplement ce qui est nécessaire pour rendre le côté gauche égal au côté
droit. En d’autres termes, V est un facteur qui rend un côté inutile de
l’équation égal à son autre côté tout aussi inutile.
Une
autre manière d’exprimer l’équation de l’échange est la suivante : M*V =
PIB nominal, ou V = PIB/M. A chaque fois que vous voyez un graphique
représentant V, tout ce que vous voyez en réalité est un graphique du PIB
nominal divisé par une mesure de la masse monétaire. C’est la raison pour
laquelle une forte hausse de la masse monétaire va souvent main dans la main
avec un déclin important de V. Par exemple, le graphique suivant, intitulé Velocity of M2 Money Stock, montre le PIB divisé
par la masse monétaire M2. Parce que nous avons été témoins d’une importante
hausse de la quantité de dollars au cours de ces 17 dernières années, ce
graphique montre une tendance baissière longue de 17 ans de la « vitesse
de circulation de la monnaie ».
Notez
que sur la période de 17 ans couverte par le graphique suivant, nous avons
traversé de multiples périodes de croissance et de récession, dont aucune n’a
été prédite par la vitesse de circulation de la monnaie. En revanche, chacun
de ces épisodes a été apporté par un changement du taux de croissance de la
masse monétaire réelle.
Source: https://research.stlouisfed.org/
La
vitesse de circulation de la monnaie n’existe pas en dehors d’une équation
mathématique qui, en raison de sa nature simpliste et tautologique, ne peut
pas expliquer de manière adéquate un phénomène du monde réel.
|