Le printemps
ne réussit décidément pas à tout le monde.
Après avoir solennellement démenti la rumeur devant
l’assemblée nationale, Jérôme Cahuzac,
le ministre du budget du gouvernement Ayrault est passé
aux aveux la semaine dernière : Oui, il a bien eu un compte
bancaire en Suisse. Et non, il n’en a pas informé le fisc…
François
Hollande, voyant se fissurer sa République irréprochable,
normale, et réconciliée avec elle-même, promet un nouveau
choc. Un choc de moralisation. Comment ? En créant une structure
de contrôle supplémentaire, une nouvelle « Haute
Autorité » qui devrait remettre de l’ordre et de la
vertu dans ce monde politique qui est décidément rarement le
premier à suivre le chemin qu’il trace pour les autres. (Il est
d’ailleurs permis de s’interroger sur l’utilité de
la Commission pour la
transparence financière de la vie politique, financée par
l’argent des contribuables depuis 1998…)
Les paradis
fiscaux sont à nouveau dans le viseur, et l’opprobre
jetée sur tous ceux qui ont voulu protéger une partie de leur
épargne de l’engloutissement fiscal. Un véritable concours de
transparence a suivi l’affaire, occasion d’un haut ridicule
médiatique : Tel ministre et sa vieille auto, tel autre et son
fauteuil design… Tous plus pauvres les uns que les autres, on aurait
presque pitié.
Pourtant,
cette affaire Cahuzac révèle un mal
qui ronge la France : le niveau d’imposition nécessaire pour
contenir l’hémorragie de la dépense publique (sans
d’ailleurs y parvenir) a transformé notre pays en enfer fiscal.
Au point que même le ministre en charge d’équilibrer les
comptes s’organise discrètement pour ne pas étouffer sous
le poids du fardeau qu’il met en place.
La
véritable moralisation de l’État, serait qu’il ne
se transforme pas en prédateur des richesses créées, et
des patrimoines épargnés. Et la seule vraie réforme pour
lutter efficacement contre la fraude fiscale serait de faire de la France un
paradis fiscal. Car si l'on n'a pas encore renoncé à tout
avenir heureux pour notre pays, la logique élémentaire voudrait
que l'on dissuade les riches de partir, pas de rester.
Au lieu de
cela, François Hollande créée une nouvelle usine
à gaz qui sans pouvoir évidemment éviter la
malhonnêteté, aura un coût. Ce coût alourdira encore
le poids de la dépense publique, et aggravera mécaniquement la
situation fiscale. Finalement, croyant moraliser le monde politique, il
incitera en réalité ceux qui ont de l’argent à prendre
des mesures encore plus radicales pour éviter un impôt devenu
confiscatoire.
Il ne s'agira
alors peut-être plus de fraude, mais tout simplement d'exil, comme
l'évoquait à l'Assemblée nationale le
député de la Réunion Thierry Robert, qui a lancé
lors d'un point presse : « Si on continue à ne pas
encourager l'investissement et le développement, j'en aurai marre de
payer tout le temps et je pourrais quitter la France ».
La
moralisation risque en réalité de se transformer assez vite en
démoralisation générale, contre laquelle l’État ne
pourra plus rien. Et devant cet échec, devant l'exil programmé
de ceux qui produisent encore un peu de richesse, comme ce fut toujours le
cas dans les pays socialistes, il faudra sans doute un jour finir par les
empêcher physiquement de partir.
Et ce jour là, la morale aura définitivement
été enterrée en France.
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