La zone euro pourrit de l’intérieur

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Published : January 22nd, 2015
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J’abordais le 6 octobre dernier le sujet de la baisse de 5,7% des commandes passées aux usines allemandes, la plus importante enregistrée depuis 2009.

Le mois précédent, les commandes avaient gagné 4,9%, j'ai donc résumé la situation en disant qu’en moyenne, « les commandes ont perdu 0,4% par mois depuis deux mois. Nous atteignons donc un total de quatre mois de déclin consécutifs ».

Les chiffres de l'Allemagne ont été particulièrement volatiles en raison des vacances scolaires, mais il n’y a aucun moyen  de décrire quatre mois de déclin autrement qu’en parlant de faiblesse générale.

L’Allemagne réduit ses prévisions

Le 14 octobre, comme nous aurions pu nous y attendre, l'Allemagne a réduit ses prévisions économiques.

Contrairement aux prévisions optimistes qui ont été émises il y a six mois et s’attendaient à une croissance de 1,8% en 2014 et de 2% en 2015, le gouvernement s’attend désormais à ce que le PIB gagne 1,2% en 2014, et 1,3% l’année suivante.


Ces chiffres font suite à la publication la semaine dernière des chiffres manufacturiers, qui ont suscité des inquiétudes auprès des officiels financiers réunis à Washington à l’occasion de la réunion annuelle du FMI face à la faiblesse économique au cœur de la zone euro, qui pourrait miner l’économie globale.


Malgré le pessimisme ambiant, Berlin pense encore que l’Allemagne pourra éviter une récession, définie comme étant deux trimestres de contraction successifs. Après un déclin de 0,2% au cours des trois mois qui ont précédé le mois de juin, Berlin s’attend à avoir enregistré une croissance au troisième trimestre, contrairement aux attentes de certains économistes bancaires.


Les usines allemandes suppriment des emplois


Il est évident qu’une récession se développera en Allemagne, mais quand ? Son modèle d’exportation s’en est bien mieux tiré que ce à quoi nous aurions pu nous attendre au vu du ralentissement de l’économie globale.


Nous avons désormais les preuves qu’une récession se développera tôt ou tard en Allemagne. Voici un extrait de l’article German Companies Tread Unfamiliar Territory with Job Cuts :


Alors qu’il y a quelques mois, l’afflux de containers commençait à ralentir dans le port de Duisburg, les employés du plus gros port fluvial du pays ont été prévenus que la machine d’exportation allemande avait commencé à fléchir.


L’afflux de containers dans le port, qui est situé sur le confluent du Rhin et de la Ruhr, était supposé regrimper cette année. Mais au vu des docks et des sièges d’entreprises, la situation devient de moins en moins certaine.


Les exportations allemandes ont perdu 5,8% en août depuis le mois de juillet – leur plus grosse baisse depuis l’apogée de la crise financière en 2009. L’économie risque désormais de sombrer dans la récession, et le gouvernement a déjà réduit ses prévisions de croissance pour 2014 et 2015.


Avec le ralentissement de la demande chinoise, la baisse des commandes russes et la situation dans laquelle se trouve actuellement la zone euro, certaines compagnies n’ont plus rien qu’un surplus de production et d’employés.


Les sociétés allemandes se serrent la ceinture. Siemens, le conglomérat d’entreprises d’ingénierie, devrait supprimer des postes dans le domaine de l’énergie, en raison d’une baisse de la demande européenne en turbines à gaz. La compagnie a refusé de confirmer, lors d’un récent rapport radio, l’éventuelle suppression de 1.200 postes sur un total de 118.000 en Allemagne.


Martin Winterkorn, le directeur général de Volkswagen, le plus gros fabricant automobile européen en termes de ventes, a annoncé en juillet une réduction de coûts de 5 milliards d’euros par an qui pourrait inclure le recours à une main d’œuvre temporaire.


Rainer Hundsdörfer, directeur général d’EBM Papst, une usine familiale spécialisée dans la fabrication de ventilateurs, a dit juger « important de ne pas être trop pessimiste ». Il pense que l’Allemagne pourrait ne faire l’expérience que d’un ralentissement temporaire et ne se trouve pas nécessairement à l’aube d’une nouvelle crise.


Une sur-dépendance aux exportations


Selon Wolfgang Münchau, la grande faiblesse de l’Allemagne est sa dépendance aux exportations.


L’une des grandes idées fausses concernant la zone euro a été celle de la force innée de l’Allemagne – l’idée que les réformes en matière de compétitivité aient transformé un traînard en un leader. C’est complètement ridicule. Le modèle allemand repose sur la présence d’une croissance insoutenable dans le reste du monde. Cette croissance touche désormais à sa fin en Chine et dans une majorité de pays émergents, ainsi qu’en Russie. Ce que nous avons vu la semaine dernière est ce qui se passera une fois que le monde retrouvera un équilibre commercial : l’Allemagne enregistrera une croissance économique moindre.


Auparavant, la caractéristique principale de la zone euro a été une croissance importante au centre, qui a partiellement masqué la contraction enregistrée en périphérie. Aujourd’hui, le centre et la périphérie sont affaiblis. Et la réponse politique n’est pas suffisante. Il n’est pas difficile de conclure qu’une stagnation séculière est moins un danger que le scénario le plus probable.


Au-delà des mathématiques

Je suis d’accord avec Münchau au sujet de la stagnation (je pense que la récession est une évidence, et qu’une nouvelle crise lui fera suite dans la zone euro). En revanche, et c’est typiquement le cas, je ne suis pas d’accord avec lui pour ce qui concerne les solutions à mettre en place.

Tous les pays ne peuvent pas enregistrer de surplus commercial. C’est une réalité mathématique. Et pourtant, chaque pays veut exporter pour pouvoir se tirer d’affaire. L’Allemagne voudrait que tous les autres pays soient un peu plus comme elle.

Il est mathématiquement impossible que les autres pays deviennent plus comme l’Allemagne sans que l’Allemagne devienne elle-même moins comme l’Allemagne.

Les mathématiques ne sont pas le problème

Nous pouvons présumer que Münchau serait d’accord avec les mathématiques de surplus commerciaux. Mais les mathématiques ne sont pas le problème.

La France est un cas à part en raison de ses politiques socialistes absurdes, ses lois du travail, sa législation agricole et ses restrictions en général. L’Italie est dans une situation similaire, avec une bureaucratie encore plus importante et un ratio dette-PIB à en couper le souffle.

La France et l’Italie demandent toutes deux une exemption aux lois budgétaires et un délai pour atteindre leurs objectifs de déficit. Mais une dépense gouvernementale accrue ne peut pas être une solution. Les dépenses gouvernementales représentent déjà 57% du PIB de la France. La France a désespérément besoin de moins, et non de plus, de dépenses gouvernementales.

Une réforme seule est insuffisante. L’euro a de profondes lacunes.

Quatre possibilités pour la zone euro

  1. Viendra un temps où la Grèce, l’Italie ou la France en aura assez de la récession et de la stagnation et prendra la décision de quitter l’euro
  2. L’Allemagne et les Etats européens du nord de l’Europe refinanceront le reste de l’Europe
  3. L’Allemagne pourrait quitter la zone euro sans trop de désordres
  4. Des décennies de stagnation prendront place si la zone euro demeurait intacte


L’option numéro deux semble tentante mais présente une grosse lacune. L’Allemagne n’accepterait jamais de plans de sauvetage de cette nature, et constitutionnellement, même si elle le voulait, elle n’en aurait pas la possibilité. L’Italie et la France sont de trop gros pays. Il n’y a aucune autre solution que celles-ci.


Des législations budgétaires élargies n’aideront en rien


L’Allemagne ne sera pas d’accord avec une modification de la législation budgétaire, et même si elle l’était, cela ne changerait rien.


Le problème avec l’Europe n’est pas la législation budgétaire ou des dépenses gouvernementales trop peu élevées. Son problème est l’importance du gouvernement, et une législation absurde concentrée autour d’un euro souffrant de fortes lacunes.


Les problèmes structurels mènent à des déséquilibres commerciaux et d’autres déséquilibres au sein de la zone euro, ce qui ne fait qu’accentuer les problèmes de productivité déjà sérieux.


L’expérience de la zone euro a échoué. La meilleure option est désormais de la dissoudre. Je suppose que Münchau le sait, mais refuse de l’admettre publiquement.


 

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Réflexions sur de débat de l’inflation /déflation/stagnation et autres remarques sur l’or, l’argent, les monnaies, les taux d’intérêts et les politiques monétaires affectant les marchés mondiaux.
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Bah non, tout va bien. Obama a dit que la crise est finie, et en Espagne le taux de chômage fond comme neige au soleil.. tout va très très très bien. C'est pour ça qu'il y aura un QE européen d'ailleurs.

Blague à part, un exemple belge de comment tout va tellement bien : un gros concessionnaire (3 magasins) Opel déclare faillite récemment.
Raisons invoquées : pression des importateurs, pression des banques (et ouais les banques).
Mais surtout : disparition des bonus à l'achat de véhicules propres (en l'occurrence Opel Ampera dont personne ne veut) et désintérêt pour la marque.

Tentative de conclusions :
- Les banques.... (no comment)
- Les véhicules propres, électriques : en réalité personne n'en veut, c'est du f**tage de gueule (plus de la moitié des ventes sont faites aux concessionnaires pour leurs modèles de démonstration, traduisez : pour vendre un VE, le concessionnaire doit en acheter deux)
- La marque allemande Opel n'intéresse plus grand monde depuis qu'elle est devenue américaine (GM), un problème de qualité ? (tous les classements de fiabilité des voitures mettent Opel dans le bas du tableau)
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Bah non, tout va bien. Obama a dit que la crise est finie, et en Espagne le taux de chômage fond comme neige au soleil.. tout va très très très bien. C'est pour ça qu'il y aura un QE européen d'ailleurs. Blague à part, un exemple belge de comment tout v  Read more
RalphZ - 1/22/2015 at 8:30 AM GMT
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