Depuis
le début de la crise, j’ai entendu beaucoup de personnes
affirmer que l’éventuelle adoption par le gouvernement
d’une politique de laisser-faire économique reviendrait à
ne rien faire contre la crise. À baisser les bras face aux
évènements hier; à capituler face à la
récession aujourd’hui.
Le
postulat sous-jacent est qu’il est toujours – toujours !
– mieux que le gouvernement fasse quelque chose plutôt
qu’il s’abstienne. Recommander au gouvernement qu’il cesse
pour une fois de tenter de contrôler la vie économique est vu
comme une façon de céder au désespoir. Certains ajoutent
qu’en démocratie, jamais l’électorat ne
tolèrerait une telle politique.
Cette
étrange idée repose sur deux principes qui sont admis comme
vrais sans démonstration. Le premier est que le gouvernement saurait
comment améliorer la situation. Le second est qu’il a
intérêt à le faire.
« Si
seulement il avait le champ dégagé pour prendre toutes les
mesures correctives nécessaires, on verrait bientôt la
croissance dopée, l’emploi restauré
et la souffrance soulagée ! »
On
dit des commentateurs qui objectent à
la mise en place de ces mesures qu’ils sont à n’en pas
douter des rabat-joie aux idées dépassées, des saboteurs
probablement égoïstes voire des anarchistes en boutons de
manchette.
« Le
gouvernement n’a qu’à appuyer sur
l’accélérateur au moyen d’une politique
d’expansion budgétaire (davantage de dépenses de l’État) et
monétaire (encore plus d’inflation) et le moteur
économique s’accélèrera. Et si le gouvernement a
déjà pris de telles mesures dans le passé sans résultat,
c’est qu’il doit encore presser plus fort sur
l’accélérateur ! »
Un
peu comme si le gouvernement doublait sa mise après chaque
échec à la roulette. Sauf
qu’il le fait avec votre argent et celui de vos enfants. Suis-je le seul à penser
qu’il doit sûrement exister une
approche plus responsable ?
Pour la liberté
économique et le progrès social*
Une
entreprise qui perd de l’argent est une entreprise qui ne parvient pas
à accomplir sa mission qui est de satisfaire durablement les personnes
qu’elle sert : ses clients.
Certains
analystes – dont je fais partie – recommandent que le gouvernement
reste à l’écart quand une entreprise fait faillite. Ce
n’est qu’en laissant une entreprise qui perd de l’argent
faire faillite que l’on pourra améliorer la situation à
moyen et long terme.
Les
ressources humaines et matérielles seront réaffectées
loin de cette entreprise. Ces ressources iront où les perspectives de
satisfaire les préférences des consommateurs actuels et futurs
sont meilleures.
Les
faillites d'entreprises, le chômage et les autres développements
dramatiques en temps de crise attestent que des erreurs humaines ont
été faites. Ces erreurs doivent être corrigées,
pas encouragées.
Quand
le gouvernement, face à une entreprise non rentable, veut la soutenir à coup de renflouements,
de prêts bon marché, de subventions, il
ne fait que retarder (au mieux) ou empêcher (au pire) la
nécessaire réallocation des talents humains et des moyens
matériels dans l’économie.
Cette
assistance de l’État envers l’échec
ne soulage que ceux qui sont assez chanceux pour recevoir le butin de
l’argent public au détriment de tous les autres.
Pire,
en brouillant les signaux de prix, en falsifiant et en rendant illisible le
signal de la profitabilité qui indique aux personnes comment agir le
plus raisonnablement possible afin d’assurer la
prospérité sociale, l’État
ne fait que préserver une répartition économiquement
irrationnelle des ressources et crée ainsi une bombe à
retardement qui explosera plus tard sous la forme d'un crise plus grave
encore.
Ainsi,
ce qui semble être de prime abord de la compassion est en
réalité une assistance fallacieuse envers certains au
détriment des autres et – à moyen et long terme en
empêchant le progrès social général – au
détriment de tous.
Ceux
qui cèdent au désespoir sont donc ceux qui insistent pour que
le gouvernement agisse, même s’il ne peut pas agir de façon
constructive et si ses actions ne font qu’apaiser à court terme
les symptômes de l’échec sans le soigner, garantissant
ainsi une détérioration de la situation.
On
ne progresse pas en récompensant l’échec. On ne
bâtit pas un monde meilleur en faisant durer le pire.
* Intertitre
inspiré de l’Aleps
(l’Association pour la Liberté Économique
et le Progrès Social)
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