Bitcoin laisse rarement indifférent. Ceux qui s’y intéressent prennent souvent une position tranchée. Nous avons une posture d’observateur neutre (j’en possède d’ailleurs quelque peu, principalement après avoir expérimenté le mining avec une carte mère et trois cartes graphiques, le tout fixé sur une cagette à légumes…), reconnaissant ses avantages mais aussi ses inconvénients. L’un des grands débats est de savoir si Bitcoin est une monnaie ? Voici ce qu’en pense Jim Rickards et Peter Schiff :
« Tout au long de l’histoire, les plumes furent considérées ici et là comme une monnaie. Les coquillages furent utilisés en guise de monnaie d’échange. Le dollar et l’euro sont des monnaies. L’or et l’argent sont certainement des monnaies. Bictoin et les autres cryptodevises peuvent également être une monnaie.
Certaines personnes disent que la valeur de certaines formes de monnaie, comme le bitcoin et le dollar américain, ne repose sur rien. Mais c’est erroné : leur valeur repose sur une chose, la confiance.
Si vous et moi avons confiance en le rôle de monnaie de quelque chose et que nous nous mettons d’accord sur une telle utilisation, alors il s’agit d’une monnaie. Je peux affirmer que n’importe quoi est une monnaie, mais si je si le seul à le faire alors il ne s’agit pas d’une monnaie. La même chose s’applique à l’or, au dollar et aux cryptodevises.
Les gouvernements ont néanmoins un avantage, car ils vous font payer vos impôts dans ce qu’ils considèrent comme la monnaie. Autrement dit, le gouvernement crée en quelque sorte une utilisation artificielle de sa propre forme de monnaie en menaçant de punir les gens qui ne payent pas leurs impôts dans sa monnaie fiduciaire officielle.
Aux États-Unis, le dollar jouit d’un monopole en tant que moyen de paiement des impôts. D’après Keynes et d’autres économistes, c’est le pouvoir étatique de percevoir les taxes dans une devise définie qui fournit à celle-ci sa valeur intrinsèque. Cette théorie monétaire peut être résumée ainsi : la valeur du dollar réside dans l’obligation de l’utiliser pour payer ses impôts, sans quoi les contribuables récalcitrants finissent en prison.
Les cryptodevises comme Bitcoin ont 2 points communs : la première est qu’elles ne sont pas émises par une banque centrale ou une entité centralisée. Ces unités sont créées conformément à un algorithme informatique tandis qu’elles sont émises et transférées à travers un réseau distribué sur base d’un code open source.
Cela signifie que tout ordinateur dépositaire de la base de données d’une cryptodevise peut être détruit, le système continue de fonctionner grâce à tous les autres ordinateurs ou serveurs mis en réseau. Il est impossible de détruire une cryptodevise en attaquant un ou plusieurs serveurs.
Le second point commun est le cryptage, d’où le terme. Il est possible de suivre toutes les transactions de ce qu’on appelle la chaîne de blocs, que l’on pourrait définir comme un registre compilant toutes les unités monétaires ainsi que les transactions. Par contre, l’identité des parties engagées dans les transactions est préservée par un chiffrage censé être impénétrable. Cela ne signifie pas que ce système est infaillible. Mais, dans l’ensemble, il fonctionne raisonnablement bien et connaît une croissance rapide, aussi bien pour les transactions légales qu’illégales.
Le dollar est également une cryptodevise !
Il est intéressant de noter que le dollar américain est également pour ainsi dire une cryptodevise. La différence est que les dollars sont émis par la Fed tandis que les Bitcoins sont émis par le privé. Même s’il est vrai que nous pouvons avoir des billets dans notre portefeuille, la grande majorité des transactions libellées en dollars ont lieu électroniquement.
Nous payons nos factures en ligne, nos achats avec une carte de crédit et nous faisons des virements électroniques. Toutes ces transactions sont cryptées de la même façon que l’est Bitcoin.
Il y a cependant une différence de confidentialité : les parties concernées par une transaction en dollars numériques sont connues des banques et des organismes de paiement alors que Bitcoin offre l’anonymat.
Bitcoin en l’état a certaines faiblesses. Notamment sa volatilité, alors qu’il est passé de 100 $ à plus de 3400 $ en quelques années. Il est vrai que le dollar fluctue par rapport aux autres devises. Mais les changements quotidiens sont de quelques centimes, alors que Bitcoin peut fluctuer de 100 $.
L’une des solutions potentielles que je trouve intéressantes consisterait à arrimer Bitcoin à l’or à un taux fixe. Il serait néanmoins nécessaire qu’un consensus parmi la communauté du bitcoin soit atteint. Il faudrait également qu’une entité matérialise ce projet.
Les objections de Petter Schiff
Récemment, un débat animé a eu lieu entre Max Keiser, grand partisan des cryptodevises, et Peter Schiff, qui ne jure lui que par l’or. Voici d’ailleurs les arguments que ce dernier a avancés au présentateur du Keiser Report pour réfuter le rôle de monnaie de Bitcoin (source) :
- Les Bitcoins sont aujourd’hui les peaux de castor d’hier du système monétaire. Pendant des milliers d’années, lorsqu’il était possible de l’utiliser par son bon vouloir, l’or a toujours été la monnaie. D’autres choses comme les cigarettes, le sel, les peaux de castor et plus récemment Bitcoin vont et viennent.
- La rareté de l’or est réelle, tandis que celle de Bitcoin est artificielle, car elle repose sur la promesse humaine que la production de Bitcoins sera limitée.
- La technologie de la chaîne de blocs a des limitations : imaginez si toutes les transactions de l’histoire de l’humanité devaient été compilées dans une base de données.
- Malgré l’engouement, personne n’utilise Bitcoin pour acheter un paquet de chewing-gums (d’ailleurs, une étude de Morgan Stanley vient de montrer que l’acceptation de bitcoins est en train de baisser parmi les grandes enseignes du commerce en ligne américain).
Enfin, le prix moyen d’une transaction Bitcoin est désormais de cinq dollars. Les frais de transaction quasi nuls de Bitcoin étaient cité à ses débuts comme l’un de ses grands avantages.