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Le Blues de la pierre tombale

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Published : November 02nd, 2010
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     Le dernir Faux Semblant en vogue, – établi depuis désormais quelques semaines – est celui  de la nation sifflotant au devant de la stèle du prêt hypothécaire alors que des squelettes farandolent autour de chaque vestige du système monétaire. Halloween fut  bien précoce cette année. Les Etats-Unis tendent à apparaître tel un grand masque de la Mort, et je suppose qu’il y a un lien avec le fait que notre culture pop ait été submergée, durant des dizaines d’années, par des vampires, zombies et loups-garous, dans le même temps que notre économie s’est auto-cannibalisée.

 

   Nous avons appris de ces esprits que nous devions vitre de pair avec cette existence pesante du crépuscule. Nous sommes désormais bien renseignés sur ce qui est le mort-vivant, opérant en association avec les Ténèbres, profitant de chaque occasion propice à nous mordre à la jugulaire, dévorant même toute notre jeunesse – considérez l’orgie de la dette, aussi bien publique que privée, comme dévorant le futur de vos enfants en festoyant comme si nous étions en 1999.


    Les grosses banques chargées de gérer cette anthropophagie ont l’air de prendre un peu à la légère le fait que les billets représentant notre monnaie se soient mystérieusement dissociés des hypothèques les protégeant. Dans le bon vieux temps, ces choses allaient de pair, telles un garçon et une fille, Laurel et Hardy, ou encore un cheval et une calèche. Il existait encore des transferts directs, lors desquels une Personne A pouvait être sûre de pouvoir acquérir un bien d’une Personne B tout en étant libre et quitte de tout droit, titre ou intérêt. Quel concept singulier que cette absence d’intérêt !


    Il est difficile de retrouver telle situation de nos jours – ceci n’étant pas une surprise en soi, ces documents ayant été écrasés tels des saucisses de Frankfort infestées d’e-coli découvertes dans les marmites d’un centre commercial géré par d’anciens revendeurs automobiles, jetées dans le jeu de la vente de gros (littéralement) pratiqué par les banques qui les servent coupées en dés, à la façon Joe Style négligée, sur des pains CDO, à des fonds de pensions crédules, des loubards crétins de compagnies d’assurances, des responsables de fondations d’écoles au QI à deux chiffres, ou même à d’autres tels que des nigauds se prenant pour la réincarnation de Bernard Baruch, sans faire mention des nations souveraines étrangères ayant importé ces investissements papier vérolés par navires porte-conteneurs entiers, puis finalement des génies novateurs de banques qui organisèrent la chose et se retrouvèrent eux-mêmes coincés avec des tonnes de ces billets alors que, comme ils le disent eux-mêmes, la musique s’était s’était arrêtée.

 

    Le Tableau apparaît sous un jour bien plus dramatique lorsque vous prenez conscience de l’espièglerie de ces CDO synthétiques représentant les tritisations multiples – Dieu seul serait en mesure de les dénombrer - de chaque hypothèque sous-jacente, signifiant curieusement qu’une importante part de l’immobilier est partout et nulle part à la fois, alors que l’univers Ponzi des swaps de défaut de crédit se pose ici et là tel un trou noir dans l’attente de sucer toute civilisation dans l’oubli. Et Ollie dit à Stan : Eh bien, tu nous a encore mis dans de beaux draps…


    Mais je m’égare quelque peu de mon sujet qui est l’incroyable singerie qu’implique tout document légal relatif à l’immobilier Américain. Comme le disent les banquiers face aux juges, « nous avons perdu le document de l’hypothèque ». A une autre époque on aurait eu :  « Le chien l’a mangé », signé : Maman. Comme si c’était une raison suffisante face à la Loi. Oh, et au passage, le chien a aussi mangé le titre de propriété. Le Congrès a également tenté d’entrer dans le jeu la semaine dernière avec une loi qui aurait essentiellement été un déni de toute signification de la notarisation – c'est-à-dire le témoignage et l’attestation de la véracité de documents – afin de mitiger le fiasco endémique des signatures automatiques dans les moulins d’hypothèques que sont entre autres le Nevada et la Floride, où le total manque respect des procédures légales en matière d’hypothèques était éndémique et où des employés de qualité Burger King jetaient les contrats de prêt et documents d’hypothèque à la poubelle par pur ennui. ‘Oh, et le chien a aussi mangé ma signature…’ Le président Obama a placé son veto sur cette loi, qui était unanimement passée au Sénat Américain par les bousiers humains travaillant cette pile de fumier.


Le chien a aussi mangé notre système financier.


    Il serait injuste que tous ces gens ayant acheté des propriétés grâce à fraudes sur les évitent de se voir saisir leur maison continuent de vivre dans des maisons valant plusieurs millions de dollars, maisons qu’ils n’auraient jamais été en mesure de s’offrir dans une économie gérée par des adultes. Mais il se pourrait bien qu’ils les gardent, puisqu’il y a dans la nature un nombre horrifiant d’avocats affamés qui finiront bien par demander à ce que des documents pertinents soient présentés à un juge si les banques veulent expulser les mauvais payeurs. Et un certain nombre des agents chargés des expulsions  pourraient ne pas avoir le courage de  présenter de faux documents à la cour, celle-ci observant chaque preuve minutieusement, armée de microscopes à électrons, à la recherche de la moindre molécule défaillante.


    Le mot de la fin, c’est que nous avons atteint un point où personne ne serait plus en mesure de réchapper à tout ce racket. Les dés sont lancés. Les banques sont cuites. Non seulement elles ne seront plus capables de récupérer leurs collatéraux sur bon nombre de prêts, mais la valeur de la m..de que représentent les titres hypothécaires dans leurs propres coffres se rapproche dangereusement de zéro, ne restant pas même les trente centimes de dollars ou quelque autre nombre fantaisiste qui leur a permis de rester ces zombies, ces banques mortes-vivantes, que nous avons depus deux ans, telles des victimes de cancer ingurgitant désespérément des noyaux d’abricots dans l’espoir d’un remède. Et si les banques sont cuites, alors la Fed l’est également, ayant joué le rôle de benne à ordures pour tous ces actifs pourris déchargés par les banques depuis le TARP. La bilan de la FED ressemble probablement à une lettre de suicidé. Et si la Fed est cuite alors il en est de même pour le dollar, parce qu’il n’est qu’une promesse de paiement tiré sur la FED.


    De toute façon, les Etats américains sont en train d’interdire temporairement les expulsion, ce qui va résulter en un blocage total du marché de l’immobilier. Qui voudra se lancer dans l’achat d’une propriété tant que planera le spectre de l’impossibilité d’avoir un titre de propriété valide, ou non entaché d’une hypothétique hypothèque.  Vous pouvez être certains que cette maladie se propagera dans l’immobilier commercial, avec ses emprunts les plus court-terme et ses renouvellements de crédit désespérés. Les choses commenceront à prendre un air macabre. Mais c’est la saison ! Halloween, la nuit du Sang, a eu lieu ce dimanche, juste à temps pour l’ouverture de la Journée des Morts des marchés des actions.


Viendra alors le jour de laisser tomber nos costumes et d’arrêter de prétendre. Viendra alors le jour où les squelettes danseront sur les vestiges de l’immobilier destinés à devenir nos tombeaux.


 


 

James Howard Kunstler

www.kunstler.com/

 

James Howard Kunstler’s new novel of the post-oil future, World Made By Hand, is available at all booksellers.

 

James Kunstler has worked as a reporter and feature writer for a number of newspapers, and finally as a staff writer for Rolling Stone Magazine. In 1975, he dropped out to write books on a full-time basis.

 

His latest nonfiction book, "The Long Emergency," describes the changes that American society faces in the 21st century. Discerning an imminent future of protracted socioeconomic crisis, Kunstler foresees the progressive dilapidation of subdivisions and strip malls, the depopulation of the American Southwest, and, amid a world at war over oil, military invasions of the West Coast; when the convulsion subsides, Americans will live in smaller places and eat locally grown food.

 

You can purchase your own copy here : The Long Emergency .  You can get more from James Howard Kunstler - including his artwork, information about his other novels, and his blog - at his Web site : http://www.kunstler.com/

 

 

 

 

 

 


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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
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