La semaine
dernière, j’écrivais que ‘les réserves
détenues par une banque centrale n’ont aucune influence sur le
pouvoir d’achat de leur devise et très peu d’influence sur
son taux de change. Aujourd’hui, les devises nationales ne sont plus
soutenues par les réserves des banques centrales. Leurs
réserves ne sont que ce qu’il reste de l’ancien
système monétaire et sont anachroniques au sein de notre
système actuel’. Voici ce que je voulais dire par
là :
Le pouvoir
d’achat d’une devise et sa valeur par rapport aux autres devises sont déterminés par l’offre et la
demande. A l’heure actuelle, l’offre des devises majeures
n’est aucunement limitée par les réserves de la banque
centrale à laquelle elle est associée. Cela signifie que les
réserves de devises n’influencent pas l’offre. Mais
qu’en est-il de la demande ? Une augmentation ou une diminution
des réserves de devises étrangères d’une banque
centrale pourrait-elle altérer la demande en devise
générée par cette banque centrale ?
Personnellement, je ne
vois pas comment. Le seul bénéfice réel qui puisse
être tiré d’un prêt ou d’un investissement en
une devise particulière n’est pas affecté par les
changements en termes de réserves détenues par la banque
centrale qui y est associée. On pourrait penser que les investisseurs
qui se concentrent sur la sécurité gravitent vers la devise
d’un pays dont les réserves sont conséquentes, mais le
fait que les investisseurs fuient le dollar en temps de troubles
réfute cet argument. Après tout, la Fed ne dispose pas de
réserves de devises, si ce n’est de 263 millions d’onces
d’or d’une valeur de 420 milliards de dollars – soit moins
de 5% de la masse monétaire des Etats-Unis.
Les banques centrales
disposant d’une capacité illimitée à augmenter la
masse monétaire de leur devise et à contrôler les taux
d’intérêts, il est clair que leurs politiques influencent
à la fois la demande et l’offre de leur devise. Les politiques
employées par les banques centrales sont donc un déterminant
clé du taux de change et du pouvoir d’achat d’une devise.
Et pour rester dans le sujet, je préciserais que cette politique
n’est influencée en rien par les réserves de devises
étrangères d’une banque centrale, à moins que
cette dernière tente de maintenir un taux de change fixe. En plus de
cela, même dans le cas très rare où une banque centrale
tente de maintenir un taux de change fixe entre sa devise et une autre, le
succès de ses politiques dépend plus de la manipulation de la
masse monétaire et des taux d’intérêts que de ses
réserves de devises.
Comme je l’ai
dit la semaine dernière, les réserves de devises ne sont rien
de plus que ce qu’il nous reste d’un ancien système
monétaire. Auparavant, les réserves constituaient la masse
monétaire et les morceaux de papier qui circulaient dans
l’économie en étaient les substituts. Par exemple,
lorsque la Fed fonctionnait sous un système proche de celui de
l’étalon or à la fin du XIXe siècle, des morceaux
de papier connus sous le nom de dollar circulaient dans
l’économie. Ces dollars papiers n’étaient pas de la
monnaie. Ils étaient des reçus représentant de la
monnaie (de l’or). Il y avait beaucoup plus de reçus en circulation
qu’il n’y avait d’or, mais nous y reviendrons une prochaine
fois.
Dans
notre système monétaire actuel, les réserves n’ont
aucun sens. La monnaie n’a pas besoin d’être soutenue par
quoi que ce soit. Seuls les substituts de monnaie le nécessitent
– et par de la monnaie réelle. Le dollar (ou l’euro) que
vous transportez dans votre portefeuille n’est pas un substitut de
monnaie, il est une monnaie, et n’a pas besoin d’être
soutenue par quoi que ce soit pour avoir de la valeur. Peu importe les
réserves de devises détenues par les banques centrales, la
valeur des devises est déterminée par des transformations en
termes d’offre et de demande et par les lois qui forcent les gens
à l’utiliser. Compte tenu de leurs inconvénients, elles
ne seraient pas utilisées comme monnaie sans l’intervention des
gouvernements.
Steve Saville
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