Ruzan
Khachatryan « Radiolur »
L’article d’Edmond
Y. Adazian intitulé Wanted: Owners of Six Tons of Gold Left in Historic Armenia,
a récemment été publié dans le journal Armenian Mirror Spectator, qui paraît
aux Etats-Unis.
Un article a
récemment été publié en Suisse concernant six tonnes d’or, transportées
depuis l’Arménie jusqu’à Genève afin d’être déposées auprès de la banque
Crédit Suisse, qui refuse aujourd’hui de livrer le butin à une famille turque
qui s’en dit propriétaire, comme l’explique Adazian.
L’affaire a d’abord
fait parler d’elle dans le journal turc Hurriyet le 17 octobre dernier. Un
commentaire sur le sujet a également été publié dans le journal Turkiye par
le professeur Cagri Erhan, qui, plutôt que de remettre en question la
provenance du trésor, se penche sur les raisons pour lesquelles le Crédit
Suisse a choisi de refuser de rendre son or à un homme d’affaires d’Elazig (l’ancienne
ville arménienne de Kharpert), du nom de Sayid Ali Bayraki.
L’homme d’affaires
d’Elazig, Sayid Ali Bayraki, se bat depuis des années pour que lui soient
rendues ses 800.000 pièces d’or ottomanes, qu’il a héritées de son père. L’ambassadeur
de Suisse en Turquie, Raymond Kuntz, s’est rendu à Elazig pour discuter de l’affaire,
dont les détails restent encore un mystère.
L’auteur de l’article
nous rappelle que « Talaat Pasha a écrit dans un document secret que
70.000 Arméniens ont été déportés d’Elazig. Aucun de ces Arméniens n’est
jamais revenu. Les riches familles arméniennes de la ville ont aussi été
déportées ».
Une majorité des
familles qui ont été déportées ont caché leur or ou l’ont déposé auprès de
voisins musulmans à qui ils faisaient confiance, dans l’espoir de revenir un
jour le récupérer. Des années durant, des histoires ont circulé concernant l’or
caché des Arméniens. Et de nombreux descendants d’Arméniens se sont rendus
dans leur région d’origine pour remettre la main sur ce qui leur appartient
de droit.
« Comment
quelqu’un pourrait-il transporter 800.000 pièces d’or, d’un poids total de 6
tonnes, depuis la Turquie jusqu’en Suisse ? » se demande l’auteur,
avant d’ajouter que « selon Mr Bayraki, son père aurait transporté ces
six tonnes d’or jusqu’en Suisse, après avoir voyagé par la terre et par la
mer ». Aujourd’hui, ces 800.000 pièces d’or ont une valeur totale de 3,5
milliards de dollars.
Le professeur
Cagri Erhan a écrit ceci : « Pour autant que je sache, au tout
début de la Turquie républicaine, aucun citoyen ne disposait d’une telle
somme. Quand la banque IS a ouvert ses portes en 1924, elle disposait d’un
capital total de 250.000 lires. Et cacher il est difficile de cacher son
argent des yeux du gouvernement. Selon Bayraki, son père aurait gagné cet
argent en faisant des affaires, et aurait dissimulé ses pièces d’or dans un
trou creusé sous sa maison. Mais obtenir de l’or dans le cadre d’une
transaction commerciale est suspicieux, parce qu’après l’établissement de la
République turque, les échanges n’étaient plus conduits en devise ottomane. »
Il semblerait
que le père de Mr Bayraki ait fait confiance à la banque suisse, et ait espéré
voir le système bancaire qui a su garder le silence au regard de l’or nazi
traiter son trésor de la même manière. Il semble toutefois avoir oublié que l’or
déposé auprès des banques suisses n’appartenait pas aux Nazis, mais aux
Juifs.
« Il ne
fait aucun doute que le lobby arménien, qui ne rate aucune opportunité, se
soit déjà concentré sur les réserves d’or dont la source demeure ‘inconnue’.
La banque Crédit Suisse qualifie l’affaire de ‘scandaleuse’ et pense qu’il s’agit
d’une ‘conspiration’. L’issue de l’affaire semble donc évidente, et il n’est
pas nécessaire d’impliquer le Premier Ministre et de causer un scandale qui
pourrait être embarrassante pour le pays tout entier, » explique Cagri.
Selon Adazian, « le
professeur Cagri fait certainement référence aux avocats arméniens lorsqu’il
mentionne les lobbyistes, parce qu’ils se sont opposés aux banques et aux
assurances françaises et allemandes et sont parvenus à récupérer des fonds
ayant appartenu aux victimes du génocide. Fort heureusement, il ne semble pas
savoir que ces mêmes avocats ont pour le moment laissé de côté les Turcs pour
se poursuivre en justice les uns les autres ».
L’auteur nous
rappelle également que « de la même manière, ceux qui ont initialement
contribué de grosses sommes à la construction d’un Musée du Génocide s’opposent
désormais eux-aussi les uns aux autres, au point de remettre en question la
construction de l’édifice dans les délais impartis ».
« Six
tonnes d’or restent dormantes dans les coffres de la banque suisse. Cet or n’a
pas encore retrouvé son propriétaire et pourrait faire un grand bien à l’Arménie.
Il nous faut saisir l’occasion. Il est temps de laisser derrière nous nos
vieilles querelles et de nous intéresser à l’or arménien, » conclut l’auteur.
Source (lien désormais supprimé) : armeniaradio