La crise de 2011 a été un tournant dans la guerre monétaire,
financière et économique menée de main de maître par le casino financier
mondial.
La guerre sévit partout dans le monde. Les exactions spectaculaires des
jihadistes dans certaines zones ne devraient pas nous cacher l’autre guerre
qui agite le monde dans ses moindres recoins.
Une guerre globale accompagne la mondialisation des marchés et
l’émergence d’une élite apatride autoproclamée. Cette guerre est
monétaire et planétaire.
Il y a quelques années encore bon nombre d’analystes avaient enterré
le dollar américain. Force est de constater que cette devise est non
seulement là mais bien là. Est-ce à dire que leurs pronostics étaient faux?
Bien sûr que non. Le dollar américain présentait tous les symptômes objectifs
d’une dégénérescence avancée. Si leur analyse était juste, ils avaient
toutefois omis d’évaluer la capacité que les tenants de cette
monnaie avaient à dégrader les autres monnaies, l’or, le pétrole et les
commodities en général.
Un retour à l’année 2011 marquée par la crise de l’euro et des
banques européennes permet de voir le retournement de la situation en faveur
du dollar américain!
Ce faisant, une voie royale a été ouverte aux tenants du dollar afin
de mener une entreprise de phagocytage de l’économie mondiale. Les
dépréciations monétaires ont réduit d’autant le prix de cet accaparement des
richesses nationales. Remarquons que ces investisseurs ne sont pas
exclusivement américains. Des pays détenteurs de dollars américains tels que
les pays du Golfe, Chine, etc en ont aussi largement bénéficié.
Si l’on transposait l’exemple au monde de l’entreprise, on dirait que
si une entreprise faible arrivait à affaiblir ses concurrents encore
plus qu’elle, elle pourrait prétendre au leadership de la branche.
Affaiblir et contrôler les concurrents est une valeur qui
règne dans le monde de la finance globalisée. Les managers sont imprégnés de
la maxime « eat or be eaten »(manger ou être mangé). Voici le
principe de base du cannibalisme économique que nous appelons ici
« phagocytage ».
Par conséquent, faire déprécier les monnaies a permis le phagocytage
a bon compte par les tenants du dollar américain. Le dollar donné hier pour
mort par certains experts est vivant et bien vivant! Plus encore, il est en
passe de devenir LA monnaie du nouvel empire planétaire… Il serait libre
alors d’imposer un nouvel ordre monétaire, financier et économique quitte à
s’autodétruire au profit d’une nouvelle monnaie unique dans laquelle ses
détenteurs tiendraient un rôle déterminant.
Grâce à leur attaque massive de 2011, les Etats-Unis ou Wall
Street (peu importe en définitive) sont en train de remporter le leadership
du nouveau monde globalisé à un niveau économico-financier planétaire.
Il a fallu se débarrasser de l’euro:
La crise des dettes, de l’euro et des banques européennes a marqué le
tournant de la guerre monétaire, financière et économique. En septembre 2011,
les banques européennes n’arrivaient plus à s’approvisionner en dollars
américains. Elles étaient frappées d’une sorte d’étranglement. C’est alors
qu’un évènement de grande importance a eu lieu dans l’indifférence des médias
européens.
Une réunion s’est tenue le 15 septembre 2011 -au lendemain de
la dégradation par Moody’s des 2 plus grandes banques françaises – entre la
Federal Reserve, la Banque centrale européenne, la Banque du Japon, La Banque
Nationale suisse, et la Banque d’Angleterre. Elles ont annoncé qu’elles
offriraient des liquidités en dollars américains en quantités illimitées en
échange de tout titre collatéral éligible, et ce à n’importe quelle
institution qui en aurait besoin! (cf Forbes ci-dessous).
Cette date de l’été 2011 est un moment-clé qui a permis notamment au
dollar de se débarrasser d’un euro qui devenait trop encombrant. Les
graphiques ci-dessous montrent l’envol du dollar -ou l’épuisement des
monnaies concurrentes- de manière quasi systématique à partir de cette date.
L’attaque américaine de 2011 n’était pas que monétaire. Elle s’est
étendue au pétrole, métaux précieux, à la récupération des fortunes sous
gestion de toutes les places financières et autres paradis fiscaux.
Les banquiers centraux de la planète ont joué eux aussi un rôle essentiel
dans le succès de cette bataille. Certains ont voulu faire croire
qu’une monnaie faible était favorable aux entreprises exportatrices, en
réalité largement délocalisées. Ils ont non seulement fait preuve d’une
grande naïveté mais ont soutenu d’autant les investisseurs américains et ont
défavorisé les consommateurs de leur pays.
C’est aussi durant l’été 2011 que quelque chose de particulier a eu lieu
en Suisse. Les dettes de la BNS ont disparu des colonnes du passif pour aller
se noyer dans une boîte noire appelée « compte de virements des
banques ». Le 6 septembre, jour de l’annonce de l’arrimage du franc à
l’euro a été le déut de la descente aux enfers du franc suisse. Et enfin,
toujours en Septembre 2011, les autorités suisses ont voté en toute
discrétion la loi dite too big to fail, garantissant les banques d’un soutien
illimité avec l’argent du peuple… Aucune contrepartie, contrainte ou exigence
ne leur ont été demandées en retour.
L’histoire se chargera d’évaluer la part de responsabilité des banquiers
centraux dans la ruine des pays et des populations…
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