Je ne sais pas pour vous, mais
voir le Deep State prétorien perdre la raison à l’approche de l’apothéose de
Trump m’a beaucoup diverti. J’imagine tous ces hommes et femmes courir à
toutes jambes dans les couloirs de Langley et du Pentagone, et d’autres centaines
d’opérateurs des services secret cogiter à s’en brûler les cheveux sur la
meilleure manière de neutraliser la bête sous les quatre jours qui leur restent.
Quels tours ont-ils encore dans
leur sac ? Cuire un gâteau au fromage empoisonné pour le buffet d’investiture ?
Le chef de la CIA, John Brennan, en a été réduit à tirer la langue au
président entrant. Peut-être les cow-boys programmeurs de la forteresse de la
NSA en Utah trouveront-ils un moyen de faire s’effondrer les marchés vendredi ?
Quelques opérations de négoce à haute fréquence pourraient-elles suffire ?
Beaucoup de policiers à la vision d’oiseau de proie seront déployés sur les
toits de Washington toute la journée de vendredi. Comment les évènements
pourraient-ils dégénérer ?
Une deuxième guerre civile est
en chemin, qui fait étrangement écho à la première : Trump s’est payé la
tête du gourou des droits civils de Géorgie, le membre du Congrès John Lewis,
descendant d’esclaves, après que ce dernier l’a qualifié de « président
illégitime ». Voilà qui laisse supposer que certains membres du Congrès
se retireront lors de la cérémonie d’allégeance. Le New York Times se comporte en
socialiste de Manhattan en pleine procédure de divorce, avec de nouvelles
hystéries chaque jour, et étant allé lundi jusqu’à nous annoncer en première
page que « L’anniversaire de Martin Luther King tombe à quelques jours
de ceux de deux généraux confédérés : Robert E. Lee et
Stonewall Jackson ». Doux Jésus ! Mais qui appeler à notre secours ?
SOS Fantômes ?
Il n’y a pas grand-chose que
Trump puisse faire avant vendredi mis à part retweeter ses tweets, mais je ne
peux m’empêcher de me demander ce que pourra faire le Deep State après que le
moment magique sera passé. Je ne cesse de dire depuis plus d’un an que, si
Trump est élu président, il sera renversé par un coup d’Etat au cours de ses
six premiers jours au pouvoir. Et je pense toujours que ce soit possible –
bien que je n’espère pas nous voir en arriver jusque-là. Mon opinion des
évènements à venir a été renforcée par les performances de Trump à l’occasion
de sa dernière conférence de presse qui se sont avérées, comment dire, un peu
légères en matière de bienséance présidentielle.
Peut-être le Deep State d’aujourd’hui
se plaît-il de sombrer à la manière d’un opéra-bouffe. L’Histoire se répète,
la première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce, comme l’a
observé le vieux Karl Marx. Que défend l’Union aujourd’hui ? Les droits des
anciens employés de la SEC de vendre leurs services à CitiBank ? Les
droits des entreprises pharmaceutiques de faire flamber le prix de l’insuline
de 20 à 250 dollars le flacon ? Le droit des contractuels de la DIA de
vendre des plastiques explosifs Semtex aux djihadistes « modérés »
du Proche-Orient ?
Le thème du moment veut que
Donald Trump soit un plus gros escroc encore que les servants et vassaux du
Deep State. Il s’est présenté aux élections pour vendre toujours plus de
steaks et de whisky sous sa marque déposée. Il est en violation de la clause
de la Constitution sur les émoluments. Mais je n’ai jamais entendu dire que George
Washington, Thomas Jefferson, James Madison, ou encore Andrew Jackson ont
accordé une confiance aveugle à leurs esclaves après leur investiture.
Personne ne peut aujourd’hui faire mieux que le Deep State en matière de
turpitude financière, et certainement pas un magnat de l’immobilier et de l’hôtellerie.
Je suppose que la question à
laquelle il nous faut répondre est de savoir si le Deep state – qui existe,
contrairement au Père Noël – mettra le pays sens dessus-dessous dans ses
efforts de défendre ses avantages et privilèges. Le public reste en éveil,
décidé à participer à la déconstruction de la matrice du racket qui ne fait
qu’ajouter au caractère miséreux de la culture dans laquelle nous vivons, une
société où les directeurs de compagnies d’assurance médicale gagnent 40
millions de dollars par an alors que les gens ordinaires perdent leur maison
parce que leur assurance aux 5000 dollars de franchise ne couvre pas une
simple opération d’amygdalectomie.
Je n’ai pas voté pour
tête-de-Cheeto, mais il sera intéressant de voir ce qu’il fera vendredi entre
midi et six, si tant est qu’il survive aux festivités.