Le choix du colbertisme

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Published : June 19th, 2014
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Le billet précédent avait discuté le choix du populisme récemment fait par le gouvernement, plus préoccupé par son image auprès de son électorat traditionnel (les classes populaires, les fonctionnaires et les employés proches des syndicats) que par des réformes durables. Ce billet propose de développer une autre dimension marquante des politiques récemment  mises en  œuvre: le colbertisme.


Le colbertisme fait référence à des politiques économiques protectionnistes et nationalistes mises en place au XVIIème siècle par Jean-Baptiste Colbert, puissant ministre et contrôleur général des finances de Louis XIV, qui s’est distingué par l’octroi de monopoles, notamment sur la production des miroirs et des tapisseries (Les Gobelins) mais aussi sur le commerce extérieur (Compagnie française des Indes orientales).


La communication et les éléments de langage de l’actuel Ministre de l’économie, l’ancien Ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, semblent être centrés autour de l’image et du nom de Colbert, qui, jusqu’à maintenant, avait été relégué aux livres d’histoire. Une vidéo promotionnelle  intitulée La nouvelle France industrielle, disponible sur le site de l’Elysée et visant à glorifier les réalisations de l’industrie française, commence par exemple par l’image de Colbert. En 2013, Montebourg a lancé le site Colbert 2.0 (destiné à convaincre les PME de l'intérêt qu'elles auraient à relocaliser leur production en France). Lorsqu’il vante devant des journalistes la création d’une Compagnie nationale des mines de France (CMF), encourage la participation de l’État dans le capital du constructeur PSA, ou s’oppose au rachat d’Alstom par General Electric (pour des raisons exclusivement patriotiques), Arnaud Montebourg n’hésite pas à prononcer fièrement son slogan : « Le colbertisme est de retour et c’est un bien. »


Tandis que le choix du colbertisme ne fait plus de doute et semble être parfaitement assumé par le Ministre de l’économie, la question que l’on se pose est de savoir s’il sait vraiment à quoi il faudrait se tenir pour ressusciter au XXIème siècle dans un pays démocratique des politiques économiques nées sous l’Ancien Régime dans un cadre autoritaire.


Pour mieux comprendre la portée de ces politiques économiques, il faut replacer le colbertisme dans le cadre d’une pensée mercantiliste dont l’obsession majeure est la balance commerciale, censée demeurer excédentaire pour témoigner de la santé économique d’un pays. La raison pour laquelle les mercantilistes mettaient l’accent sur la production nationale et attachaient autant d’importance aux exportations, repose sur leur interprétation des questions économiques à travers une vision belliqueuses du monde, où les souverains agissent comme les uniques propriétaires du territoire qu’ils contrôlent militairement.


Ainsi, l’on comprend mieux que ce raisonnement tient tant que les points de vue des citoyens ne sont pas pris en compte individuellement et que le pays reste la propriété d’une seule personne. Dès lors que l’on s’intéresse aux préférences et intérêts des individus et que l’on constate qu’ils ne coïncident pas forcement avec ceux du souverain, le calcul de la balance commerciale nationale n’a plus aucun intérêt.


Autrement dit, si l’on se met à la place d’un entrepreneur, employé ou citoyen, ce n’est pas l’excédent commercial du pays, mais la balance comptable de l’entreprise pour laquelle il travaille, qui pourrait lui permettre d’augmenter ses revenus et son bien-être. D’un point de vue économique, une balance commerciale excédentaire a autant de valeur pour un citoyen patriote qu’une victoire de l’équipe de France de football : elle peut faire plaisir aux supporteurs mais ne les enrichit pas pour autant directement.


Le projet d’Arnaud Montebourg consistant à protéger l’industrie française de la concurrence internationale et de la mettre sous la perfusion des subventions pour le simple plaisir des électeurs nationalistes sera donc sans doute à l’origine d’un véritable désastre économique et social. Décider de la hauteur de la chaise de son Ministère qui doit fusionner avec qui, et qui doit acheter quoi, sans avoir la moindre connaissance des enjeux économiques spécifiques à chaque marché et sans assumer les risques entrepreneuriaux découlant de telles décisions, ne peut que donner lieu à des choix arbitraires et contre-productifs.


Si l’intérêt du Ministre pour l’histoire économique s’avère être si prononcé, il aurait sans doute beaucoup de leçons à apprendre des maints échecs d’autres Colbert modernes.


 

 

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Marian Eabrasu est professeur d’économie et d’éthique à l’ESC-Troyes. Il a été chercheur à l’International Centre for Economic Research (Turin, Italie) et à l’institut Ludwig von Mises (Auburn, Etats Unis). Il est l'auteur de nombreux articles publiés dans des revues à comité de lecture comme La Revue Française de Science Politique, Quarterly Journal of Austrian Economics, Business and Society, etc. Son dernier article publié en 2012 dans Raisons Politiques s'intitule "Les états de la définition wébérienne de l'Etat"
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