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Le compte à rebours est lancé pour l’Europe

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Paul Jorion.
Published : February 08th, 2010
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Ce texte est un « article presslib’ » (*)


Il règne un silence assourdissant parmi les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro, alors que la crise dans la crise que connaît l’Europe est en train de progressivement s’élargir. Centrée initialement sur la Grèce, elle est en train de s’étendre résolument en Espagne et au Portugal. Nous étions suspendus à un signal, qui aurait pu être donné par Jean-Claude Trichet, le président de la BCE – dont une réunion des gouverneurs avait lieu aujourd’hui – mais il n’est pas venu.

La Grèce doit continuer à ne compter que sur elle-même. Jean-Claude Trichet s’est contenté de déclarer que le gouvernement grec avait fait « des pas dans la bonne direction », ce qui impliquait qu’il allait devoir en faire d’autres. Cherchant à relativiser la crise actuelle, comparant le déficit public de la zone euro à celui des Etats-Unis ou du Japon : 6% pour la première et 10% pour les seconds. Une faible parade, puisque ce sont les maillons faibles de la zone euro qui sont menacés (et elle dans son entier, par ricochet) et qu’aucune manifestation de solidarité financière de sa part n’est donc toujours annoncée.

Car il y a dans la situation actuelle une nouveauté importante : ce ne sont plus seulement les situations particulièrement périlleuses de tel ou tel pays de la zone euro qui semblent motiver les marchés, mais aussi l’inaction et le silence des principaux pays membres, l’Allemagne et la France. Il est en effet clair que les efforts qui sont demandés à la Grèce, vu leur importance extrême, ne pourront être réellement accomplis que si une aide financière lui est par ailleurs accordée. Sa fragilité de départ est accentuée par sa solitude dans l’épreuve, et non le contraire.

Les déclarations prononcées par Joaquim Almunia, commissaire aux affaires économiques sortant, avaient aggravé hier la tension. « Certains membres de la zone euro, avec des positions de départ différentes, des caractéristiques différentes, partagent des problèmes communs », avait-il déclaré à propos de la Grèce, du Portugal et de l’Espagne. Un autre son de cloche prévalait aujourd’hui, afin de tenter de calmer le jeu. Le chef de file de l’Eurogroup, Jean-Claude Junker, déclarait que l’Espagne et le Portugal « ne posent pas de risque ». Caroline Aktinson, la porte-parole du FMI, choisissait pour sa part de décerner un satisfecit aux Grecs: « Nous pensons assurément que les objectifs du plan sont bien choisis ».

Les regards se tournent désormais vers Madrid, qui a préventivement annoncé un plan d’austérité de 50 milliards d’euro sur trois ans, accueilli avec scepticisme tant en raison de son montant et des mesures qu’il implique que des prévisions de croissance sur lequel il repose. Or, les rumeurs se multiplient à propos d’un abaissement de la note de la dette publique espagnole par une nouvelle agence de notation, emboîtant le pas de Standard & Poor’s, qui l’a fait en décembre dernier. Le taux des obligations à trois ans passant en moyenne à 2,61% à l’occasion d’une nouvelle émission, au lieu de 2,13% début décembre. L’Espagne a un autre poids économique au sein de la zone euro que la Grèce, elle en est la 4 éme puissance économique, et tout problème l’atteignant aurait d’importantes répercussions dans toute la zone.

Faute d’informations, on en est réduit à faire des suppositions, afin de comprendre les raisons de l’attitude des principaux pays de la zone euro. Il a été largement fait état de discussions, dans un premier temps, puis plus rien n’est sorti…. On sait seulement qu’une des solutions qui aurait pu être trouvée était la création d’euro-obligations, mais qu’elle a été refusée, depuis déjà des mois, tout à la fois par les Allemands, les Français et les Néerlandais. Car elle reviendrait, tous les pays de la zone émettant ce nouveau type d’obligations bénéficiant du même taux, à faire profiter de celui-ci les pays les plus vulnérables sur le marché de la dette, au détriment des plus forts, qui obtiennent actuellement de meilleurs taux que ceux qu’obtiendraient des euro-obligations. On a également envisagé de réunir des soutiens d’Etats isolés ou de groupes d’Etats, ainsi qu’une intervention de la Banque européenne d’investissement (BEI), qui a aussi été étudiée.

En réalité, le dossier n’est pas technique mais politique. Les mesures qui pourraient être adoptées pour soutenir la Grèce seront inévitablement appelées, en effet, à faire jurisprudence. Les sommes qui devraient être engagées et levées suivant des modalités ad hoc seraient plus que conséquentes et entraîneraient ceux qui les garantiraient, de jure ou de facto, plus loin qu’ils ne sont prêts à l’envisager. Créant par ailleurs une sorte d’aléa moral qu’il est hors de question d’accorder aux gouvernements (alors qu’il l’a été aux banques). Risquant de les induire à chercher à esquiver la mise en vigueur de plans d’austérité, l’objectif numéro 1.

Ce calcul risque d’être de plus en plus difficile à tenir, si l’Espagne et le Portugal entrent à leur tour dans la zone de tempête, risquant de déstabiliser celle de l’euro bien au-delà de ce que pourrait faire la Grèce. En réalité, la solidité de la zone euro est menacée dans les deux cas de figure possibles, en cas d’un secours généralisé à tous ses membres (mutualisant le coût d’une dette devenue énorme), ou en cas d’abandon des pays les plus faibles, ce qui sera très probablement illusoire. Il faut donc choisir entre deux risques.

Car qui dit que les marchés en resteraient là  ? N’ont-ils pas compris que, dans la crise actuelle, c’est l’Europe en entier – zone euro et Grande-Bretagne – qui est le maillon faible qu’il faut attaquer  ? Que l’éclatement de la zone euro ouvrirait un terrain spéculatif d’élection, permettant d’élargir le champ d’action du Forex (l’énorme marché hautement spéculatif des devises)  ? Ils feraient ainsi coup double, disposant de nouveaux leviers pour leurs opérations financières et obligeant les gouvernements à entrer dans la dynamique vertueuse – de leur point de vue – de la résorption de leurs déficits, et de leur sollicitation moindre du marché obligataire. Laissant aux établissements financiers la place pour se financer à moindre coût.

Le compte à rebours est lancé.


Billet rédigé par François Leclerc


               

Paul Jorion

pauljorion.com




(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.


Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).





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