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Dans certains
pays, le déficit des finances publiques est érigé en
règle de gestion. Même les termes employés
pour décrire le budget reflètent cette funeste habitude. Un
exemple parmi tant d’autres des résultats concrets de cet
« après moi, le déluge» financier : la
Belgique.
L’examen
d’un tableau
statistique détaillant les comptes d’un Etat - dans notre
exemple, l’Etat Belge - est riche d’enseignements. Pour
commencer, les montants présentés sont des pourcentages du
Produit Intérieur Brut du pays. Cette façon de faire permet de
comparer les Etats entre eux. Elle a servi entre autres à fixer les
fameux « critères
de Maastricht », qui expriment, entre autres que le
déficit public maximal autorisé pour une année
donnée est de 3% du PIB. Si elle permet les comparaisons, elle
autorise aussi les petits camouflages, puisque le PIB varie aussi :
qu’il augmente à un rythme plus élevé que le décifit de l’Etat, et on aura l’impression
fallacieuse d’une bonne gestion. Et inversement. Mais gardons cette
question pour une autre chronique.
Vous avez dit : solde
primaire ?
La grande
invention dans la manière de présenter les finances publiques,
c’est la notion de « solde primaire ». Il
s’agit, en gros, du solde du budget de l’Etat AVANT paiement des
intérêts de la dette publique. Déduisez de ce solde
primaire les intérêts payés sur la dette publique et vous
obtenez le « solde global ».
Mutatis
mutandis, c’est un petit peu comme si un jeune couple s’amusait
à calculer le solde du budget de leur ménage avant et
après remboursement de l’emprunt hypothécaire
contracté pour financer l’achat de leur logement. Le bon sens
nous dicte que le « solde primaire » du budget du
ménage n’a finalement pas grande importance. Ce qui compte pour
eux, c’est le « solde global »,
c’est-à-dire ce qui leur reste après avoir
réglé leur dette. Si ce solde n’est pas positif, nos
jeunes tourtereaux risquent de se retrouver très rapidement en défaut
de paiement. Un terme qui ne manquera pas de rappeler les
inquiétudes qui pèsent, entre autres, sur la dette grecque.
La Belgique, un bien mauvais
élève
Cela dit, le
solde primaire reste riche en enseignements. Ainsi, lorsqu’on examine
l’évolution du budget de la Belgique entre 1970 et 2010 (voir le
tableau ci-dessous), une chose saute aux yeux : le solde primaire
n’a été positif que 27 années sur les 40.
Autrement dit, même avant de payer les intérêts sur sa
dette, l’Etat belge est déjà dans le rouge. Du coup il
n’est guère étonnant de constater que le budget n’a
été en léger boni que deux fois au cours des quarante
dernières années. Conséquence prévisible :
l’Etat s’est endetté. En 1980, la dette publique belge
représentait 74% du PIB. En 1993, la proportion montait à 133%.
Aujourd’hui, elle n’est plus « que » de
96,6%. Je ne sais pas si nous empruntons la Terre à nos enfants, comme
le veut le slogan écologiste. Mais une chose est certaine : nos
gouvernements empruntent leur train de vie à nos enfants et à
nos petits-enfants.
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