Reconnue
comme « légitime », comment faire autrement ? la
perspective d’un référendum en Grèce a crée un puissant raz de marée qui risque de
ne plus pouvoir être endigué.
En
premier lieu sur les places boursières, entraînées dans
la chute par les valeurs des banques. Tous les jours, ces dernières
jouent désormais au yo-yo, selon l’humeur du moment. Un signe de
leur très grande fragilité, désormais reconnue, et de
l’instabilité du système financier.
En
second dans le monde politique, qui ne s’y attendait pas, outré
car cela ne se fait pas d’apprendre une telle nouvelle dans le
journal et de briser ainsi le cercle de connivence des grands de ce monde.
Les qualificatifs n’ont pas manqués pour ce qui a
été déploré en termes peu diplomatiques ne pas
être un cadeau.
Des
rencontres ont été improvisées dans l’urgence
à Cannes, avant l’ouverture du G20, afin de tenter de faire
rentrer dans le rang celui par qui le scandale arrive et qui a
été convoqué devant ses pairs. L’abandon de son
projet de référendum pourra-t-il être obtenu ou
faudra-t-il se résoudre à le lâcher, en jouant la carte
des élections anticipées, porteuses d’autres dangers ?
Tout tient sur un fil et se joue aussi à Athènes.
L’Italie
est désormais en plein dans le collimateur des marchés,
qui ne lâchent pas leur proie une fois qu’ils sont sur sa trace.
La BCE, qui a repris ses achats de titres de la dette italienne sans
toutefois se forcer, n’est pas parvenue à ses fins : le
taux à 10 ans de l’Italie est resté au
dessus de 6%, seuil au-delà duquel le refinancement de sa dette
devient insoutenable, selon les analystes. En l’espace d’une
seule journée, le spread de l’Italie
par rapport à l’Allemagne (l’écart de leurs taux) a
fait une hausse vertigineuse, cela ne trompe pas.
Les
mécanismes pare-feu annoncés par les dirigeants
européens sont toutefois loin d’être opérationnels,
et les moyens financiers dont le FESF dispose concrètement sont
totalement insuffisants pour soutenir l’Italie. Tout se précipite
et le temps fait défaut. Appliquer l’accord de Bruxelles est la
seule voie possible, est-il martelé faute de mieux, pour ne pas
reconnaître qu’elle vient d’être doublement
barrée, par les marchés et fort probablement au nom de
la légitimité démocratique, avant même que
celle-ci ne se soit exprimée. Ce qui ressort de la situation est que
seule la BCE a les moyens, pour le meilleur et pour le pire,
d’être ce prêteur en dernier ressort qui fait défaut
à la zone euro. Amère leçon pour ceux qui ne veulent pas
en entendre parler et même pour ceux qui l’ont préconisé
dans un autre contexte.
Les
cris d’alarme n’ont pas manqué en Italie, notamment des
organisations patronales qui réclament du chef du gouvernement
qu’il agisse immédiatement. Angela Merkel
et Silvio Berlusconi se sont entretenus et ont convenus d’avoir
« des consultations étroites dans les prochaines
heures », signe de la fluidité de la situation. Mais les
jeux ne sont-ils pas déjà faits ?
Il
va falloir redoubler d’improvisation, le spread
entre l’Allemagne et la France a encore augmenté.
Billet
rédigé par François Leclerc
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