Le platine vient de passer au-dessus du cours
de l’or pour
la première fois en dix mois…
Son cours a augmenté au-dessus de celui de
l’or mardi matin le 15 janvier 2013 pour la première fois depuis
la mi mars 2012.
En comparant les fixings du matin à
Londres d’aujourd’hui pour l’or et le platine, nous
pourrions proposer toute sorte de raisons sur les marchés des
métaux précieux pour ce revirement. La production de platine
par exemple n’en a pas fini avec les troubles, étant
basée principalement en Afrique du sud. Les conflits l’an
dernier du côté du Bushveld Igneous
Complex ont tranché près de 7,5% dans la production annuelle.
Le producteur majeur AmPlats vient d’annoncer
qu’il fermerait deux sites et en vendrait un autre, baissant la
production de quelques 5% de la demande annuelle mondiale et risquant
peut-être 14 000 emplois.
L’utilisation première du platine
(dans les catalyseurs de moteur à essence) jouit en ce moment
d’un renouveau. Le géant automobile allemande Volkswagen a rapporté lundi une hausse de ses ventes
de 11% l’an passé. Déclarant que « la reprise
cyclique des ventes de voitures mondiales commencée au milieu de
l’année 2009 reste intacte », les analystes chez Scotiabank prévoient maintenant « des ventes mondiales record d'automobiles pour 2013 ». Donc plus d’utilisation du
platine à priori.
Quid des estimations ?
Par exemple celle de Johnson Matthey
dans le numéro de Platinum
Interim Review de
novembre, « on avait prévu que le marché du platine
passerait dans un déficit de 400 000 onces en 2012. De
sévères perturbations à l’exploitation des
métaux du groupe platine devraient réduire l’offre en
provenant de l’Afrique du Sud de plus de 600 000 onces. Avec une
demande ferme à 8,07 millions d’onces et un déclin du
recyclage, le solde du marché du platine semblerait très
différent de [celui de] l’an passé. »
Dans un marché de 251 tonnes, en
d’autres termes à peine une goutte à côté
des 4 300 tonnes de l’or au cours des douze derniers mois,
l’approvisionnement du platine était en retard sur la demande de
12 tonnes en 2012, soit 5%.
Mais ceci explique à peine le trading du platine à un cours moindre sur
l’or tout au long de l’année dernière. Est-ce que
les traders du platine viennent juste d’apprendre ce qui s’est
passé en 2012 ? Si oui, alors plutôt que de regarder les
forces internes du marché des métaux sur le court terme, pourquoi
ne pas regarder le très long terme de l’or contre le platine,
aussi loin que les archives trouvées sur Google nous
mènent ?
« Quand découvert pour la
première fois [au milieu du XVIIIème
siècle] », comme l’indique un vieux livre
poussiéreux pour les collectionneurs de pièces, « le
platine était hautement prisé car il ne pouvait être
produit qu’en petites quantités. [Mais] moins d’un
siècle plus tard il est devenu si abondant que plusieurs mines ont
été abandonnées car elles produisaient trop de
platine ».
Pour la poignée de pays qui ont pris la
peine de frapper des pièces de platine, surtout la Russie au milieu du
XIXème, « la contrefaçon est devenue un
problème majeur », explique le vieux livre. Mais seulement
parce qu’en fait « les pièces de platine
étaient plaquées avec de l’or et [on les a] fait passer
comme les pièces d’or les plus précieuse d’alors de
la même taille ».
Avance rapide vers 1904 (quand l’Espagne
abandonne finalement sa production de pièces de platine
commencée en 1747), et c’est les utilisations industrielles du
platine qui ont repris le flambeau. Vous pouvez voir ce que le fait d’être
plus dur et plus difficile à travailler que l’or a fait pour le
platine avec le
goût précoce pour les bijoux en platine au XXème suivi par des restrictions des
approvisionnements de platine comme « matériel
stratégique » en temps de guerres.
Dans les années 1950, la
nouvelle science de la catalyse, changeant le taux auquel les réactions chimiques ont lieu,
ont vu le platine se distinguer de nouveau de l’or comme
« utile » plutôt que simplement un métal
précieux décoratif. L’or a toujours conservé son
utilisation économique, cependant. A l’époque, comme
à présent, il est plus social qu’industriel, et les
grands écarts de la prime du platine sur les cours de l’or que
vous pouvez voir sur le graphique ci-dessus, coïncident avec les
périodes pendant lesquelles conserver son patrimoine était plus
urgent que de développer de nouveaux moteurs pour les marchés
croissants automobiles.
Que le platine maintienne ou non ses primes
retrouvées sur le cours de l’or dépend de la perspective
sous-jacente de la croissance contre la dépression. Donc faites vos
jeux ! Les traders des « futures » n’y
manqueront pas eux.
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