La grande affaire du
moment, c’est bien la bulle sur les obligations.
Pendant plus de trente
ans, les nations souveraines, notamment en Occident, ont acheté des votes en
l’échange de versements spéciaux connus sous le nom d’aides sociales et
médicales, de sécurité sociale, et ainsi de suite.
Le caractère ridicule de
tout cela devrait pouvoir en toucher certains. Les hommes politiques, afin
d’être élus, promettent d’allouer des fonds aux contribuables grâce à des
programmes sociaux qui leurs bénéficient (je ne parle ici que des dépenses
sociales, par des infrastructures et autres coûts).
L’idée que les
contribuables puissent simplement garder cet argent n’entre jamais en ligne
de compte. Et parce que tout le monde croit dépenser l’argent de quelqu’un
d’autre, tout le monde joue le jeu.
Si vous pensez que
l’argent que vous dépensez est celui de quelqu’un d’autre, il est facile
d’écrire un chèque vierge. C’est précisément ce qu’on fait les nations
occidentales depuis des années. Elles ont promis à tous une retraite assurée
sans même se demander d’où l’argent nécessaire pourrait provenir.
Mais quand l’heure est
venue de payer les factures, les gouvernements ont vite découvert que leurs
recettes fiscales ne leur suffiraient pas… alors ils ont émis de la dette
pour couvrir la différence.
C’est ainsi qu’est née
la bulle sur les obligations.
Les plus grosses
banques, celles qui ont un monopole sur la manipulation de la dette
souveraine, ont été heureuses de pouvoir participer. Les raisons en sont les
suivantes :
- Elles
peuvent avoir recours aux actifs dits sans risques en tant que
collatéral contre plusieurs dizaines de trillions de produits dérivés.
Un investissement d’un million de dollar auprès du Trésor peut garantir
plus de 15 millions de produits dérivés, sinon plus. Les profits générés
sur les marchés des produits dérivés sont une source primaire de revenus
pour les banques.
- Les
gouvernements souverains se font une joie de refinancer les grosses
banques si les choses tournent mal pour les opérations garanties par la
dette souveraine (voir ce qui s’est passé depuis 2006). Puisque les
banques sont celles qui possèdent la dette souveraine, elles peuvent
toujours menacer de se débarrasser de leurs obligations, ce qui ferait
sombrer dans la banqueroute la combine à la Ponzi qu’est le système
d’aides sociales (comme ça s’est passé en Europe quand les obligations
souveraines se sont effondrées en 2001-12).
- Dans
un système financier basé sur la dette, comme notre système actuel, les
obligations souveraines sont l’actif majeur du système. Ceux qui en
possèdent en de grandes quantités sont au sommet de la chaîne
alimentaire financière, économique et politique.
Puisqu’il n’avait encore
jamais été un véritable promettre d’émettre de la dette souveraine, les
gouvernements n’ont jusqu’à aujourd’hui cessé de promettre des versements futurs
qu’ils ne pouvaient pas se permettre. Les nations Occidentales ont un ratio
dette/PIB de plus de 300%, une fois les passifs non-capitalisés pris en
compte (les programmes de dépenses sociales mentionnés plus haut).
Réduire les dépenses
sociales est aujourd’hui perçu comme un suicide politique (après tout, les
électeurs qui vous ont élu l’ont fait pace que vous leur avez promis des
versements d’aides sociales). Plutôt que de faire défaut de votre contrat
social, vous êtes forcé d’émettre plus de dette pour financer votre dette
plus ancienne qui approche de son échéance.
C’est précisément ce
qu’ont fait les Etats-Unis au dernier trimestre de 2014, en émettant plus
d’un trillion de dollars de nouvelle dette pour rembourser leur dette plus
ancienne.
C’est comme ça que le
marché des obligations se transforme en bulle. Entre 2000 et aujourd’hui, le
marché global des obligations a presque triplé de volume. Aujourd’hui, il
représente plus de 100 trillions de dollars, et garanti plus de 555 trillions
de dollars de produits dérivés.
Il n’existe pas de
solution facile à ce problème. Les retombées en seront sévères. Ceux qui sont
responsables de prendre les décisions (l’élite politique, les grosses banques
et les banques centrales) repousseront tant qu’ils le pourront ces
conséquences au lendemain jusqu’à ce qu’ils n’aient plus d’autre choix que de
leur faire face.
Le fait que les banques
centrales diminuent aujourd’hui ouvertement les taux d’intérêt au point de
les rendre négatifs devrait vous en dire long sur nos problèmes de
financement (au taux actuel, ceux qui possèdent des obligations payent les
gouvernements pour avoir le droit de posséder leurs obligations). Quand la
partie sera terminée, tout s’effondrera. Et 2008 ressemblera à un
pique-nique.
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