Les gouvernements ont refusé d’accepter
la nécessité d’une période de réajustement économique à la suite de la bulle
sur le crédit. Cette bulle a éclaté il y a cinq ans et le progrès économique a
depuis été suspendu. Les conséquences de ce refus d’accepter la réalité sont
inutilement pénibles et n’offrent aucune issue éventuelle.
Réduits à de simples
squelettes, la solution aurait été de laisser les entreprises et les banques
non-viables s’effondrer, ou d’ignorer le problème en espérant qu’il finisse
par disparaître de lui-même. En tant qu’investisseurs, nous sommes familiers
avec ce système : une entreprise qui refuse d’adopter de nouvelles
réalités finit par échouer. Mais avant cela, les investisseurs ont le choix
soit de vendre leurs actions et de réinvestir leur argent afin de le rendre
plus profitable, soit de refuser d’accepter des pertes prématurées sur leur
investissement initial. La plupart d’entre nous, puisque nous sommes humains,
choisissent la seconde option.
La leçon, si tant est que nous
voulions l’apprendre, est que le produit du temps et de l’argent est plus
désirable que d’enregistrer une perte. En termes économiques, il est
préférable pour les ressources d’être déployées efficacement plutôt que de se
concentrer sur les activités inefficaces et sans intérêt. C’est la décision
des marchés, et pas des gouvernements, qui nous ramène
à la nécessité d’un réajustement économique. Les gouvernements n’ont
simplement pas su admettre le fait que nous soyons actuellement dans un bazar
post-bulle : ils pensent toujours que le problème pourra être résolu
avec le temps.
Passons outre ceux qui nous
disent que nous ne pouvons comparer les comptes nationaux avec ceux d’une
entreprise. Un tel étalage de platitudes reflète plus des illusions que la
réalité. En revanche, ceux qui se bercent d’illusions ont raison lorsqu’ils
disent que le gouvernement a la
capacité de repousser l’inévitable, contrairement aux entreprises. Mais les
conséquences n’en sont que l’économie zombie dont nous souffrons aujourd’hui.
Les gouvernements refusent de
laisser les marchés s’autoréguler et on n’a pas laissé les prix se
rééquilibrer. Ils le font parce qu’un économiste Américain du nom d’Irving
Fisher a donné naissance à une théorie au sujet de la déflation des années
1930 et qu’ils ne veulent pas assumer la banqueroute qui est le destin de
ceux qui se sont trop endettés, des entreprises qui reposent sur l’Etat pour
leur survie, et les banques qui leur ont bêtement prêté trop de monnaie.
La réalité est en train de
rattraper les gouvernements occidentaux. Leur situation financière se
détériore rapidement, leurs dépenses sociales sont hors-de-contrôle, et ils
sont fortement endettés. Ils ne peuvent pas redresser le système bancaire,
qui est insolvable et considérablement plus large que les gouvernements
eux-mêmes. La reprise économique, qui est la carte de survie du gouvernement,
ne pourra pas se produire avant un réajustement économique.
Nous avons depuis longtemps
franchi le point de non-retour : probablement depuis que la direction de
la Fed, sous Greenspan, a décidé de venir en aide au marché des actions en
faisant passer les taux d’intérêts à 1% en 2003-04. Depuis lors, l’Etat est
en crise. Nous en sommes aujourd’hui au point de voir les gouvernements se
protéger eux-mêmes plutôt que de protéger les intérêts de leurs électeurs.
Les gouvernements agissent aux
dépens de leurs électeurs pour leur propre survie, et c’est là leur dernier
refuge face à la réalité.