LE DESTIN GREC DU PORTUGAL

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Published : July 22nd, 2013
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Appliquant le mot d’ordre « pas de vagues !» sur lequel tous les dirigeants européens se sont visiblement entendus à sa demande – seule chose sur laquelle ils semblent d’ailleurs d’accord – le gouvernement allemand manifeste « de la compréhension pour la situation difficile du Portugal » et, partant « du principe qu’il est dans l’intérêt du Portugal de maintenir le cap », accepte le report de la mission de la Troïka du 15 juillet. On n’y verra aucun rapport avec la tenue prochaine des élections outre-Rhin. Mais ce qui est en jeu dépasse cette échéance comme le cas du Portugal et, de même qu’en Grèce et en Irlande, concerne les conditions dans lesquelles va être organisée la sortie officielle de ces pays de leurs plans de sauvetage, ou plus exactement l’habillage qui va être trouvé pour les poursuivre, vu leur échec qui symbolise trop ouvertement celui d’une stratégie toute entière.

C’est sous cet angle que la crise politique portugaise va se poursuivre avec un gouvernement affaibli après un replâtrage de circonstance. En préconisant des élections anticipées au printemps prochain et la formation d’un gouvernement de « salut national » regroupant le PSD, le CDS-PP ainsi que le parti socialiste actuellement dans l’opposition, le président de la République en partage la responsabilité avec les démissionnaires en série. C’est qu’il n’a qu’une seule préoccupation en tête : quel gouvernement sera demain en mesure de négocier et d’appliquer de nouvelles inévitables mesures de soutien et d’austérité ? Car la coalition actuelle, qu’il a maintenue au pouvoir en refusant des élections dans l’immédiat, est totalement déconsidérée, comme le sont d’ailleurs les dirigeants socialistes dont nul n’a oublié qu’ils sont à l’initiative du désastre.

Différentes estimations circulent à propos de la dette portugaise. Le FMI prévoit qu’elle culminera à 124 % du PIB fin 2014, tandis que les analystes de Royal Bank of Scotland (RBS) pensent qu’elle atteindra 135 % l’année suivante. Dans les deux cas, la même conclusion s’impose : le pays n’est pas sorti d’affaire. Selon Natixis, il faudrait dégager 8 points de PIB pour présenter un excédent primaire, ce qui suppose une croissance inatteignable, alors que la récession sévit, pour ne serait-ce que stabiliser la dette. Ou bien des réformes en profondeur, qui en tout état de cause ne produiraient leurs effets que dans des années et laisseraient le pays exsangue.

La toute dernière mission grecque de la Troïka montrant qu’elle n’a qu’une seule réponse à ce genre de situation – la poursuite et l’approfondissement des mesures d’austérité et des réformes structurelles – le sort qui attend les Portugais semble réglé. Ce qui ne l’est pas, c’est la contrepartie encore à trouver afin de poursuivre un soutien financier faute duquel le pays s’écroulera. Dans le cas de l’Irlande, on a parlé d’une ligne de crédit permanente sur laquelle il pourrait être tiré sous condition. Dans celui de la Grèce, une nouvelle restructuration de la dette est sur toutes les lèvres mais cette perspective n’est envisagée que pour dire qu’elle n’est pas concevable (sauf par le FMI). Tout au plus pourrait-on accorder des facilités de remboursement aux prêts déjà effectués, en modifiant le calendrier des versements. Ce qui pourrait être aussi accordé au Portugal, mais ne réglerait également rien car esquivant l’essentiel : l’insolvabilité de ces deux pays au regard du montant de leur dette.

Quelles seraient les conséquences d’une restructuration avec décote ? D’après la Deutsche Bank, la dette publique portugaise serait actuellement d’environ 200 milliards d’euros, avec comme créanciers la Troïka (86 milliards, soit 43 %), les banques et assurances du pays (70 milliards, soit 35 %) et des investisseurs étrangers (44 milliards, soit 22 %). Les États européens et le FMI subiraient donc le plus les conséquences d’une décote, suivis des banques et assurances du pays. Dans le premier cas, cela sonnerait le glas des interventions du FMI (ce qui semble avoir déjà été décidé par anticipation) et infligerait de sérieuses pertes aux créanciers publics européens, et dans le second cela obligerait à renflouer les banques du pays. C’est pourquoi toute restructuration de cette nature est refusée, impliquant des pertes politiquement elles aussi insoutenables.

Pour parachever le tableau, les banques seraient également atteintes, espagnoles d’abord, françaises et allemandes également, les premières n’ayant pas vraiment besoin de cela ! Devant ce scénario, qui est pourtant le seul possible, il va donc être temporisé, accentuant encore la situation désastreuse du Portugal, désormais sur les brisées de la Grèce et partageant son destin. Pour un bon élève hier encensé, quelle dégringolade qui en dit long sur la qualité du système d’évaluation et la persévérance à se voiler la face !

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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