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Le diable est dans les gros détails

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Published : October 11th, 2011
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Dexia est-il un « cas particulier » dans le paysage bancaire, comme vient de l’affirmer François Baroin, le ministre français des finances, toujours aux avant-postes quand il s’agit de noyer le poisson ? Fidèle à sa ligne de conduite, il vient d’être tout aussi catégorique en assurant que les banques qui auraient besoin d’être recapitalisées avaient été identifiées par les stress tests – ce qui exclut les françaises – et que la garantie apportée par l’Etat à la bad-bank, qui va récupérer une partie des actifs douteux de Dexia, n’aurait pas d’impact sur la notation de la dette française. Utilisant un argument imparable pour cela : « la garantie n’est actionnée que si elle appelée, et nous faisons le pari que cette opération va fonctionner »…


La vérité est que les dirigeants européens ont trois semaines devant eux pour parvenir à un plan d’ensemble évitant que tout ne s’écroule, et que tout reste à faire. Au sortir du sommet de Berlin d’hier, il n’y a d’accord d’aucune sorte sur aucun des sujets qui devraient le composer. Pour gagner un peu de temps, le sommet européen prévu les 17 et 18 de ce mois est repoussé au 23.


Ainsi que l’a estimé José Manuel Barroso, tout le monde est devant l’inconnue que représenterait une décote supplémentaire de la dette grecque, afin de rendre crédible son remboursement. Non seulement en raison des conséquences que cela aurait pour les banques grecques, qui n’y résisteraient pas, mais également pour l’ensemble de l’économie et des fonds de retraite grecs, et enfin au-delà pour la zone euro. Il n’y a en effet aucun précédent, et l’on a maintenant compris que l’effet systémique d’un tel défaut n’est pas prévisible, ne pouvant se mesurer à la simple exposition des banques à la dette grecque, prises une par une.


Jugeant que la zone euro se trouvait « dans une situation très difficile », le porte-parole du gouvernement allemand, a expliqué ce matin que « il va y avoir maintenant un dur travail sur les détails », tout en précisant que les travaux à venir seraient « confidentiels ». On verra combien de temps les fuites pourront être évitées, sous la pression des marchés. Certes, ceux-ci se sont dans un premier temps satisfaits de l’affirmation selon laquelle les banques allaient être renforcées, mais des « détails » vont devoir vite être fournis.


Avant même de parler du dispositif qu’il va falloir déployer, les estimations continuent d’être très variables à propos des montants à mettre sur le tapis, afin que l’annonce attendue fasse l’effet d’un tir de « bazooka », suivant l’expression venue d’outre-Atlantique (Henry Paulson avait ainsi qualifié le TARP). Depuis reprise par David Cameron, le premier ministre britannique, qui estime par ailleurs que « le temps est compté ». Pas moins de cent milliards d’euros, en tout état de cause. Mais d’autres estimations de JP Morgan et de Nomura dépassent les 200 milliards d’euros annoncés par le FMI et atteignent 400, voire 675 milliards d’euros, le tout dépendant de l’ampleur des décotes à venir et des pays concernés. On est très loin des 2,5 milliards identifiés par les derniers stress tests, que Dexia avait d’ailleurs passés haut la main !


Une triste vérité se fait jour : le simple calcul des besoins de recapitalisation des banques – c’est à dire la profondeur de leur trou potentiel – rencontre de grandes difficultés d’appréciation. Pour mesurer la vanité de l’exercice, il faut par exemple observer la proportion très importante (jusqu’à 10% de leur noyau dur, selon la BCE) des DTA, les Deferred Tax Assests, qui sont des crédits d’impôts sur les pertes antérieures comptabilisés au titre du noyau dur au bilan des banques. Ils ne seront en effet d’aucune réalité, si celles-ci ne produisent pas les bénéfices anticipés.


L’Europe a-t-elle les moyens de ce traitement de choc des banques, dans le contexte politique actuel ? Rien n’est moins certain, ce qui laisse supposer un parcimonieux renforcement des banques, et non pas un tir de bazooka. Surtout qu’il faudra ensuite aborder l’autre grand dossier en attente : comment élever une haute barrière financière, par exemple sous forme de lignes de crédit destinées aux Etats, pour éviter que l’Italie et l’Espagne n’entrent au coeur de la zone des tempêtes ? Mais n’anticipons pas, car les marchés s’en chargent très bien.


Quoique les banques en disent, l’addition commence à être salée pour elles, si l’on ajoute à l’absorption d’une décote supplémentaire sur les dettes souveraine de la Grèce, probablement suivie de celles d’autres pays à venir, l’obligation de s’aligner sur les nouveaux ratios de Bâle III. Dans un contexte où leurs besoins de refinancement au titre de leurs opérations de crédit en cours sont élevés et alors que le marché obligataire accroît ses exigences.


Les banques ont de plus en plus de difficultés à convaincre les marchés d’investir dans leur propre dette, en raison du risque nouveau qu’elles représentent : leur exposition à la dette souveraine qui était hier au contraire jugée facteur de solidité. Jouant un rôle déterminant dans l’offre de crédit aux entreprises, elles risquent de la restreindre ou la rendre plus onéreuse, ce qui revient la plupart du temps au même. C’est par ce biais que la récession économique s’élargira et s’approfondira, créant en retour un nouveau choc sur les banques, qui verront à nouveau leur volume d’affaire diminuer.


La situation de la zone euro a ceci de reconnu que la BCE a des moyens d’action bien plus limités que ses collègues. Faire sauter ce verrou pour l’aligner – solution que les Américains et les Britanniques préconisent – est une décision que l’on ne voit pas les Allemands accepter. Cette porte fermée, il ne reste plus alors en magasin que des montages reposant sur un empilement de dettes, afin de créer un effet de levier au FESF.


Le champ du possible se rétrécit.


 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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