La destruction de l'économie politique (cf. texte
d'octobre 2016) est confortée, en France, par son enseignement
étatique.
1. Les fausses hypothèses.
L’enseignement de l’économie politique tend en effet, pendant les
premières années universitaires, à cacher
- non seulement les réglementations en vigueur qui pèsent sur
les actions humaines (hypothèse 1),
- mais encore les règles de droit dont procèdent les réglementations (cf. livre
de Friedrich von Hayek intitulé Droit, législation et liberté)
(hypothèse 2).
A défaut, l'enseignement "fait joujou" avec des modèles
mathématiques qu'il dit être "économiques", quoique ceux-ci soient
plus irréalistes les uns que les autres car ils excluent les considérations
précédentes des règles de droit, de la justice sociale, et de la
législation sous toutes ses formes.
Exemplaire est la démarche mathématique de l''élasticité-prix en
monnaie" de l'offre des valeurs qui ne distingue pas le cas de la
concurrence et celui de la réglementation des prix en monnaie.
Dans les deux cas, l'élasticité est "infinie"!
2. Analyse monétaire.
Victimes de la démarche, en particulier, les faits monétaires.
Ceux-ci sont réglementés depuis bien longtemps par la législation et leurs
réglementations, et ce fait est ignoré des étudiants, voire, curieusement, de
leurs professeurs.
Leur analyse ou étude devrait au moins supposer de distinguer d'abord ce
qui a trait à ce qu'on a dénommé "monnaie" et les réglementations
que celui-ci a supportées, ce qui est ignoré.
3. Fait monétaire et théorie monétaire.
Reste que :
"Facts do not speak, they need to be spoken by a theory",
comme l'a écrit Ludwig von Mises (cf. billets précédents).
Et les théories monétaires sont aujourd'hui nombreuses (cf. par exemple,
la classification des théories monétaires de Mises en
- doctrine catallactique, et
- doctrines a catallactiques
au début du
XXème siècle).
Ainsi, le savant économiste doit faire des choix entre les théories.
Tout cela aussi est caché aux étudiants ...
4. Le fait d'acte d'échange de valeurs.
Le fait monétaire ne saurait cacher le fait de l'acte d'échange de valeurs
qui lui a donné existence, d'une part, et, d'autre part, dont il dépend.
L'analyse ou l'étude d'un fait d'acte d'échange de valeurs devrait
supposer de distinguer d'abord ce qui a trait à ce qu'on dénomme
"valeur" (cf. ce texte
d'août 2016) et les réglementations qu'il supporte, ce qui est rarement
le cas.
Rappelons-en des éléments qu'en donnait Say au début du XIXème siècle,
c'est-à-dire bien avant les absurdités que nous vivons aujourd'hui :
"[...]
les ventes et les achats ne sont, dans la réalité, que des échanges de
produits.
On échange le produit que l’on vend et dont on n’a pas besoin, contre le
produit qu’on achète et dont on veut faire usage. [...]
La monnaie [...] entre passagèrement en notre possession quand nous
vendons ;
elle en sort quand nous achetons, et va servir à d’autres personnes de la
même manière qu’elle nous a servi.[ ...]
la monnaie [ ...] sert en ceci, que
lorsque vous voulez changer le produit qui vous est inutile, contre un autre
que vous voulez consommer,
il vous est commode, et le plus souvent indispensable de commencer par
changer votre produit superflu en cet autre produit appelé monnaie,
afin de changer ensuite la monnaie contre la chose qui vous est
nécessaire. (Say, 1815, pp.49-55)
Echange indirect, offre et demande, ou intermédiaire des échanges de
valeurs vont de pair ...
. Intermédiaires des échanges des valeurs.
Et Say d'avoir mis le doigt sur le grand mot :
"[...] La
monnaie n’est pas le but, mais seulement l’intermédiaire des échanges".
(Say, 1815, p.49)
Mais l'idée est incomplète.
Pour qu'elle soit complète, Say aurait dû écrire que ... la monnaie était
l'intermédiaire récurrent des actes d'échanges indirects de
valeurs.
D'une part, c'est seulement après une longue période (que personne ne
connaît et sur quoi personne n'a rien écrit) que ce qu'on dénomme abusivement
"monnaie" aujourd'hui s'est imposé progressivement comme
intermédiaire des échanges.
Pour en rendre compte, le mot "récurrent" semble
approprié et ne devrait pas être mis de côté.
D'autre part, parler d'acte d'échange de valeurs est une façon juste de
s'exprimer, mais trop imprécise.
Seuls les actes d'échanges indirects de valeurs, chers aux économistes
dits "autrichiens" par les marxistes, méritent attention.
Say les a certes évoqués par anticipation, mais sans y mettre l'accent.
5. L'incompréhension de la notion de "marché".
Aujourd'hui, en France, tout se passe comme si l'analyse économique,
l'étude des faits économiques, majoritaire, avait:
- pour point de départ explicite, la notion de "marché" et
- pour point de départ implicite la notion d'un "équilibre de
marché" cachant la notion d'"égalité de l'offre et de la demande de
valeurs".
Le fait est que la notion de "marché" n'est qu'un résultat des
notions d'"offre" et de "demande" de valeur expliquées,
chacune, par la notion de "prix en monnaie" de la valeur en
question (cf. ce billet
sur Cournot d'octobre 2016).
La référence à l'équilibre n'a pas de raison d'être.
6. L'analyse monétaire est un aspect de l'analyse économique.
Il est un fait qu'avec acte d'échange direct des valeurs, sans
"intermédiaire des échanges", des échanges de valeurs se font et
d'autres ne se font pas.
On dira que des valeurs étaient échangeables et d'autres ... non
échangeables pour des raisons juridiques, techniques ou économiques.
Avec acte d'échange indirect de valeurs, offre et demande du marché, ou
"intermédiaire des échanges", davantage d'actes d'échanges se sont
faits grâce à ce qu'on a dénommé "monnaie", mais d'autres sont
restés à ne pas se faire.
Etant donné cette espérance d'échanges accrus et, par conséquent, de coûts
des actes d'échange amoindris, ce qu'on a dénommé "monnaie" a été
longtemps développé par des gens (mais par on ne sait qui...) pour
concrétiser une forme de l'"intermédiaire des échanges" ...
Reste que les échanges de valeurs non
aboutis sont mis de côté par les économistes.
7. L'invention de ce qu'on a dénommé "monnaie" et la
contrefaçon.
La démarche de ce qu'on a dénommé "monnaie" avait
aussi, bien évidemment, d'autres avantages et des inconvénients.
Je laisse de côté les avantages tant ils sont nombreux et ont permis
longtemps de faire oublier la réalité des inconvénients.
. La contrefaçon.
Inconvénient fondamental de ce qu'on a dénommé "monnaie" et sur
quoi les hommes de l'état ont mis l'accent à en croire Say, c'est la
contrefaçon (cf. ce texte de
septembre 2016).
Fallait-il accepter qu'ils s'en donnassent d'abord le privilège de
monopole de production, puis celui d'émission comme ils l'ont décidé?
Fallait-il accepter qu'ils obligeassent chacun à utiliser pour ses
échanges les "machins" réglementés?
Le fait est que les inconvénients se sont accumulés en dépit des
réglementations successives adjacentes créées par les mêmes et,
surtout, à cause de celles-ci.
8. L'espérance de contrefaçon et ses malheureux aboutissants.
Les échanges de valeur qui se sont faits ont caché, en effet,
- d'un côté, des inconvénients, des coûts évalués par les gens qui y ont
procédé, et,
- de l'autre, des avantages, des gains.
Parmi ces gains et pour ne pas remonter trop loin dans l'histoire, il y
avait la garantie de la forme qu'on avait dénommée "pièces de
monnaie" fondée sur le droit de propriété, et, parmi les coûts, la
contrefaçon imaginable de la garantie.
a. Le faux remède à la contrefaçon de la "pièce de
monnaie".
Etant donné l'inconvénient de la contrefaçon imaginable et le coût des
actes d'échange en résultant, il s'avère que les hommes de l'état ont
décidé d'y porter remède un beau jour.
Ils se sont donnés le privilège de monopole de production de la
"pièce de monnaie", forme de l'intermédiaire des échanges de
valeurs, et ont obligé les gens à effectuer les paiements en ces pièces.
En vérité, la contrefaçon privée a continué à exister et elle s'est même
accru de la contrefaçon étatique!
b. Le faux remède à la contrefaçon du "billet
de banque en monnaie".
Etant donné l'innovation humaine et malgré le précédent monopole, les gens
ont inventé des formes autres que les pièces de monnaie comme les
"billets de banque en monnaie" et les "comptes de dépôts
bancaires" dont l'ensemble a été aussi envisagé comme des "substituts
de monnaie bancaires" car convertibles contractuellement, sans coût,
contre des "pièces de monnaie".
Mais, pour les mêmes raisons de coût et, selon eux, d'efficacité que
précédemment, les hommes de l'état ont fait valoir des inconvénients et ont
proposé leurs remèdes.
Ils se sont donnés le privilège de monopole d'émission des "billets
en monnaie" en le confiant à une banque dénommée "banque
centrale", créée par leurs soins, qu'ils maîtrisaient et qui a
aussi reçu la tutelle des autres banques, dites "de second rang".
Et la contrefaçon privée a continué à se développer ainsi que,
surtout, la contrefaçon étatique.
9. Le socialisme international.
Etant donné l'innovation humaine, malgré les privilèges des monopoles et
les contrefaçons étatique ou privée, tout cela d'ordre national, les hommes
de l'état de pays différents sont parvenus à s'entendre au début du XXème
siècle dans le cadre d'une conférence internationale (Gênes, 1922) (cf. ce texte
de novembre 2010).
Au terme cette conférence, il a été convenu que les substituts de monnaie
bancaires pourraient être échangés internationalement à condition
que l'unité de monnaie du pays du substitut fût convertible, sans coût, en
monnaie or.
L'étalon de change-or a ainsi pris la place implicite de l'étalon-or.
a. L'interdiction partielle de la conversion du dollar des
Etats-Unis d'Amérique en monnaie-or.
Mais près de dix ans plus tard, le président des Etats-Unis d'Amérique a décidé
d'interdire à ses compatriotes non seulement la conversion de leurs
substituts de monnaie bancaires en monnaie or, mais encore de détenir de
l'or.
Des pays le suivirent.
Les contrefaçons étatiques sont ainsi patentes.
b. L'extension du socialisme international.
Dix ans encore plus tard, un colloque international (Bretton Woods, 1944)
a décidé de créer, en particulier un organisme international dénommé
"fonds monétaire international".
Il a eu pour mission d'aider les pays dont la balance des échanges extérieurs
n'était pas nulle ou, si vous préférez, n'était pas équilibré, à le devenir.
c. L'interdiction définitive de la conversion du dollar des
Etats-Unis d'Amérique en monnaie-or.
Prés de trente années plus tard (1971-73), l'échec de la mission du F.M.I.
étant patent, le président des Etats-Unis d'Amérique a décidé d'interdire à
qui que ce soit de demander la conversion des substituts de monnaie bancaires
en monnaie or.
Il a ainsi mis fin à l'"étalon de change-or", contrefaçon
étatique évidente.
Désormais, les gens ont accepté d'échanger des formes d'intermédiaire
faussement dénommées "monnaies réglementées" à des taux dits
"taux de change" nécessairement irrationnels.
Cette acceptation a été pour le moins étrange...
d. La création de la "monnaie réglementée €uro".
Vingt-cinq ans plus tard encore (décennie 1990), les hommes de l'état d'un
certain nombre de pays de l'Europe géographique ont décidé de fusionner leur
"monnaie réglementée" en une monnaie réglementée
"régionale" - à l'échelle du monde - dénommée "€uro".
Chaque pays a accepté d'abandonner sa "monnaie réglementée".
Ils ont créé, par statuts, un organisme indépendant de leurs actions
réglementaires, à savoir la "banque centrale européenne"
(sigle "B.C.E."), système européen des banques centrales.
La banque centrale européenne a reçu le privilège de monopole d'émission
des billets de banque en monnaie €uro.
Selon l'article 16 de ses Statuts
:
"Billets.
Conformément à l'article 106, paragraphe 1, du traité, le conseil des
gouverneurs est seul habilité à autoriser l'émission de billets de banque
dans la Communauté.
La BCE et les banques centrales nationales peuvent émettre de tels
billets.
Les billets de banque émis par la BCE et les banques centrales nationales
sont les seuls à avoir cours légal dans la Communauté.
La BCE respecte autant que possible les pratiques existantes en ce qui
concerne l'émission et la présentation des billets de banque."
Elle a aussi reçu le privilège de la tutelle des autres banques dites
"de second rang".
Les hommes de l'état de chaque pays ont conservé, pour leur part, le
privilège de monopole de production des pièces en métal...