Il y a un mois, nous nous
penchions sur un mécanisme archaïque du marché de l’investissement sur l’or –
le fixing de Londres – et nous
demandions ce qu’il est exactement et s’il a encore une quelconque importance
aujourd’hui.
Nous avons beaucoup entendu
parler de ce procédé centenaire ces derniers mois, parce que les régulateurs
occidentaux ont commencé à remettre en question sa légitimité. Comme je l’ai
expliqué le mois dernier, BaFin, la CFTC et le CFA
ont tous trois observé le fixing du prix de l’or.
Suite aux rumeurs concernant
son implication au fixing, la Deutsche Bank a annoncé qu’elle prévoyait de
vendre les sièges dont elle dispose autour de la prestigieuse table, dans le
cadre du projet de la banque de se retirer des marchés des marchandises.
Nous nous sommes demandés en
janvier si quiconque pourrait ne serait-ce que vouloir de ces sièges compte
tenu des examens auxquels fait actuellement face le procédé.
Nous avons aussi abordé les
inquiétudes de la Chine face à un système qu’elle ne juge pas suffisamment
transparent, et sa volonté de participer à la découverte du prix de l’or.
Faites entrer le nouveau joueur
Comme on dit, si vous ne
pouvez pas les battre, rejoignez leurs rangs. C’est là précisément ce que les
Chinois prévoient de faire.
La semaine dernière, Standard
Bank apparaissait comme l’acheteur potentiel des sièges de Deutsche Bank.
Bien que la banque appartienne à l’Afrique du Sud, elle est en passe de
vendre ses divisions de marché basées au Royaume-Uni à la Banque industrielle
et commerciale de Chine.
Compte tenu de la proéminence
de la Chine sur le marché de l’or, il est étonnant que la banque chinoise
pense à utiliser ses investissements sur Standard Bank comme moyen d’intégrer
le cœur du marché de l’or. La banque a plusieurs millions de clients. La
demande en investissement sur l’or de la Chine a gagné 32% en 2013 et ne
semble pas ralentir.
Une source basée à Londres a indiqué
au FT que « la Banque industrielle et commerciale de Chine désire
participer au marché de l’or, et joindre le fixing au travers de Standard
Bank serait un moindre coup porté à l’industrie ».
Koos Jansen a récemment publié un
fantastique entretien avec le directeur de la division des métaux précieux de
la banque chinoise. L’entretien prouve clairement des intentions de la banque
de gagner de l’importance sur le secteur des métaux précieux. « En 2013,
les ventes d’or physique de la banque ont augmenté de 80% ».
Les effets de la Chine
Que signifiera l’arrivée de l’un
des plus gros participants au marché de l’or pour le fixing de Londres ?
La manipulation du prix de l’or prendra-t-elle fin ? Peut-être n’avons-nous
encore rien vu.
Peu importe ce qui se passera,
il ne fait aucun doute que manipulation et collusion sont présentes autour de
la table.
Ce matin, le FT publiait un
rapport sur Fideres qui suggère une « collusion »
entre les banques responsables du fixing.
Selon le rapport, il
existerait des preuves que le prix de l’or grimpe ou descende au fil de la
conférence entre les membres du fixing, et qu’un mouvement plus violent à la
hausse (ou à la baisse) survient exactement au moment où elle prend fin avant
de se retourner brutalement. 50% des situations étudiées par Fideres seraient « suspects ».
Pour ceux d’entre vous qui ne
sont pas familiers avec le procédé du fixing de Londres, il implique cinq
banques : Barclays, Deutsche Bank, Bank of Nova Scotia,
HSBC Holdings et Société Générale. Il a lieu deux fois par jour, à 10 heures
et 15 heures heure de Londres.
Fideres a conclu que l’action de prix mentionnée
plus haut « indique que les banques poussent le prix de l’or à la hausse
sur la base d’une stratégie très certainement déterminée avant la conférence
et qui vise à bénéficier à leurs positions existantes ou à leurs ordres ».
Les découvertes de Fideres ne feront qu’ajouter aux pressions sur la FCA
anglaise, la CFTC américaine et la BaFin allemande,
qui se sont penchées sur le fixing de Londres.
Restez attentifs à ce qu’il se
passe. A une heure où beaucoup de participants au marché de l’or, notamment
au marché de l’or physique, demandent la fermeture du fixing de Londres, l’arrivée
de la Chine autour de la table pourrait être une bonne chose.
En tant que pays qui désire s’accaparer
le plus d’or possible, il sera intéressant de voir comment se poursuivra le
procédé de découverte du prix de l’or.
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