Combien
de temps a-t-il fallu pour mettre en place le système de
réserve fédérale? Dix-neuf ans. Les différentes
parties prenantes ont posé la trame et débattu la
réforme bancaire entre les années 1894 et 1913. Ce fait est
relaté et prouvé dans un petit livre écrit par Elmus Wicker intitulé
« Le grand débat sur la réforme bancaire :
Nelson Aldrich et les origines de la Fed. »
Combien
de temps a-t-il fallu pour faire passer la loi sur le Medicare
(sécurité sociale) ? Vingt-huit ans. Les propositions sur
la couverture sociale provenaient à la fois de la bureaucratie, du
ministère de la santé publique et du ministère de la
sécurité sociale et remontent à 1937-1950 et puis, elles
ont été reprises par le gouvernement Truman.
Qu’est-ce
qui viendra après la réserve fédérale?
Après le Medicare? Et bien, une banque centrale internationale :
une nouvelle version du FMI. Le FMI, c’est le fonds monétaire
international.
Le processus de création de ce nouveau colosse est en marche depuis
dix-huit ans. Le comité économique du Congrès
américain analyse des études et des propositions depuis au
moins 1998. Et c’est la crise asiatique qui a joué le rôle
de catalyseur.
Les
groupes d’intérêts et de pouvoir qui créent ces
institutions font souvent face à des mouvements contradictoires avant
que le processus ne s’achève parce qu’ils débattent
au grand jour. Et puis, une fois que les personnes clefs signent et
négocient une forme particulière et une proposition, le
processus arrive à son terme. Une nouvelle structure de pouvoir
naît alors.
Le
développement d’une institution ayant la capacité de
prêter des fonds aux Etats souverains en tant que banque centrale est
au moins aussi important que la création de la Fed ou de la
sécurité sociale. C’est un élément clef
dans le processus de construction d’un gouvernement mondial et
d’un gouvernement extrêmement dangereux pour la liberté.
Le
FMI est une banque financée par les Etats et surveillée par les
Etats.
Ses
moyens financiers proviennent des contributions des Etats.
Elle
accorde des prêts souverains « subprimes »
(à un taux d’intérêt inférieur à
celui du marché) aux Etats mondiaux. Elle “va à la
rescousse” des Etats en difficultés. Elle met en place des plans
de sauvetage.
Le
rôle original du FMI, dont la charte date de 1945, était de
stabiliser les taux de change fixes. Quand les taux de change ont
commencé à flotter, surtout à partir de 1971, le FMI a
changé de trajectoire. Il a commencé à faire des
crédits aux gouvernements pour d’autres raisons.
Les
USA sont le premier acteur et directeur des plans de rescousse du FMI,
prêts et sauvetages divers.
Les
états mondiaux coopèrent, se font concurrence et parfois
même se font la guerre.
A
l’âge moderne, la coopération au moyen
d’institutions telles que les Nations Unies ou le FMI constitue une
forme de cartellisation politique. Il complète le contrôle
opéré par chacun des états sur ses propres citoyens. Il
permet de contourner les peuples
du monde, de leur ôter le contrôle sur leur propre gouvernement
et le pouvoir.
Le
FMI sauve des gouvernements prodigues qui dépensent davantage que
leurs impôts ne leur rapportent et qui mettent
en place des politiques monétaires inflationnistes. Tout comme les
sauvetages et les dépôts de garanties des banques
américaines permettent aux banques de consentir des prêts plus
longs qu’elles ne le feraient autrement, le FMI crée un hasard
moral au niveau des pays.
Les
“gros soucis”, les “crises monétaires” et les
“crises bancaires” que le FMI rafistole sont autant de blessures
que les pays s’infligent à eux-mêmes en raison du
contrôle par l’Etat de leurs économies respectives. Le FMI
renforce ce contrôle étatique.
Ces
crises sont les produits du contrôle étatique sur les
économies et les monnaies à cours forcé. Elles sont
produites par les banques centrales en liaison avec les systèmes
bancaires à réserves fractionnaires.
Le
FMI fournit les pansements. Il soigne les blessures de manière
à ce que les économies contrôlées par les Etats
continuent à fonctionner et que le système de monnaie à
cours forcé perdure.
Quand
des difficultés économiques dues au contrôle de
l’Etat sur l’économie apparaissent, elles se traduisent
souvent par des difficultés monétaires, bancaires et touchent
la balance des paiements. Fréquemment, il existe une fuite de capitaux
et un déclin des prix des actifs. Le FMI constitue donc une
institution de reflation (inflation). Il peut devenir l’institution
centrale qui arrange des lignes de swaps émanant des banques centrales
ou d’arrangements financiers provenant des Trésors publics de
façon à renflouer un pays en difficultés.
Le
FMI est une institution des Etats, par les Etats et pour les Etats. En tant
que telle, il est fondamentalement contre le peuple et contre la
liberté.
Lors
du dernier sommet du G20, ses membres ont poursuivi la construction du FMI:
“Les
puissances économiques mondiales les plus importantes et le Fonds
monétaire International étudient la création d’un
filet de sauvetage financier international qui donnerait accès aux
divers pays à des fonds de liquidités importantes afin de
repousser les crises et de décourager les nations des pays
émergents de thésauriser les réserves
étrangères (devises).
Cela
constituerait une réorganisation significative des opérations
du FMI, parce que ces propositions transformeraient l’agence. Elle
passerait du statut d’une agence uniquement passive – qui attend
que les pays en difficultés lui demandent de l’aide- à
une organisation plus activiste qui essaie d’anticiper l’endroit
où une crise pourrait apparaître et devrait fournir à
cette zone suffisamment de liquidités pour calmer les marchés
et prévenir des problèmes plus graves.
L’idée
pourrait requérir une augmentation substantielle de la quantité
de monnaie que les pays promettraient de confier au FMI et une
libéralisation significative des règles de prêt
actuellement en vigueur, et potentiellement, des taux de changes
controversés.
Permettons-nous
une métaphore : Les systèmes bancaire et financier
mondiaux basés sur les monnaies à cours forcé et le
contrôle poussé des états mondiaux sur les
économies ont conduit le navire sur une barrière de corail. Les
efforts de sauvetage pour sortir
l’embarcation de cette barrière durent depuis plusieurs
années. Actuellement, les problèmes de la dette publique
gouvernementale apparaissent sur le devant de la scène.
Le
G20 recherche un truc pour que le système continue de fonctionner. Il
a bouché les trous depuis des années avec les accords de
Bâle et d’autres mesures. Les améliorations du FMI ont
été en préparation depuis des années. Et
actuellement, elles sont proches de leur phase de réalisation.
Si
le FMI et les Etats obtenaient ce qu’ils souhaitent, ils
contrôleraient complètement les taux d’échange et
les taux d’intérêts. Ils contrôleraient les
marchés de capitaux. Ils empêcheraient les investisseurs de
fixer une discipline de quelque sorte qu’elle soit sur les dettes
publiques et le déficit budgétaire.
Ajoutez
cet indicateur d’alerte à une longue liste d’autres
alarmes. Ajoutez ces doléances à une longue liste
d’autres doléances. Et quel est le résultat ? Elles
culminent en une nécessité de grands changements politiques.
De
grands changements politiques exigent souvent de grands changements dans les
idées politiques. Ce que de nombreuses personnes acceptent comme une
relation normale entre les individus et le gouvernement doit changer
grandement si on ne veut pas risquer le totalitarisme. La plupart des gens
sont respectueux du gouvernement et l’acceptent comme maître.
Cela doit changer si la civilisation doit survivre. Il n’existe tout
simplement pas d’alternative au gouvernement minimaliste et/ou à
l’autogouvernement. Cœurs et âmes, les gens doivent
répudier les structures corporatistes fascistes et socialistes qui
dominent leurs vies.
Les structures gouvernementales
établies s’orientent inexorablement dans des directions qui ont
été immunes à la déflection. Il n’y a
aucune possibilité de résister à ces
développements dans leur totalité si on veut éviter
l’esclavage. Elles ne peuvent pas être combattues au cas par cas.
Le système dans son entier doit être muselé.
Michael S. Rozeff
Michael S. Rozeff est professeur de finance
(à la retraite), il vit à East Amherst, New York. Il est
l’auteur du livre électronique gratuit Essays on American Empire. Il publie régulièrement ses
idées et analyses sur www.LewRockwell.com . Copyright © 2009 by LewRockwell.com.
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