Pour mémoire, le FMI
ou Fonds Monétaire International, se définit lui-même
comme « une organisation regroupant 185 pays qui travaille
à encourager la coopération monétaire internationale,
assurer la stabilité financière, faciliter le commerce
international, promouvoir le plein emploi et une croissance économique
durable et réduire la pauvreté ». Cette description
« fourre-tout » lui permet en essence de devenir une
institution de clearing officieuse de n’importe quelle politique
illicite que ses dirigeants ont intérêt à mettre en
œuvre et il ne fait aucun doute que ses membres les plus influents ont
historiquement dicté ce que la politique officielle du FMI allait
être.
Les Etats-Unis, bien
sûr, possèdent 17% des voix et sont dominants dans les votes du
FMI, aucun autre pays ne détenant plus de 6% des voix. Il est donc peu
surprenant que cette « organisation internationale »
soit typiquement tenue en otage par les désirs des banquiers et
politiciens américains, en particulier si l’on réalise
que les décisions majeures du FMI (y compris les propositions de
vendre de l’or) requièrent un vote de majorité à
85% pour passer. En d’autres termes, les USA peuvent opposer un veto
à n’importe quelle proposition de ce corps composé de 185
membres.
Quoi qu’il en soit, le
FMI détient en théorie 3 217 tonnes d’or (soit 103,4
millions d’onces) dont 88% (ou 2814 tonnes) ont été
acquises soit disant il y a plus de 30 ans, à la création du
FMI par décision de ses membres initiaux. Les 12% restants ou 403
tonnes (13 millions d’onces) ont supposément été
achetés dans des transactions « hors marché de
l’or » en 1999-2000 pour rembourser les crédits
rééchelonnés par le FMI.
Il ne devrait donc pas
être surprenant que le FMI soit aussi chargé de créer les
« règles officielles » de comptabilité
des réserves d’or de la Banque Centrale, créant ainsi une
échappatoire pour les banquiers et les politiciens US des
échelons supérieurs leur permettant d’influencer
grandement et finalement d’encourager la ruse de la
« politique de dollar fort » mentionnée
ci-dessus.
Les détails exacts des
politiques comptables de l’or du FMI, à la fois pour ses
(supposées) réserves propres et celles de ses pays membres ont
été, de manière peu surprenante, assez troubles. Mais il
est clair comme de l’eau de roche que de telles règles ont
permis aux réserves des banques centrales d’être
comptabilisées deux fois, créant l’illusion d’une
offre pas très différente de celle du volume de transaction du
Nasdaq, qui comptabilise deux
transactions pour chaque volume négocié, une pour
l’acheteur et une pour le vendeur. Sans oublier le fait, qu’en
dépit de des nombreuses ventes admises par la Banque Centrale durant toutes
ces années, la plupart des détenteurs majeurs d’or
(notablement les USA) n’ont jamais reporté de déclin dans
leurs réserves d’or.
En fait, un article de mai
2006 titré « traitement des swaps d’or et des
dépôts d’or (crédits) » a
été présenté à un comité du FMI
dédié au traitement comptable des réserves, et admettait
que les Banques centrales des membres du FMI « surestiment leurs
actifs de réserves parce que les fonds récoltés des
swaps d’or et l’or lui-même sont inclus dans les actifs de
réserve ».
Cependant, sous la pression
des enquêtes menées par Blanchard & Company (un
négociant en pièces qui a poursuivi JP Morgan et Barrick Gold
en 2003 pour manipulation du marché de l’or), le FMI a
reporté en janvier 2007 qu’il était en train
d’étudier des changements comptables possibles pour reporter les
crédits en or d’après les recommandations du groupe
d’experts techniques des actifs de réserve (RESTEG) qui
proposait que les comptes d’or non alloués détenus par
les « bullions banks » (banques spécialement
autorisées à négocier sur le marché de
l’or) soient exclues des actifs de réserve. En d’autres
termes, ils étaient en train de vérifier que les
réserves d’or prêtées étaient toujours bien
considérées comme des réserves officielles d’or et
recommandaient que les procédures de comptabilité en cause
soient modifiées.
En fait, en réponse
aux questions posées par Chris Powell,
secrétaire/trésorier du GATA en novembre 2008, un officiel du
FMI affirmait les choses suivantes:
“Les membres incluent leurs positions de réserves au sein
du FMI dans leurs réserves internationales.”
Ceci, bien sûr, valide
les accusations (parmi d’autres) de Blanchard et du GATA selon
lesquelles tout ce que vous lisez au sujet des réserves des banques
centrales est suspect, et bien moins attribuées aux réserves
d’or au FMI lui-même, qui de toute manière est retenu en
otage par les 17% de « droit de veto » des Etats-Unis.
Bien sûr, comme ces
recommandations ont été faites à la mi-2007, pas un seul
petit couac n’a été entendu sur ce problème,
apparemment c’est simplement une affaire classée.
L’inférence, bien sûr, est le peu de
crédibilité concernant les comptes du FMI.
Davantage de
données non connues, non vérifiées et non
auditées à propos du FMI
Au milieu de toute
l’agitation concernant les ventes potentielles d’or du FMI, il
faut auparavant comprendre quelques petites choses.
D’une part, la
nébulosité des règles de comptabilité de
l’or du FMI mentionnée ci-dessus opacifie la quantité
exacte d’or détenue par le FMI, en particulier parce qu’il
n’y a jamais eu d’audit de ces réserves depuis que
l’or y a été supposément transféré
en 1970 (et il n’est pas anodin que l’étalon or ait
été abandonné en 1971). Et, - quel choc ! -, les
réserves propres des Etats-Unis n’ont pas été
auditées depuis plus de 50 ans non plus.
Deuxièmement, selon
les règles du FMI, il n’y a que 403 tonnes d’or, comme
indiqué plus haut, qui sont éligibles à la vente
publique et non pas les 2814 tonnes qui doivent être maintenues pour
conserver le pourcentage des participations des nations membres.
Sans oublier que la politique
officielle du FMI affirme la chose suivante:
“L’or est un
actif sous-évalué et fournit une force fondamentale à
son bilan. Toute mobilisation de l’or du FMI devrait éviter
d’affaiblir sa position financière globale. Les positions en or
lui donnent une facilité de manœuvre opérationnelle tant
en ce qui concerne l’utilisation de ses ressources qu’en
augmentant la crédibilité de ses bilans prudents. Dans cette
perspective, les avantages des réserves d’or du FMI sont
passés à ses membres en général, tant à
ses créditeurs qu’à ses débiteurs. Le FMI devrait
continuer à détenir des quantités relativement larges
d’or parmi ses actifs, non seulement pour des raisons de prudence mais
aussi en cas d’événements inattendus. Le FMI a une
responsabilité systématique à éviter les
arrêts de fonctionnement du marché de l’or ».
Cette affirmation est tout
à fait sensée et reflète la croyance la plus probable de
la majorité. En dépit des 17% de veto des USA, les autres 184
membres du FMI ont 83% des votes et les chances sont très faibles pour
qu’ils soient en faveur de ventes d’or, en particulier les plus
pauvres, dont certains d’entre eux dépendent de l’exploitation
minière et ont un intérêt très limité
à ce que les cours de l’or, déjà très
déprimés ne soient encore plus martelés vers le bas.
De plus, une autre politique
affirmée du FMI est “d’agir d’une façon
édictée par ses membres, qui incluent tous les signataires de
l’accord de Washington » (c’est à dire de
l’accord sur l’or de la banque centrale ou CBGA) et de
« poursuivre dans « l’esprit » de cet
accord ».
Sous le CBGA (Central Bank
Gold Agreement- Accord sur l’or des banques centrales), qui permet
à ses nations membres (essentiellement tous les détenteurs
majeurs mondiaux d’or) de vendre collectivement 500 tonnes par an,
seulement 357 tonnes ont
été vendues durant l’année fiscale se terminant en
septembre 2008 et ces pays
n’avaient projeté de ne vendre que 150 à 200
tonnes pour l’année fiscale se terminant en septembre 2009.
Ventes
d’or du FMI- cinq années de rumeurs
Durant les sept années
passées, en fait depuis que le marché haussier de l’or
à commencé à accélérer sa course vers le
haut, les officiels du gouvernement américain ont constamment
poussé toutes sortes de rumeurs, de menaces et d’insinuations
pour forcer les cours de l’or vers le bas quelque soit la force avec
laquelle le mouvement en sa faveur avait commencé.
De retour en 2002-2004, quand
la tactique de diffusion d’une propagande de peur par Bush avait libre
cours, la rumeur numéro 1 quand le cours de l’or commença
à augmenter était « Bin Laden
capturé », « un proche de Bin Laden
capturé » ou bien encore « un proche de Bin
Laden bientôt capturé ».
Ces rumeurs circulaient comme
par magie seulement pendant les heures d’ouverture du COMEX et les
jours pendant lesquels le cours de l’or commençait à
monter subitement. Et quelque que soit le fondement imaginaire, et de
manière plus importante encore, quelque soit l’impact minime un
tel événement aurait du avoir sur le cours de l’or, le
cours de l’or était toujours atteint, anéantissant ainsi
la menace d’une envolée de l’or. Mais l’effet des
rumeurs sur Bin Laden s’atténua, comme a) sa capture n’eut
jamais lieu (et était loin de se produire) et que b) à un
moment donné, le public perdit de son intérêt pour Bin
Laden, probablement au moment où la bulle immobilière
commença à s’élargir.
Ainsi, les rumeurs concernant
Bin Laden furent remplacées vers 2005 par des rumeurs sur les
“ventes d’or du FMI”. De nouveau, de façon magique,
ces rumeurs refirent surface sur le marché presque chaque fois que la
progression du cours de l’or menaçait de
s’accélérer (toujours durant les heures d’ouverture
du COMEX) et à chaque fois, cela se traduisait par un
écrasement temporaire du cours de l’or.
En fait, un de mes
collègues contributeur au GATA a fait une enquête avec un moteur
de recherche sur « les ventes d’or du FMI » et
s’est retrouvé avec plus de 2200 hits, ce qui indique simplement
combien il y a eu de bavardages sur ce sujet en dépit du fait que a)
il ne s’est jamais produit et que b) il aurait un impact très
limité sur les cours de l’or s’il avait
véritablement lieu.
Toujours
la même vieille histoire
Il faut reconnaitre que le
seul « accomplissement » majeur du G20 a
été de produire une résolution d’émettre
mille milliards de dollars supplémentaires créés
à partir de rien !
Mais
en voici la fine fleur:
Le FMI possède en
théorie 3 217 tonnes d’or, estimées au prix courant
actuel à 92 millions de dollars, une goutte d’eau dans un seau,
comparée aux réserves en devises de la Chine de 2 000 milliards
(sans oublier le millier de milliards de billets imprimés comme
noté dans notre dernier paragraphe). Seulement 1% des réserves
de la Chine sont actuellement couvertes par l’or, et elle a
officiellement annoncé qu’elle comptait augmenter ses
réserves à un pourcentage proche des 10%. Pour ceux qui
auraient des difficultés en calcul, 10% de 2000 milliards, ça
fait 200 milliards ou plus de deux fois la totalité des stocks
d’or du FMI (en supposant qu’ils en possèdent
effectivement autant, ce dont je doute).
Je rappelle cependant, ce
sont seulement 403 tonnes d’or du FMI qui sont vendables et leur valeur
au cours actuel est de seulement 11,7 milliards.
Sans oublier que 85% des
nations membres du FMI auraient à approuver de telles ventes, dont de
nombreuses sont elles-mêmes des producteurs d’or ou des acheteurs
nets d’or ou des nations dont la population « prendrait la
Bastille » si, dans cette environnement, leurs dirigeants au
gouvernement donnaient leur accord pour vendre de l’or en
échange de dollars en papier-monnaie.
Par ailleurs, n’oubliez
pas qu’après les 8 134 tonnes (probablement imaginaires) en
réserve à Fort Knox, le numéro deux des banques centrales
propriétaires d’or est l’Allemagne avec 3 428 tonnes (les
possède t’elle vraiment ? ) qui a affirmé avec
véhémence l’année passée qu’elle ne
procèderait plus à aucune vente d’or.
Conclusion
Ainsi, pour résumer,
dans quelle mesure les ventes d’or du FMI sont-elles un tant soit peu
pertinentes?
Tout d’abord, ces 403
tonnes d’or, soit 11,7 milliards de dollars, ne constituent de toute
façon qu’une quantité infinitésimale, pas
même trois jours d’endettement du Trésor Public
Américain.
Et remarquons, ironiquement,
que cette somme correspond précisément au montant que Goldman
Sachs a distribué en bonus l’année dernière,
à quelques jours de la réception de 10 milliards de dollars de
TARP (Trouble Assets Relief Program- programme de sauvetage financier) de
leur ancien PDG, Hank Paulson.
Andy Hoffman
Andy Hoffman est
un analyste financier qui se consacre aux marches des métaux,
principalement l’or et l’argent.
Andy Hoffman est contributeur à 24hGold.com. Les
vues présentées sont les siennes et peuvent évoluer sans
qu’il soit nécessaire de faire une mise à jour. Les articles
présentés ne constituent en rien une invitation à
réaliser un quelconque investissement. L’auteur,
24hGold ainsi que toutes parties qui leur seraient directement ou
indirectement liées peuvent, ou non, et à tout instant,
investir ou vendre dans tous les actifs présentés dans ces
colonnes. Tous droits réservés par 24hGold.
|