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Le FMI veut prendre la main sur les politiques monétaires internationales

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Published : June 30th, 2014
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Category : Editorials

Le FMI s’est laissé bercer par l’impression monétaire incessante des banques centrales du monde destinée à établir des plans de sauvetage et à enrichir les détenteurs d’obligations, les investisseurs bancaires, les contreparties et bien d’autres investisseurs au travers de la création d’énormes bulles sur les actifs. Il s’aperçoit aujourd’hui que la Fed, qui est à l’origine de tout cela, pense fortement prendre du recul. Le voilà donc tracassé par les retombées que cela pourrait avoir sur le reste du monde.

Le renflouement des détenteurs de la dette des gouvernements est l’objectif premier du FMI. Ces détenteurs d’obligations sont généralement de grosses banques, et lorsque les choses se corsent, des hedge funds. L’ensemble de rapports et d’études et la bureaucratie qui les produit ne sont que de la garniture.

En échange de l’extension des prêts d’urgences accordés à certains détenteurs d’obligations, le FMI fait pression sur le pays endetté afin qu’il impose des « ajustements » à son peuple – habituellement des diminutions de revenus, de pensions, d’aides, d’assistance santé, et ainsi de suite, sans oublier des hausses de taxes qui touchent tout le monde sauf les élites. Ces ajustements sont aussi connus sous le nom de « réformes structurelles », et ont été affectueusement surnommés « austérité ».

Il existe d’autres solutions, comme par exemple laisser le marché faire son travail. Les détenteurs d’obligations qui ont bénéficié de cette entrée de revenus risqueraient alors de tout perdre pour avoir acheté ces obligations à haut risque. Les nations auraient à souffrir des conséquences des dépenses et des emprunts effrénés de leur gouvernement. Les gouvernements devraient avoir recours à des budgets plus restreints ou imprimer dévaluer leur devise jusqu’à ce que leur peuple les mettent à la porte.

Si le marché était autorisé à prendre la main, une grande partie de la dette disparaîtrait. L’élite qui la détient serait toujours l’élite, mais elle serait moins riche. Une poignée de banques pourraient s’effondrer. Mais plutôt que de laisser faire le marché, le FMI intervient, repousse les forces du marché, insère des contribuables internationaux, et voilà.

La Grèce est devenue l’exemple de cette stratégie. Elle est à l’origine de ses propres problèmes. C’est le pays le plus corrompu d’Occident. Elle a triché pour intégrer la zone euro, avec l’aide de Goldman Sachs, afin d’avoir accès à des quantités illimitées de dettes peu coûteuses – ou qui semblaient du moins l’être au départ.

Les détenteurs de la dette grecque auraient dû être forcés de faire face à leurs pertes. Les détenteurs du secteur privé ont obtenu une décote, mais la plupart des obligations se trouvaient entre les mains du système européen de banques centrales et d’autres institutions publiques, qui ont été renflouées. Les Grecs ont pu voir leur pays sombrer dans une dépression pendant six ans. Les plus chanceux ont souffert de diminutions de salaire et d’aides sociales, et d’une hausse des taxes. Les moins chanceux ont rejoint les rangs des chômeurs.

Le pays est désormais plus endetté que jamais. Le peuple a de grandes chances de souffrir de davantage de « réformes structurelles ». Le porte-parole Gerry Rice a tenté de donner une allure positive à la situation en déclarant vendredi dernier que le FMI supporte le « désir du gouvernement d’éviter toute diminution de salaires et de pensions ». Mais il y aura des réductions – afin d’éviter que les détenteurs d’obligations souffrent de pertes. Il a concédé que le FMI ait pu faire des erreurs, mais a refusé de s’en excuser.

L’institution a été dirigée par des politiciens français corrompus, et Christine Lagarde, qui en est la directrice à l’heure actuelle, est elle-même mêlée à une affaire de corruption en France. Elle aurait abusé de son rôle de Ministre des finances sous la présidence de Nicolas Sarkozy pour transférer 400 milliards d’euros de l’argent des contribuables à l’homme d’affaires controversé, Bernard Tapie. En 2011, elle est venue remplacer l’ancien directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, après qu’il se soit trouvé mêlé à des scandales peu savoureux aux Etats-Unis et en France.

Sous cette direction, le FMI se tracasse désormais des retombées que pourrait avoir la réduction de son programme de QE par la Fed et la possibilité de voir les taux d’intérêt passer de rien du tout à presque rien du tout – une possibilité qui depuis des années se trouve repoussée sur un calendrier mobile de dix-huit mois.

Lors d’une récente interview, Siddharth Tiwari, directeur de stratégie, de politique et de révision au FMI, a précisé que les problèmes liés au retrait des « politiques monétaires non-conventionnelles » - un euphémisme formel qui signifie QE, taux d’intérêt proches de zéro et répression financière – sont en haut de l’agenda du FMI.

Pour les économies développées qui ont mis en place de telles politiques, « la question est de savoir quand et comment » s’en défaire « en douceur », afin d’éviter que ce retrait ait des « répercussions dans le reste du monde » et au sein des pays qui l’adoptent.

Le FMI est empli d’euphémismes. Les « retombées » des changements de politique de la Fed, ou ses changements perçus de politique, sont le bruit assourdissant de succion qui retentira à mesure que les capitaux fébriles quitteront les marchés. Nous avons pu nous en faire une idée l’été dernier alors que les discussions autour de la réduction du QE de la Fed entraînaient la soudaine évaporation des capitaux fébriles. Les pays en développement répondent rapidement lorsque « les flux de capitaux et de devises deviennent plus volatiles », a-t-il ajouté. Pour eux, c’est un peu question « d’être ou ne pas être ».

Le FMI voudrait publier des rapports pour aider ces pays à devenir financièrement résistants et à « gérer ces retombées », a expliqué Tiwari. Le FMI leur a déjà demandé de mettre en place des solutions, ou devrais-je dire, vous avez deviné, des « réformes structurelles ». Des baisses de salaires, d’aides, de pensions, et ainsi de suite. Pour que les investisseurs se sentent soulagés à l’idée d’avoir acheté leurs obligations.

Dans son jargon bureaucratique mielleux, la situation a été présentée comme suit :

En effet, avec la possibilité de mise en place de politiques macroéconomiques favorables au sein de nombreux pays, des réformes structurelles sont nécessaires en tant que leviers politiques. Ces réformes structurelles peuvent prendre des formes diverses, comme la réforme des politiques du marché du travail, de l’éducation et de la santé, pour ne nommer qu’elles.

Les Grecs en savent long sur les « formes » que peuvent prendre ces réformes structurelles.

Le FMI, a-t-il ajouté, « adoptera une vision plus fondamentale de la manière dont devraient être conduites ces politiques une fois que les conditions seront normalisées ».

Tiens donc! Le FMI va maintenant dire quoi faire à la Fed – comme si ce n’était déjà pas suffisant que Goldman et Cie. se mêlent de ses affaires. Lagarde a partagé son point de vue : « La volatilité excessive des flux de capitaux et de devises, le resserrement des conditions financières pour les pays émergents et en développement, et les retombées subies par certains pays nécessitent toute notre attention ».

A moins que le FMI intervienne, la réduction du QE et la hausse des taux d’intérêt nous mènera semble-t-il à la catastrophe. Avec une « croissance globale qui laisse à désirer » et des marchés qui ont parfois tendance à être instables, comme nous avons pu le voir l’été dernier, Tiwari a insisté sur le fait qu’une « coopération soit nécessaire pour supporter la croissance » - il veut dire par là favoriser l’inflation – « et limiter les risques » - lisez : mettre fin à l’implosion des bulles sur les actifs.

Les génies de la Fed, du FMI et des autres piliers de la cabale financière n’ont-ils pas pensé à ces retombées, capitaux fébriles et bruits de succion assourdissants lorsqu’ils mettaient en place leur orgie d’impression monétaire et de répression financière ? Non ! Six ans plus tard, les voilà qui se tracassent soudainement. Et leur vision des choses semble bien plus sombre que l’optimisme délirant qui règne sur les marchés financiers.

Que se passe-t-il donc lorsque ces acheteurs aux ressources illimitées commencent à prendre du recul après un pic phénoménal ? Nous savons ce qu’il s’est passé en 2008… Je vous conseille de lire ceci : Last Time Corporate America Did This, The Stock Market Crashed


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