La nouvelle machine à endormir
de Johnson & Johnson promet des colonoscopies à prix cassé, mais les
anesthésistes, qui comptent parmi les mieux payés de tous les médecins, sont
loin d’en faire l’éloge. Une fois de plus, les robots viennent remplacer les
humains sur le lieu de travail.
Je vous conseille de lire cet
article publié par le New York Times : Robots vs. Anesthesiologists.
Les anesthésistes, qui comptent parmi les médecins les
mieux payés, se battent depuis longtemps contre ceux qui s’en prennent à leur
profession pour réduire les coûts hospitaliers. Aujourd’hui, ils font face à
un nouvel ennemi : les machines.
Un nouveau système, du nom de Sedasys
et conçu par Johnson & Johnson, permet l’automatisation de la mise sous
sédation des patients soumis à des tests de dépistage du cancer du côlon
appelée colonoscopies. Ces machines suffiraient à faire disparaître les
anesthésistes des salles d’examen, éliminant une importante source de revenus
pour ces médecins. Selon une étude menée par RAND Corp. A la demande de J&J,
plus d’un milliard de dollars est dépensé chaque année pour mettre sous
sédation des patients soumis à des colonoscopies qui, s’ils n’étaient pas
endormis, s’avèreraient douloureuses.
La participation d'un anesthésiste à ce type d’examen suffit
à faire grimper le coût de procédure de 600 à 2.000 dollars, selon une
recherche menée par JAMA Internal Medicine publiée en juillet.
Sedasys
ne coûterait que 150 dollars par procédure, et les hôpitaux n'auraient pas
besoin d’acheter de machine mais pourraient se contenter de payer des frais à
chaque fois qu’ils ont besoin d’y avoir recours. La somme de 150 dollars par
procédure suffirait à couvrir les frais de maintenance et d’opération, à l’exception
du coût des médicaments utilisés pour effectuer la mise sous sédation, qui ne
s’élèverait qu’à quelques dollars.
Alors que J&J se prépare à commercialiser son produit,
les anesthésistes donnent l’alarme. Selon eux, ces machines pourraient mettre
certains patients en danger, puisqu’elles utilisent un médicament puissant du
nom de Profopol qui pourrait être administré de
manière abusive. Ils s’inquiètent également de l’absence d’anesthésistes dans
les salles d’examen, qui pourraient poser problème en cas d’urgence.
Lors de la phase de tests préliminaires, aucun des 1.700
patients mis sous sédation par Sedasys n’a présenté
de complications, expliquait récemment Steven Shafer,
éditeur en chef du journal médical Anesthesia &
Analgesia, qui a participé au développement de la
machine. Selon lui, l’utilisation de Sedasys doit
être limitée aux patients qui présentent un bon état de santé et ne sont pas
à risque. Il a également ajouté que la machine dispose d’un système de
surveillance capable d’effectuer des ajustements rapides tels qu’une
augmentation de l’apport en oxygène.
‘C’est ce qu’un anesthésiste ferait’, a précisé le Dr. Shafer, professeur en anesthésie à l’université de Stanford.
J&J développe actuellement une autre machine qui
exclurait les anesthésistes d’une autre procédure courante qu’est l’insertion
de tubes dans les oreilles des enfants qui souffrent d’infections. J&J
espère que les médecins puissent un jour insérer ces tubes dans les oreilles,
les nez et les gorges des enfants grâce à un simple bouton, évitant ainsi le
recours à une anesthésie à l’hôpital.
Voici Sedasys, votre nouvel
anesthésiste
Le salaire annuel moyen d'un anesthésiste est de 286.000
dollars, et est selon PayScale.com le neuvième salaire le plus élevé chez les
médecins et le troisième chez les non-chirurgiens.
Le coût de leurs prestations est sur le point de changer.
Voici une photo de Sedasys, qui ne coûte que 150
dollars par procédure.
L’image est tirée de l’article J&J’s Sedasys
Puts Challenge to Anesthesiologists
publié par le Wall Street Journal.
Tout ce qui ne peut pas durer ne le fera pas. Et s’il est deux
choses qui ne le peuvent certainement pas, ce sont les coûts de l’éducation
et ceux des services de santé.
C’est avec les bras ouverts que j’accueille ces
changements. Ils ne peuvent être que bénéfiques, bien que les anesthésistes
ne voient pas les choses du même œil.