Je répondais il y a quelques
temps à l'un de mes lecteurs Britanniques, James, au sujet de
l’automatisation des exploitations agricoles. James m’expliquait qu’il n’avait
aujourd’hui plus besoin que d’un ouvrier pour effectuer le même travail que
25 ouvriers il y a quelques dizaines d’années.
Il m’a posé la question
suivante : ‘Si nous substituons 90% de la force de travail au cours de
ces cent prochaines années – et nous pourrions encore aller plus loin compte
tenu de l’évolution rapide de l’automatisation des tâches – comment les
consommateurs pourront-ils se permettre d’acheter des produits de base ?
Les pertes de postes semblent en voie d’excéder le développement de nouveaux
produits’.
Ma réponse à James
L’histoire nous indique que
l’innovation permettra à un moment donné de créer plus d’emplois.
Nous avons perdu des emplois
sur les exploitations agricoles mais en avons gagnés sur les lignes
d’assemblage. Puis nous avons perdu des emplois sur les lignes d’assemblage
pour en gagner sur le secteur de l’internet. Nous avons perdu des emplois sur
le secteur de l’internet et…
… Et je ne sais pas ce qui
arrive ensuite.
Je suppose que le secteur de
l’énergie créera des emplois, mais je n’en sais pas plus que quiconque.
Et si aucun emploi n’est créé,
alors j’imagine qu’une guerre éclatera.
Le futur obscur de l’emploi
Aussitôt que j'ai répondu à
James, j’ai reçu un autre courriel sur le même sujet. Un lecteur, Andrew, m’a
demandé de commenter l’article de ComputerWorld
intitulé Gartner's Dark
Vision for Tech, Jobs.
Les auteurs de science-fiction nous content depuis
longtemps le règne des machines sur les Hommes. Et c’est aujourd’hui aussi le
cas de la firme de recherche Gartner. La différence étant que Gartner, qui
offre des conseils en technologie aux plus grosses sociétés du monde, nous en
donne une date précise et conseille une action immédiate.
L'impact de l'innovation sur l'emploi est de plus en plus
ressenti. Le taux de chômage, aujourd’hui de 8%, ne peut que grimper. Des
manifestations de type Occupy Wall Street se
propageront dès l’année prochaine à mesure que les machines viendront
remplacer les travailleurs aux emplois spécialisés de la classe moyenne. Les
entreprises se verront confrontées à un gros dilemme à mesure qu’elles
observeront l’impact social de leurs actions.
Mais les machines ont remplacé les hommes depuis la
révolution agricole. Où est donc la nouveauté ?
A la suite des premières avancées technologiques, les gens
pouvaient apprendre d’autres métiers et ainsi améliorer leur niveau de vie.
Mais la révolution industrielle digitale, comme l’appelle la société
d’analyse, s’attaque aux emplois à tous les étages de la société. Les
machines intelligentes, par exemple, peuvent effectuer des tâches au point de
devenir des systèmes à auto-apprentissage.
Les robots sont maintenant capables de ‘détecter un cancer et de prescrire
des traitements’, expliquait Kenneth Brandt, analyste chez Gartner. Ces
machines ‘peuvent même apporter elles-mêmes leurs médicaments aux patients’.
Selon Gartner, tous les emplois s’en trouveront
affectés : les moyens de transport, le secteur de la construction, les
centres de stockage, les soins de santé… Les coûts de l’IT s’élèvent à 4% des
ventes de l’ensemble des industries. Il n’y a pas grand-chose à faire de ce
côté, mais le secteur de l’emploi représente une excellente opportunité de
réduction de coûts.
Les sociétés qui suivent cette tendance sont par exemple
Amazon, qui dépensait 775 milliards de dollars l’an dernier pour acquérir
Kiva Systems, une société qui confectionne des
robots utilisés dans les centres de stockage. Google est aussi en tête et
développe actuellement des voitures sans chauffeur. Selon Gartner, les
emplois les plus susceptibles de souffrir d’un remplacement par des machines
comprennent une série d’emplois de bureau sur le secteur des transactions, du
contrôle, des normes et des sciences.
Cette transformation affectera l’emploi. ‘le taux de
chômage deviendra important et persistant’, expliquait Brandt lors du
Symposium ITxpo.
La situation est-elle différente aujourd’hui ?
Est-ce que Gartner a raison ? L’histoire de
l’innovation nous met-elle en déroute ?
J’ai commencé à expliquer dès 2009 que nous devrions nous
attendre à un ‘taux de chômage structurellement élevé pendant plus d’une
décennie’.
L’histoire nous suggère que de nouveaux emplois seront
créés.
L’histoire de l’innovation peut-elle se tromper ? Les
nouveaux emplois arriveront-ils à temps ? S’ils ne le font pas,
l’histoire de la guerre nous assure un bien sombre avenir.
Il y a des optimistes et il y a des pessimistes, mais
lesquels ont raison ?