En
dépit d’une interdiction constitutionnelle formelle existant
à cette époque destinée, selon les pères
fondateurs de la nation américaine, que le dollar ne puisse pas
être convertible en or ou en argent, Abraham Lincoln fut forcé
en 1862 d’émettre la première tranche de ce qui allait
ensuite devenir les $ 450.000.000 de «Greenbacks »,
ou « billets verts » nécessaires pour
financer l’effort de guerre du Nord pendant la guerre de
Sécession.
Le
billet vert, le « Greenback »,
était une note de crédit. A la différence de la monnaie
américaine existante, il ne conférait aucun droit de
convertibilité en or. Ce qu’il offrait était une promesse
qu’à une date non précisée du futur,
l’émetteur – le gouvernement de Lincoln- les honorerait
d’une convertibilité dans une monnaie véritablement
convertible en or. Et évidement, ceci était une promesse vague,
fondée sur l’issue de la guerre, un fait qui
n’était pas méconnu de la population.
Lorsque
les soldats renvoyaient leurs billets verts chez eux, ils étaient
inférieurs en valeur aux billets couverts par l’or et un
différentiel de prix se créa selon le type de monnaie
utilisé. Au moment où l’on craignait le plus une guerre
longue et coûteuse, le crédit du gouvernement de Lincoln diminua
et le différentiel atteignit 3 :1. Ce ratio était
même flatteur pour le billet vert parce qu’il avait de
sérieux doutes sur l’or qui couvrait la monnaie elle-même
dont la convertibilité avait été suspendue pour
éviter que ses détenteurs ne saignent le Trésor à
blanc.
Mais
– et c’est un phénomène extrêmement rare- le
billet vert fut converti quelques 15 ans plus tard. Ce simple fait donne tort
à la croyance populaire selon laquelle « tout
système monétaire basé sur une monnaie-papier finit
obligatoirement par un désastre ». Au contraire, cet
exemple particulier était en quelque sorte un succès –et
en particulier pour ceux qui achetèrent
l’intégrité de leur gouvernement avec un bel escompte.
Nous
pourrions en conclure que le billet vert était une histoire propre
à réaffirmer la foi dans les systèmes de monnaie-papier,
mais ce serait trop simpliste. Un facteur significatif dans la convertibilité
fut la corruption. A cette époque, il n’existait pas de
délit d’initiés et pour ceux qui savaient que la
convertibilité de ce billet douteux était probable, la seule
action respectable était d’en acheter un peu. De fait,
l’une des raisons constitutionnelles pour une monnaie saine,
c’est en premier lieu d’éviter un conflit entre ceux
à qui la connaissance d’informations privilégiées
pourrait bénéficier sur le plan privé. Il est hors de
doute qu’au moment de la convertibilité, un paquet substantiel
de papier fortement escompté trouva sa route jusqu’aux officiels
et à leurs associés privés et commerciaux. Leur richesse
fut faite aux dépens collectifs de tous ceux qui avaient aidé
le papier alors qu’il chutait.
“Le billet vert cessa d’être
un moyen de paiement légal à cours forcé après
qu’un arrêt de la Cour Suprême l’ait jugé
comme étant une monnaie anticonstitutionnelle. Qui est l’homme
qui avait finalement mis fin à l’instrument finançant la
victoire du Nord ? C’était le même homme qui avait
œuvré à sa naissance. Car vous pouvez constater que le
Juge en chef de la Court Suprême n’était personne
d’autre que l’ancien secrétaire d’Etat au
Trésor, Salmon P. Chase ».
Finalement,
la convertibilité retrouvée du billet vert fut une
bénédiction ambivalente. Cette expérience
d’emprunt de l’Etat sous la contrainte fut un point important qui
encouragea la génération politique suivante à
s’embarquer au cours des années 1930 dans un financement du
déficit qui fut la cause d’une grande prospérité
privée mais aussi de la dette publique actuelle.
Paul Tustain
Bullionvault.com
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