Comme je l’ai déjà expliqué
récemment, le Japon est au premier plan des politiques monétaires
keynésiennes adoptées par les banques centrales. La Banque du Japon a non
seulement été la première à lancer des taux d’intérêt à zéro pourcent et un
assouplissement quantitatif, elle a également mis en place le plus important
programme d’assouplissement quantitatif de l’Histoire (un seul de ces
programmes représente plus de 25% du PIB japonais).
En revanche, ces quelques
derniers mois, le directeur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, a perdu
toute crédibilité sur les marchés. Mais soyons plus spécifiques :
1) Les marchés n’ont
grimpé que pour une journée après son annonce de taux négatifs.
2) Sa déclaration
selon laquelle les politiques monétaires de la Banque du Japon seraient « sans
limites » a échoué à générer une reprise du marché.
3) Les législateurs
japonais ont commencé à le critiquer ouvertement.
Pour ce qui concerne ce dernier
point, voyez cet article récemment publié par Bloomberg.
La Banque du Japon a pris un
mauvaistournant en adoptant cette année des taux d’intérêt négatifs, a
expliqué Takeshi Fujimaki, le banquier japonais devenu législateur de l’opposition
qui a le premier appelé à la mise en place de taux négatifs il y a vingt ans.
La décision d’Haruhiko Kuroda
d’imposer des intérêts à certains dépôts auprès de la banque centrale revient
à punir ceux qui possèdent l’argent qu’il a passé ces deux dernières années à
injecter dans l’économie. Et la Banque du Japon se retrouve coincée, parce qu’elle
ne sera pas capable de mettre fin à ses achats d’actifs une fois que l’inflation
sera installée, ce qui ne fera qu’aggraver l’effondrement à venir à mesure
que les rendements d’obligations grimperont, comme l’a expliqué le
législateur, âgé de 65 ans.
« La Banque du Japon
est coincé », explique Fujimaki, qui prédit un défaut du Japon depuis
déjà vingt ans, lors d’un entretien à Tokyo en février dernier. « Des
taux d’intérêt négatifs affaiblissent le yen et font gonfler l’inflation,
mais la Banque du Japon n’a pas le courage d’entrer en territoire négatif,
parce que cela ne ferait qu’expédier l’effondrement fiscal du pays. »
Source : Bloomberg
Comparons cela à un autre
article de Bloomberg écrit immédiatement après l’établissement de ses taux
négatifs par Kuroda, et avant qu’il devienne évident que le marché se soit
tourné contre lui :
Le magicien de la Banque
du Japon sort un autre lapin de son chapeau
…Pour ce qui concerne le
Japon, la décision osée du gouverneur de la banque centrale du pays, Haruhiko
Kuroda, montre jusqu’où la Banque du Japon est prête à aller pour mettre fin
à un malaise économique qui dure depuis des décennies. Depuis qu’il a pris
ses fonctions en 2013, Kuroda a poussé les politiques monétaires jusqu’à
leurs limites au travers d’un programme agressif d’assouplissement quantitatif
et d’achat d’actifs qui a porté les bilans de la banque à presque
trois-quarts de la taille de l’économie. Le yen a perdu plus de 20% contre le
dollar.
Source : Bloomberg
Kuroda, autrefois magicien, est
aujourd’hui « coincé ». Pas étonnant que ses tentatives d’influencer
le yen à la baisse (ligne noire) et de forcer le Nikkei à la hausse (ligne
bleue) aient échoué.
Même d’anciens économistes du
FMI admettent que le Japon est proche du gouffre.
Le Japon avance tout droit
vers une crise de la solvabilité à mesure que le pays perd ses investisseurs
locaux et se retrouve forcé de faire gonfler sa dette en tant que politique
de dernier recours, a récemment expliqué l’un des économistes les plus
influents au monde.
Olivier Blanchard, ancien
économiste en chef au FMI, a expliqué que les taux d’intérêt négatifs ont
déguisé les dangers inhérents à la dette publique japonaise, qui devrait atteindre
250% du PIB du pays avant la fin de l’année, et continuer de gonfler.
Source : Telegraph
La situation est plus
significative que beaucoup se l’imaginent. Le Japon a lancé le premier des
taux d’intérêt proches de zéro en 2000. Voilà donc quinze ans qu’il
expérimente avec les politiques monétaires adoptées par les autres banques
centrales du monde après 2008.
Si la Banque du Japon perd le
contrôle de son système financier, il ne sera qu’une question de temps avant
que la même chose arrive aux autres banques centrales. Nous avançons vers un
effondrement systémique.
Attachez vos ceintures.
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