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Le Marché est-il le Dieu des libéraux ?

IMG Auteur
 
Published : March 01st, 2012
471 words - Reading time : 1 - 1 minutes
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Il est une idée reçue dont le cou mérite d’être tordu une bonne fois pour toutes. Les libéraux croiraient au Marché comme certains croient en Dieu, et pour le libéral, ce Dieu Marché et sa main invisible feraient invariablement advenir le bien sur terre, dans la grâce de la concurrence libre et parfaite.


Non, le libéral n’attend pas du marché un monde idéal et sans problèmes. En fait, il n’attend tout simplement pas de monde idéal du tout. Pas plus du marché que de la régulation.


Il considère en revanche que la complexité du monde est telle, que la somme des acteurs dans la liberté de leurs choix est plus à même d’appréhender cette complexité que le plus clairvoyant des planificateurs. Et il en déduit que la bonne marche des choses sera vraisemblablement plus entravée que garantie, par l’action du régulateur.


En ce qu’il rapproche le plus grand nombre d’acteurs, de producteurs, de consommateurs, d’investisseurs, et en ce qu’il nait de leurs décisions et de leurs contrats, le marché est simplement une expression du réel. Dans une certaine mesure, la régulation est un refus de ce réel. Et comme le constatait Lénine sur son lit de mort avec la lucidité de la fin, « les faits sont têtus ».


En parasitant le marché pour le contraindre à l’idée qu’il se fait de ce qu’il devrait être, le régulateur génère des mouvements de marché qui n’ont de pertinence qu’à l’aune de son action (de subvention ou de taxation) et non d’un lien réel avec l’offre, la demande, ou la rareté de telle ou telle ressource. S’il y a cycle, c’est donc du fait du déni de réalité du régulateur, qui lutte contre le réel jusqu’à ce que ce déni explose, et purge les mauvais investissements : En gonflant une bulle, puis en la regardant éclater.


Certes, la société connaît parfois des enthousiasmes qui peuvent être déçus, mais de façon marginale, et rapidement ajustés par le marché. C’est justement le respect des mouvements du marché qui constitue ce gant de crin permanent et qui permet d’opérer en continu les ajustements nécessaires.


Alors bien sûr, l’adaptation permanente ne dispense pas de certaines difficultés. Mais en  permettant à certains secteurs de l’économie de résister trop longtemps au marché, la régulation garantit le plus souvent leur mort violente, le jour où elle ne suffira plus à financer le déni qui l’a éloigné du réel.


Accepter le réel, c’est d’ailleurs parfois accepter la faillite. Et être individuellement responsable de la réussite ou de l’échec de ce que l’on entreprend est en réalité la régulation la plus efficace. C’est sans doute là le cœur de l’éthique libérale. Et c’est bien contre cette acceptation parfois douloureuse du réel que les politiques brandissent si régulièrement la morale. Pourtant, il faut le répéter, refuser la faillite, c’est se tromper de morale.

 

 

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