Par Suzi
Ring, Liam Vaughan, et Nicholas Larkin
Bloomberg News
Mardi 21 janvier 2014
http://www.bloomberg.com/news/2014-01-21/cent...gold-fix-sai...
Les banques considèreraient
actuellement un remaniement du point de référence londonien utilisé depuis un
siècle par les bijoutiers, les sociétés minières et les banques centrales
pour acheter, vendre et évaluer le métal précieux.
Les cinq banques qui
supervisent ce que l’on appelle le fixing de Londres - Barclays Plc, Deutsche
Bank AG, Bank of Nova Scotia, HSBC Holdings Plc, et
Société Générale SA – ont formé un comité chargé de consulter des firmes
externes qui pourraient les aider à en améliorer le processus. La source de
ces informations a demandé de rester anonyme, parce qu’elles n’ont pas encore
été rendues publiques.
Le fixing du prix de l’or est
un rituel qui remonte à 1919. Les représentants des cinq banques membres
peuvent passer de quelques minutes à plus d’une heure au téléphone à discuter
achats et ventes d’or. Cette méthode s’est retrouvée sous les projecteurs ces
derniers mois, alors que les régulateurs de Londres, Bonn et Washintgon – qui s’intéressent déjà à la manipulation des
taux d’intérêts et des devises – commençaient à s’intéresser à la manière
dont les prix sont fixés sur le marché.
Bien que les investisseurs n'aient pas sous-entendu que le
fixing du prix de l’or puisse être manipulé, économistes et intellectuels ont
décrit le système comme étant dépassé, vulnérable aux abus et manquant de
supervision régulatrice directe. Deutsche Bank, le plus gros émetteur de
prêts en Allemagne, a déclaré la semaine dernière qu’elle prévoyait de se retirer
du système de fixation des prix de l’or et de l’argent.
Ces discussions autour du
fixing de Londres font surface alors que les autorités s’intéressent à une
liste de scandales de plus en plus longue dont la manipulation des taux de
référence financiers comme le London interbank offered rate, ou LIBOR, les devises et l’ISDAfix, qui est utilisé pour évaluer les produits
dérivés des taux d’intérêts.
A l’occasion de conférences
téléphoniques à 10h30 et 15h, les firmes déclarent combien de barres d’or
elles désirent vendre et acheter au prix actuel, en se basant sur les ordres
de leurs clients et leurs propres comptes. Ce prix est augmenté ou baisse
jusqu’à que ce que les achats et les ventes ne diffèrent que de 50 barres, ou
652 kilos. Les traders restent en contact avec leurs clients pendant l’appel
et enregistrent de nouveaux ordres d’achat ou de vente à mesure que le prix
change. Ces informations sont disponibles sur le site internet de London Gold
Market Fixing Ltd., où sont publiés les résultats
du fixing.
Bloomberg News reportait en
novembre les inquiétudes des traders et des économistes face à l’avantage
injuste des cinq banques te de leurs clients, puisque les informations
échangées par téléphone leur permettent d’avoir un aperçu du futur du prix de
l’or. En cours d’appel, les banques peuvent placer des paris sur les marchés
au comptant et de produits dérivés.
Les cinq banques propriétaires
du fixing de Londres, qui fixent le prix de l’or, considèreraient aujourd’hui
améliorer le processus fixé par la législation de l’Union européenne pour la
régulation des prix de référence et de leur supervision. L’une des options
qui s’offrent à la Commission européenne, le bras exécutif de l’UE, serait
d’abolir la conférence téléphonique et de baser le prix de l’or sur une
moyenne des échanges sur le marché au comptant sur une période donnée. Le
Parlement européen réfléchirait aujourd’hui à la question.
Le régulateur allemand des
marchés financiers, Bafin, a interrogé les employés
de Deutsche Bank à Francfort dans le cadre d’une enquête sur la manipulation
potentielle des prix de l’or et de l’argent. En Grande-Bretagne, le Financial
Conduct Authority observe
également comment les prix sont fixés sur le marché de l’or. Selon un article
publié par Bloomberg en novembre, lors de réunions privées qui se sont tenues
l’an dernier, la Commodity Futures Trading
Commission, qui régule les produits dérivés aux Etats-Unis, aurait demandé
une révision du mécanisme de fixation des prix.
Les personnes les plus proches
de l’enquête qui ont été citées dans les divers articles ont refusé de dire
ce sur quoi portent les enquêtes et si les régulateurs suspectent des
manipulations. Aucune agence de régulation n’a encore lancé d’enquête
formelle.
Ila Kotecha,
porte-parole de Société Générale, et Vincent Domien, trader de métaux
précieux pour le président du fixing de Londres, ont refusé de se prononcer.
Nick Bone,
porte-parole pour Deutsche Bank, Aurélie Léonard de chez Barclays et Shani Halstead de chez HSBC Londres ont refusé de commenter.
Joe Konecny, porte-parole pour la banque Nova-Scotia, basée à Toronto, n’a pas retourné les messages
laissés sur le répondeur de son numéro professionnel et celui de son
portable, et n’a pas répondu à un mail réclamant de plus amples informations.
Deutsche Bank a annoncé la
semaine dernière qu’elle se retirerait du mécanisme de fixation des prix de
l’or et de l’argent dans le cadre de la réduction de ses affaires liées aux
marchandises. Elle continuera d’assister au fixing jusqu’à ce que sa place
lui soit achetée.
L’or cet après-midi :
Selon CPM Group, une société
de recherches basée à New York, environ 19,6 trillions de dollars d’or ont
circulé globalement en 2012. Cet après-midi, le prix de l’or était fixé à
1.238 dollars par once. Le prix de l’or livrable, qui est échangé pendant la
journée, était de 1.241,26 à 16h26 heure de Londres.
Le prix de l’or a perdu 28% l’an dernier, sa plus grosse perte depuis 1981,
alors que certains investisseurs perdaient confiance en le rôle de valeur de
réserve du métal.
Le London Bullion
Market Association a déclaré en novembre qu’il
comptait réviser son mécanisme de fixation du prix de l’or pour s’assurer à
ce qu’il soit conforme aux règles fixées par l’Organisation internationale
pour les commissions des valeurs mobilières, et pensait à fixer si possible
le prix de l’or sur les ‘échanges observables’.