Tous
ceux qui chercheraient à savoir à quoi ressemblera la prochaine crise
devraient jeter un œil à ce qui se passe aujourd’hui en Europe.
L’Europe
est au cœur de l’implosion de la bombe de la dette, non pas parce que sa
dette est la plus importante, mais parce qu’elle est, économiquement comme
politiquement, en fin de vie.
Quelques
dix-neuf pays partagent la devise unique, et ils sont tous engagés, à divers
degrés, dans une forme de socialisme (le secteur public représente un employé
sur trois en Allemagne, qui est dite être une économie de marché libre), et
son tous plus ou moins sans le sou : même la dette de l’Allemagne est de
plus de 200% de son PIB.
En
ce sens, l’Europe nous offre un avant-goût de ce qui se passera lorsque la
vraie crise fera son apparition, et que l’élite politique et financière
risquera de perdre son pouvoir et sa richesse.
Nous
sommes passés par là à de nombreuses reprises au cours de ces trois dernières
années. Les cas les plus notoires ont concerné l’Espagne et Chypre. Les
évènements se succèdent généralement comme suit :
1)
Des problèmes se présentent.
2)
Des officiels politiques et financiers annoncent que le problème a été réglé et
qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter.
3)
Des mois plus tard, le marché et les médias grand public se rendent à
l’évidence… généralement quand le problème s’est déjà transformé en crise et
qu’un jour férié bancaire doit être annoncé.
4)
Les investisseurs individuels perdent énormément d’argent, alors que ceux qui
se trouvent à l’origine du problème ne sont pas licenciés, ne font pas
l’objet d’une amende ou d’une peine de prison ; n’admettent jamais
l’étendue du problème ; et pensent toujours pouvoir le régler.
Prenons
par exemple l’affaire Bankia.
Bankia est née en 2010 de la fusion de sept
banques espagnoles régionales en banqueroute.
Cette
nouvelle banque a été financée par le fonds de sauvetage du gouvernement
espagnol… qui a reçu des « actions préférentielles » en échange de
plus de 4 milliards d’euros de financements (fournis bien entendu par les
contribuables).
Ces
actions préférentielles offraient des rendements de 7,75%, et seraient payées
par les contribuables si Bankia venait à se déclarer
en banqueroute. Le gouvernement espagnol a donc utilisé l’argent des
contribuables pour se procurer des traitements préférentiels en comparaison
aux autres investisseurs (et contribuables).
Ces
investisseurs qui ont acheté des actions aux sept banques qui ont fusionné
ont tout perdu.
Bankia est devenue publique en 2011. Les
banquiers d’investissement espagnols ont convaincu le public que la banque
était une excellente opportunité d’investissement. Plus de 98% des actions
ont été vendues à des investisseurs espagnols.
Un
an plus tard, Bankia était de nouveau en
banqueroute, et a eu besoin du plus gros plan de refinancement de l’histoire
de l’Espagne : 19 milliards d’euros. L’Espagne a pris (encore une fois)
le contrôle de la banque, et les actions de Bankia
ont été gelées sur le marché (personne ne pouvait plus les vendre).
Au
moment du plan de refinancement, les actionnaires de Bankia
ont été obligés d’enregistrer de très grosses pertes. La grande majorité de
ces investisseurs étaient des particulier, pas des gens de Wall Street ou de
son équivalent européen (Bankia fait actuellement
l’objet de poursuites, avec plus de 140.000 dossiers de vente abusive).
Deux
banqueroutes, en autant d’années.
La
banque est de nouveau devenue publique en mai 2013. Une fois de plus, les
actions de la banque se sont effondrées, et ont perdu 80% de leur valeur en
quelques jours. Une fois de plus, ce sont les investisseurs ordinaires qui
ont été écrasés.
La
situation a tant dégénéré qu’un officier de police a poignardé un banquier de
Bankia qui lui avait vendu plus de 300.000 euros
d’actions (le banquier l’avait convaincu qu’il s’agissait d’un excellent
investissement).
Bankia fait aujourd’hui l’objet d’une demande
de compensation pour dommages, et risque d’avoir à payer entre 200 et 250
millions d’euros aux investisseurs qui ont acheté ses actions pendant le
placement initial de ses actions sur le marché. Bien entendu, ce paiement est
basé sur des standards qui sont au mieux dilués et dans le pire des cas frauduleux
(il s’agit, encore une fois, d’une banque qui a ruiné ses clients trois fois
en trois ans), alors qui sait ce qui pourrait se passer ?
Bien
que certains détails concernant cette affaire soient uniques, les leçons à en
tirer peuvent être appliquées à l’ensemble de l’économie et des finances.
Moralités :
1)
Ceux qui sont en charge de la gestion du système mentent, trichent et volent
plutôt que de se montrer honnêtes face à ceux qu’ils devraient protéger
(investisseurs individuels et publics).
2)
Tout problème financier qui fera surface sera combattu par la fraude et le
mensonge plutôt que par le renvoi ou l’emprisonnement des responsables.
3)
Lorsque l’effondrement inévitable se présentera, ce seront des investisseurs
individuels et le public qui se feront avoir, pas les banquiers et les
politiciens).
4)
Le problème sera prolongé autant que possible, peut-être même sur plusieurs
années, et les individus ne pourront rien y faire.
Voilà
ce que nous réserve l’avenir.
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