Selon le Silver
Institute 2015 Interim Report très récemment publié, le monde fait
actuellement l’expérience d’une douzième année consécutive de déficit net
d’argent. Cela peut paraître assez surprenant, parce que le Silver Institute
lui-même rapportait un léger surplus en 2014. En revanche, ce petit surplus
s’est transformé en déficit après révision des chiffres de la production
minière et de la demande sur l’année.
En observant le
graphique ci-dessous (qui présente les chiffres de l’année dernière), des
déficits ont été rapportés jusqu’en 2013, après quoi un surplus est apparu en
2014.
Il s’agit là du
graphique numéro 48 publié dans le Silver chart Report
un peu plus tôt cette année. A en croire ces chiffres, le monde aurait
souffert d’un déficit net cumulé de 930 millions d’onces d’argent au cours de
cette dernière décennie (2005-2014). Cette balance nette est calculée grâce
aux données publiées par Thomson Reuters GFMS pour le Silver Institute.
Elle est obtenue par la
soustraction de la demande totale à l’offre totale, et se trouve sous
l’intitulé « Physical surplus or deficit figure ». Sont ensuite
ajoutés ou soustraits à ce surplus ou déficit physique les flux nets
enregistrés par les ETF sur l’argent et les stocks des marchés. On obtient
ainsi ce que l’on appelle une balance nette. La balance annuelle nette d’argent
prend également en compte la hausse ou le déclin des stocks d’argent des ETF
et des marchés.
Bien que Thomson Reuters
GFMS ait rapporté un léger surplus d’argent physique en 2014, le chiffre ne
pouvait qu’être révisé à la baisse. Pourquoi ? Parce que mon analyse
montre que la production minière a été surestimée, et la demande
d’investissement sous-estimée.
Thomson Reuters GFMS a
par exemple rapporté une production mexicaine de 193 millions d’onces
d’argent sur l’année, alors que mes propres chiffres, tirés de l’INEGI mexicain
et présentés dans le graphique numéro 8 du Silver chart Report, indiquent 184,2
millions d’onces. L’INEGI vient de réviser la production mexicaine pour 2014
à 185,3 millions d’onces.
Le
monde a enregistré douze années consécutives de déficits nets d’argent
A en croire les données
rapportées par le Silver Institute’s 2015 Interim Report et le 2014 World
Silver Survey, le monde a enregistré douze années consécutives de déficits
nets d’argent :
Note : le chiffre
pour 2015 devrait indiquer « estimations 2015 ». Je suis d’avis que
le déficit net de 21,3 millions d’onces estimé pour 2015 sera plus important
encore une fois que les chiffres auront été révisés. Je reviendrai sur le
sujet en détails dans de futurs articles, mais je pense que la demande en
barres et pièces a été largement sous-estimée.
Ceci étant dit, le petit
surplus net de 2,6 millions d’onces enregistré en 2014 s’est transformé en un
déficit de 21,3 millions d’onces après révision de la production minière à la
baisse de 877 à 865 millions d’onces, et de la révision à la hausse de la
demande en barres et pièces, qui est passée de 196 à 203,5 millions d’onces.
Ces deux révisions ont représenté la majorité de l’écart de 23,9 millions
d’onces.
Le déficit annuel cumulé
enregistré entre 2004 et 2015 représente plus d’un milliard d’onces d’argent,
1.021 millions d’onces pour être exact. C’est beaucoup d’argent. D’où vient
ce déficit, et est-il réellement important ?
Quand
les bases fondamentales de l’argent ont-elles de l’importance ?
C’est la question que se
posent de plus en plus d’investisseurs sur les métaux précieux. Je le sais,
parce que c’est une question qu’on me pose sans cesse par email.
Malheureusement, les bases fondamentales ne nous fournissent pas le moment
exact où nous devrions les étudier, mais nous présentent la tendance en cours
qui elle nous offre des indices importants.
Voici un extrait du
Silver Institute 2015 Interim Report sur la question des déficits
physiques :
Le marché de l’argent
devrait enregistrer un déficit annuel de 42,7 millions d’onces sur l’année
2015, faisant de l’année en cours la troisième année consécutive au cours de
laquelle le marché a réalisé une pénurie physique. Bien que ces déficits
n’influencent pas nécessairement les prix sur le court terme, plusieurs
années de déficits peuvent imposer une pression haussière sur les prix. Cette
année en revanche, les flux sortants nets enregistrés par les stocks des ETF
et des marchés ont réduit l’impact du déficit physique, pour porter la
balance nette à -21,3 millions d’onces.
Souvenez-vous que le
déficit physique de 42,7 millions d’onces pour 2015 n’inclue pas le déclin
net des stocks nets des ETF et des marchés, qui en septembre 2015 était de
21,4 millions d’onces.
Il n’en est pas moins
que ce qui est important ici soit la phrase « plusieurs années de
déficits peuvent imposer une pression haussière sur les prix ». Ce qui
est intéressant, et n’est pas discuté dans le rapport, c’est que les déficits
nets se poursuivent maintenant depuis douze années consécutives, une fois
inclus les stocks des ETF et des marchés.
Les stocks accumulés par
les ETF de 2006 à 2010 a dû provenir de l’offre d’argent physique sur le
marché. Selon le Silver Institute, l’accumulation totale d’argent physique
par les ETF a été de 569 millions d’onces sur la période de cinq ans.
D’où provient donc ce
déficit de plus d’un milliard d’onces enregistré au cours de ces douze
dernières années ? C’est littéralement une question au trillion de
dollars. Je suis d’avis qu’il soit issu d’une source connue sous le nom de
« stocks en existence non-déclarés ». Bien qu’il s’agisse pour
beaucoup d’une estimation faite par des sources officielles, elle n’a cessé
de chuter depuis les années 1990.
Le CPM Group a décrété
que les « stocks en existence non-déclarés » ont atteint un record
de 2,2 milliards d’onces (chiffre approximatif) en 1990 avant de plonger
jusqu’à atteindre 200 millions d’onces en 2014. Cette baisse des stocks
non-déclarés a pu compléter les déficits annuels et venir alimenter les
stocks des ETF au cours de ces 35 dernières années.
Bien qu’il soit
impossible de savoir quelles quantités d’argent provenant des stocks
non-déclarés peuvent encore être utilisées pour supplémenter les déficits
futurs, elles sont certainement moins importantes qu’on pourrait le croire.
Le segment du marché de l’investissement sur l’argent qui a subi le plus
lourdement l’impact de la baisse de 60% du prix de l’argent est celui des
ETF.
Comme je l’ai expliqué
plus haut, entre 2006 et 2010, les ETF ont accumulé 569 millions d’onces
d’argent. En revanche, entre 2011 et 2015, la croissance nette des stocks des
ETF s’est affichée à 18,2 millions d’onces. Que se serait-il passé si le prix
de l’argent avait continué de grimper entre 2012 et 2015 ? Les
investisseurs se seraient tournés vers les ETF pour faire grimper leurs
stocks globaux. Cette hausse, en parallèle à celle de la demande en barres et
pièces, aurait mis à rude épreuve les stocks existants non-déclarés.
Même si le sentiment sur
les marchés est aujourd’hui au plus bas, les investisseurs doivent se rendre
compte que rien n’a été réglé sur les marchés financiers globaux. Oui, les
marchés ont été soutenus par la Fed et les banques centrales pendant plus
longtemps que nous aurions pu le croire, mais l’effondrement de la plus
grosse combine à la Ponzi que le monde ait jamais connu continue sa course.