Le monde perdu de la relique barbare

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From the Archives : Originally published February 25th, 2014
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Le fait que les détracteurs de l’or fassent référence au métal comme à une relique barbare alors que l’abandon de l’or est la raison pour laquelle la civilisation telle que nous la connaissons aujourd’hui est aux portes de l’extinction est sans aucun doute l’une des grandes ironies de l’Histoire.


L’étalon or qui a si bien servi les économies Occidentales tout au long du XIXe siècle est entré en collision avec un mur de briques en 1914 et ne s’en est jamais relevé. L’Europe est passée de la prospérité à la destruction, ou plus précisément de la prospérité de certains à la destruction d'autres, à mesure que la guerre s’est développée. L’étalon or a dû être abandonné pour que les guerres mondiales puissent avoir lieu.


Si l’or avait été une monnaie, puisque les guerres coûtent cher, comment un tel scénario aurait-il pu se développer ?


Premièrement, les gens ont été habitués à utiliser des substituts monétaires plutôt que de la monnaie réelle – des billets de banque plutôt que des pièces d’or contre lesquelles ils pouvaient être échangés sur simple demande. Les gens trouvent plus pratique de transporter du papier dans leurs poches que des pièces d’or. C’est pourquoi les billets ont fini par être perçus comme une monnaie, et que l’or a été relégué au rang de monnaie gênante du passé.


Deuxièmement, les banques ont pris l’habitude d’émettre plus de billets et de dépôts que leur or le leur permettait et ont de temps à autres porté le public à penser que leurs billets représentaient des promesses qu’elles n’étaient pas capables de tenir. Les cours se sont associées aux banques en leur permettant de suspendre le rachat de leurs billets tout en poursuivant leurs opérations, renforçant ainsi l’alliance des gouvernements avec les banques. Puisque selon les cours, les dépôts appartenaient en réalité aux banques, les banquiers ne pouvaient être accusés de détournement. Les paniques bancaires furent interprétées telles des prophéties. Si les gens qui faisaient la queue pour retirer leur argent pensaient que leur banque était insolvable, il ne se passait pas longtemps avant qu’elle le devienne. La plupart des gens ne savaient pas que les banques prêtaient une majeure partie de leurs dépôts, et ils ne savaient pas que le système bancaire de réserve fractionnaire, une forme de contrefaçon, était la norme.


Notez qu’un contrefacteur n’est pas un criminel parce qu’il imprime ses propres billets, il est criminel parce que les billets qu’il imprime ne représentent pas de monnaie réelle bien qu’elle soit acceptée comme telle. Exposer la criminalité d'un contrefacteur est le rôle premier des pouvoirs publics.


La capacité des billets à être échangés contre de l’or impose une limitation au système de réserve fractionnaire. De telles limites ne sont pas bien vues des banques. Puisque les banques peuvent prêter au gouvernement, elles signifient que les dépenses du gouvernement sont limitées. Le gouvernement n’apprécie pas non plus la limitation représentée par la capacité des billets à être échangés contre de l’or.


Ce qui nous amène au mur de brique contre lequel s’est fracassé l’or.


Se préparer à la guerre revient à se préparer à l’inflation


Dans son livre de 1949 intitulé Economics and the Public Welfare, l’économiste Benjamin Anderson écrit :

« La guerre de 1914 a été un choc brutal, non seulement aux yeux du peuple Américain, mais aussi aux yeux des Américains les plus informés – et d’une majorité d’Européens. [Ch. 2]

L’Allemagne, la Russie et la France ont commencé à accumuler de l’or avant la guerre – l’Allemagne ayant commencé la première en 1912. De l’or fut pris enlevé des mains du peuple et confié vers la Reichsbank, la banque centrale Allemande. Les gens se virent ensuite distribuer des billets de papier pour remplacer l’or jusqu’alors en circulation.


Lorsque la guerre éclata en août 1914, comme l’explique Gary North, la politique de rédemption fut…

…indépendamment mais presque simultanément révoquée par les gouvernements Européens… Ils ont tous eu recours à l’inflation monétaire. C’était là un moyen de cacher au public le coût réel de la guerre. Ils ont imposé une taxe sur l’inflation, et ont ensuite pu blâmer les hausses de prix sur des manipulations antipatriotiques. Cela a pu se produire en raison de l’ignorance des gens pour les effets et les causes de l’inflation monétaire et de celle des prix. Ils n’auraient pas pu le faire si leurs citoyens avaient pu demander l’échange de leur monnaie pour des pièces d’or à taux fixe, parce qu’une panique bancaire se serait développée. Les gouvernements n’auraient pas pu alimenter l’inflation sans revenir sur leur promesse d’échanger leurs devises contre des pièces d’or. Ils sont donc revenus sur leur promesse quand ils avaient encore de l’or. Mieux vaut briser un contrat trop tôt que trop tard. »


Sans briser leur promesse, les gouvernements auraient eu à négocier leurs différents plutôt que de se lancer dans le conflit (à l’époque) le plus meurtrier de l’Histoire. L’abandon de l’étalon or, qui a toujours été sous le contrôle des gouvernements plutôt que du marché libre, a été le facteur décisif de la guerre.


Bien que les Etats-Unis n’aient pas formellement abandonné l’or durant leur participation tardive à la guerre, ils ont découragé la rédemption des billets de banque tout en doublant la masse monétaire. Voici un extrait de War and Inflation, de Blanchard Economic Research:


‘Pendant la première guerre mondiale, les Américains n’étaient pas volontaires pour financer l’effort de guerre au travers d’une hausse des taxes. C’était aussi vrai au cours de la Guerre Civile, et l’a aussi été pour la seconde guerre mondiale et la guerre du Vietnam. Une grande partie des dépenses de la première guerre mondiale ont été financées par la hausse inflationniste de la masse monétaire’. (Voir ‘American Economic History’, Scheiber, Vatter et Faulkner)


Wikipédia : le manque en action


Il est plus qu’étrange que les articles de Wikipédia sur la première guerre mondiale et l’étalon or n’établissent pas de connexion entre une devise sujette à l’inflation et la guerre. Dans l’article sur l’étalon or, Wikipédia stipule qu’avant ‘la fin de 1913, l’étalon or classique était à son apogée, mais que l’arrivée de la première guerre mondiale a poussé les pays à l’abandonner’. C’est totalement faux. Les gouvernements avaient le choix entre mener une guerre meurtrière ou conserver l’étalon or. Ils ont choisi la guerre. Les dirigeants Américains trouvaient cette décision irrésistible. C’est n’est pas JP Morgan, Woodrow Wilson, Edward Mandell House et Benjamin Strong qui ont combattu dans les tranchées.


La guerre n’était bien entendu que la première des catastrophes qui ont découlé de l’abandon de l’or. Dans son article sur le XXe siècle, Wikipédia nous explique que les ‘termes tels qu’idéologie, guerre mondiale, génocide et guerre nucléaire’ sont entrés en usage à cette époque. Il n’était pas non plus rare d’entendre parler de ‘devises fiduciaires, banques centrales, réserve fédérale, dette et accommodation’, mais l’article ne fait aucune mention de ces derniers.


Il est vrai que l’étalon or ne puisse pas fonctionner lorsque le gouvernement cherche à anéantir une population ou à en contrôler une autre. L’or est une monnaie honnête, une valeur échangée contre une autre, mais les gouvernements ne sont pas honnêtes par nature, parce qu’ils obtiennent leurs ressources du vol et de l’intimidation. Au vu de ce dont nous avons été témoins depuis l’abandon de l’or, il est difficile d’imaginer un humanitaire honnête percevoir le métal jaune comme barbare.


Lorsque nous entendons parler d’abandon de l’or comme condition requise pour la paix et l’harmonie entre les hommes, rappelons-nous d’endroits comme le Cimetière Américain de Meuse-Argonne, où les pierres tombales s’étendent à perte de vue. Ce sont les tombes de jeunes hommes morts pour les mensonges des politiciens. L’or ne voulait rien avoir à faire avec le massacre. Mais les politiciens et les banquiers savaient que la monnaie fiduciaire avait la capacité de les accommoder.





Conclusion


John Maynard Keynes, qui est à l’origine du terme ‘relique barbare’, a écrit ceci au sujet du monde qui a été perdu suite à l'abandon de l'étalon or :

« Quel épisode extraordinaire du progrès économique est apparu à la fin du mois d'août 1914!... Les habitants de Londres pouvaient commander par téléphone depuis leur lit, une tasse de thé à leur chevet, les produits de la terre entière dans quelques quantités que ce soit, et en attendre la livraison sur leur palier dans des délais respectables. Ils pouvaient réserver en avance leur transport vers d’autres pays ou d’autres climats sans passeport ou formalité, pouvaient envoyer leurs servants auprès de la banque locale pour qu’ils y retirent autant de métal précieux que nécessaire, et pouvaient se rendre à l’étranger sans que mention soit faite de leur religion, de leur langue ou de leur coutume. Mais plus important encore, ils percevaient cela comme normal, certain et permanent, et voyaient toute déviation comme aberrante et scandaleuse. »

Si Keynes avait relu ce qu’il a écrit, il aurait pu devenir un meilleur économiste. Et nous pourrions vivre dans un monde meilleur aujourd’hui.


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